Maintes fois aperçu à côté du président de la République dans certaines rencontres privées, l’opposant camerounais Akéré Muna – avocat de profession – intègre dorénavant le cabinet de Félix Antoine Tshisekedi. À première vue, son rôle est inconnu du grand public, mais d’après JeuneAfrique de qui provient l’information, l’homme a été rappelé par le chef de l’État congolais afin de lui apporter son expertise, notamment en matière de la lutte contre la corruption.
C’est une initiative qui tombe à point nommé au moment le pays connait actuellement la saga judiciaire liée à la corruption et détournement de plusieurs millions de dollars américains dont certains principaux et présumés détourneurs se recrutent dans le cercle du président de la République, ainsi qu’en témoigne la détention depuis le 8 avril dernier, de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du chef de l’État.
Le hic est que la nouvelle recrue du locataire de la cité de l’OUA est précédée d’une réputation peu glorieuse. Il traîne un passé sulfureux pour avoir été condamné dans une affaire de Faux et usages de Faux dans son pays.
D’après JeuneAfrique – dans sa livraison datant d’octobre 2018, Akéré Muna – c’est le nom de l’intéressé – a été condamné au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle de 2018.
A en croire notre confrère, un tribunal de Yaoundé avait jugé et déclaré Akéré Muna coupable de « dissimulation de procédures » et « Faux et usages de Faux » dans le cadre d’une affaire de gestion de l’héritage familial. Il avait ainsi été condamné à trois ans de prison, avec sursis pendant 5 ans.
Ancien bâtonnier du barreau de Cameroun, Akéré a été vice-président de l’ONG américaine Transparency International. Il est donc connu pour son combat dans la lutte contre la corruption.
Mais au-delà du pouvoir discrétionnaire du chef de l’État de recourir au service de quiconque – suivant les besoins ressentis – nombre de citoyens se posent la question de l’opportunité de recourir à une expertise étrangère alors que le pays regorge de cadres scientifiques aptes d’apporter leur contribution dans l’accompagnement de la vision politique du président de la République ?
Est-ce une question de déficit de confiance de la part du chef de l’État vvis-à-vis des nationaux? Est-ce un problème d’absence de ressources intellectuelles requises dans le pays ?
Ce sont autant de questions auxquelles seul le chef de l’Etat – le recruteur de l’opposant camerounais – détient les réponses.
À moins que le recrutement d’un étranger – au passé judiciaire chargé – ait été entrepris pour des raisons autres que celles liées de la lutte contre la corruption.
Déjà, au chapitre de réactions, Noël Tiani – l’ancien candidat à la présidentielle de 2018 en RDC – conçoit très mal cette démarche du président Congolais.
« Dans ma vision d’un grand Congo, il faut valoriser les compétences nationales et ne faire recours aux services des étrangers que lorsqu’on ne peut pas trouver des congolais capables de faire le même travail. Sinon, recourir aux étrangers coûte cher inutilement au pays », a -t-il tweeté.
N’empêche, sachant qu’en Afrique tous les moyens sont bons pour éliminer un concurrent de la course à la magistrature suprême, l’on ne devrait pas écarter l’hypothèse selon laquelle la condamnation de l’avocat camerounais ait été politiquement téléguidé, pense Jean K. Minga, consultant à politiquerdc.net.
Condamnation à caractère politique ou pas, la question de son recrutement au cabinet présidentiel reste entière!
Jean Médard LIWOSO