La rencontre entre Felix-Antoine Tshisekedi et ses partisans vivant au Royaume-Uni venait à peine de se terminer que les réactions pleuvent en RDC.
Dans son intervention, le président s’est laissé entraîner dans une déclaration bouleversante, mais surtout inattendue dans les différents milieux politiques , particulièrement dans le camp du FCC – la principale force politique au pouvoir – en ce début d’année 2020 . Félix Antoine Tshilombo a évoqué la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale au cas ou « certains » le pousserait à le faire.
« Je n’ai pas besoin de créer une crise en RDC. Mais visiblement, il y en a qui veulent me pousser à bout et faire que je puisse dissoudre l’Assemblée nationale. S’ils multiplient des crises, ils vont me pousser à cette décision », a déclaré le président congolais lors de son adresse ce dimanche 19 janvier devant ses partisans au sein de la communauté congolaise au Royaume-Uni, à Londres.
Cette déclaration du numéro 1 congolais est différemment commentée dans les réseaux sociaux.
Pour le professeur de droit à l’Université de Kinshasa et député national Sam Bokolombe, la question de dissolution ne relève pas que du président de la République.
« Pas si certain, Fatshi, ça ne relève pas de votre pouvoir discrétionnaire. La crise causale de la dissolution , c’est entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, pas entre coalisés. Lire l’article 148 de la constitution. Ba kosa yo te(ndlr : qu’on ne vous trompe pas) », a fait savoir ce membre de Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi sur sa page Facebook.
Une réaction similaire est venue de la part de Idi Omari India, l’un des communicateurs du FCC.
Ce dernier pense que le président de la République aurait oublié qu’à part une crise ouverte entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, il faudrait préalablement recueillir les avis des présidents de l’Assemblée nationale, du sénat ainsi que du premier ministre.
« Le président de la République oublie qu’à part une crise ouverte entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, il faut que le président de l’Assemblée nationale, le président du sénat et le chef du gouvernement donnent leurs avis et puis, la constitution dit avant de viser ces procédures, il faut que le parlement mette en place une loi-cadre quant à ce. Je crois il y a une carence à la présidence d’un véritable conseiller politique spécialisé en cette matière », a écrit ce cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), à travers un forum WhatsApp. Ce dernier s’interroge par ailleurs si le président de la République a des conseillers qui sont forts et qui lui disent la vérité, car estime -t-il, la sortie médiatique du chef de l’Etat est pleine des germes de conflits.
« (…) Attention de parler avec des émotions à l’étranger et à ce rang, en principe, les conseillers devraient lui rappeler au rendez-vous de la sagesse (…), a poursuivi ce communicateur bien connu du public Kinois.
Le discours de Félix Antoine Tshisekedi n’est pas critiquée que dans les milieux politiques, mais aussi au sein de la société civile.
Le journaliste Steve Wembi, par exemple , rappelle au chef de l’État l’une de ses ordonnances encore en souffrance.
« L’ordonnance nommant Baba Kyungu à la SNCC est encore en souffrance, mais le chef nous promet de dissoudre le parlement », rappelle-t-il sur sa page Facebook .
Loin de spéculer sur la suite des événements, la sortie médiatique de Félix Antoine Tshisekedi risque en tout de lui créer plus d’ennuis que de sympathies politiques.
Il convient de noter que l’article 148 de la constitution en vigueur en RDC, stipule ce qui suit :
En cas de crise persistante entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, le président de la République peut , après consultations du premier ministre et les deux présidents de l’Assemblée nationale et du sénat, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale.
À ce jour, les deux chambres du parlement et le gouvernement de la République sont dirigés par les membres du FCC de Joseph Kabila.
Jean Médard LIWOSO