La dernière déclaration faite par Adolphe Muzito- le coordonnateur en exercice de Lamuka – continue de susciter des vagues de réactions dans l’opinion.
Beaucoup d’analystes politiques qualifient les propos de l’ancien premier ministre (2008-2011) de populistes, mais inefficaces voir dangereux pour rétablir la paix dans la région.
« (…)Il faut faire la guerre au Rwanda pour rétablir la paix dans la région et l’annexer au Congo. Le Rwanda influe sur la politique congolaise. L’Ouganda aussi(…) », c’est en ces termes que le nouveau Coordonnateur de Lamuka s’est exprimé lors de sa 1ère sortie – en conférence de presse – ce lundi 23 Décembre 2019, à Kinshasa.
Les propos de l’ancien premier ministre sous le règne de Joseph Kabila sont commentés dans tous les sens.
En effet, après la réaction de Jean-Pierre Bemba Gombo et Moïse Katumbi – tous deux sociétaires de Lamuka comme Muzito – qui se sont officiellement désolidarisés de ces propos, en invitant leur camarade d’y revenir, certains analystes politiques parlent d’un discours « populiste » de la part d’Adolphe Muzito. Un discours loin de contribuer efficacement la restauration de la paix ni dans la région des grands lacs et moins encore pour la RDC.
L’ancien premier ministre n’en est pas resté là, car dans son intervention, il a incité publiquement le pouvoir de Kinshasa de déclarer la guerre au Rwanda: » Nous ne pouvons faire la paix qu’en menaçant le Rwanda, en occupant son territoire, si possible annexer le Rwanda », a-t-il renchéri au cours de sa conférence de presse.
Réagissant à ces propos sur son compte twitter, Seth Kikuni – l’un des candidats malheureux au dernier scrutin présidentiel de décembre 2018 – déclare : » Le point de vue de Muzito démontre qu’il n’appartient pas au 21e siècle. Une vraie honte pour la nouvelle opposition. Du Rwanda et de l’Ouganda, nous avons besoin de trois choses: la reconnaissance des crimes commis; des excuses officielles et des indemnités aux familles des victimes de l’Est. Il est temps qu’il aille en retraite », a-t-il renchéri.
» A vouloir trop bien faire pour » apporter sa touche », ainsi le dit souvent son porte-parole Steve Kimvwata, je pense n’avoir pas écorché son nom, M. Muzito commet des gaffes dont il ne mesure pas des conséquences », a dit Émilien Bagaza , proche de Lamuka.
Il faut dire que cette conférence de presse intervient à la veille du déplacement de plusieurs personnalités de Lamuka à Beni pour compatir aux malheurs des populations meurtries pendant plus de deux décennies de guerres et des tueries assimilées au génocide dont plusieurs rapports internationaux pointent la responsabilité du Rwanda , de l’Ouganda et du Burundi à travers les rebelles ADF, FDLR et FNL *issus* de ces trois pays.
Jean K. MINGA – le consultant de politiquerdc.net – s’étonne de voir M. Muzito proposer la solution qu’il s’est interdit l’usage alors qu’il était le chef du gouvernement plusieurs années durant. « Ces propos sont – ni plus ni moins – populistes et séducteurs, mais d’une efficacité zéro », pense-t-il.
Pour sa part Delly Sesanga estime : « la guerre contre les voisins n’est ni un discours ni une vision d’avenir. La vocation de la RDC est d’être une puissance forte au service de la paix et de la stabilité de l’Afrique. L’enfer ce ne sont pas les autres. Ce sont les turpitudes internes qui ns placent en deçà des enjeux « , a-t-il réagi dans son compte Twitter.
Alors que pour José Kadima, coordonnateur du cercle de réflexion Section Bleue : « le paradigme réaliste des relations internationales préconisé par Adolphe Muzito face au Rwanda dénote d’une vision politique en contradiction avec les grilles de lecture de l’ordre public international post guerre froide et avec son propre pèlerinage auprès de la communauté internationale », a-t-il écrit dans un forum WhatsApp.
Alain St. Bwembia