Après plus de 13 heures d’audition des témoins et renseignements dans le procès des travaux du programme d’urgence des 100 jours du chef de l’État, la quatrième audience de cette affaire vient de se terminer ce jeudi 4 juin 2020.
En effet, l’audience de ce jour, a été marquée par la déposition de quelques ministres du gouvernement Bruno Tshibala, le gouverneur de la banque centrale du Congo, les experts et conseillers du chef de l’état Félix Antoine Tshisekedi; mais aussi de l’épouse et la belle-fille du prévenu Kamerhe ainsi que du comptable principal de la Présidence.
Il s’est agi pour le tribunal d’être éclairé sur le contexte d’élaboration et d’exécution du projet d’érection des maisons préfabriquées, attribué à la société Samibo et Husmall, toutes appartenant au prévenu Jammal.
Si pour le gouverneur Déo Grâce Mutombo et le ministre honoraire des finances Henri Yav Mulang, un plan de décaissement de 57 millions de dollars avait été effectué au profit de la société Samibo, le comptable principal de la présidence a affirmé avoir remis plus d’un million de dollars – fonds reçus auprès de la banque centrale du Congo – au chargé d’export et import de la présidence pour les formalités de dédouanement des véhicules et autres accessoires de la présidence au port de Matadi . Une autre somme de plus d’un (1) million de dollars reçue par le même comptable a été remise au ministre John Tumba alors conseiller à la présidence pour le dédouanement des conteneurs des maisons préfabriquées destinées à quelques sites de la capitale congolaise.
66 millions 700 mille dollars
Il sied de noter que l’audition de ce jeudi a été argumentée et mouvementée par le témoignage du conseiller principal du chef de l’État en charge des questions économiques et financières, Marcellin Bilomba.
Ce dernier – sous un ton assez particulier – s’est montré très critique au sujet de la conception et réalisation du programme d’urgence de 100 jours du chef de l’État.
Pour lui, ce programme dont il n’appréciait pas l’opportunité aura été exécuté dans un contexte de tripatouillage et de détournement des fonds.
« On aurait pu passer par l’appel d’offres pour recruter les soumissionnaires et faire les choses de la manière professionnelle », a-t-il déploré, avant de poursuivre :
» je m’insurge contre la politique consistant à abuser le quitus du président en mal. Même si on a le quitus du président, on pouvait faire les choses autrement… »
Pour ce conseiller, la banque centrale du Congo aurait débloqué au total une somme de 66 millions 700 mille dollars au profit de la société Samibo.
Cependant, le document brandi par lui a été tout de suite contredit par la défense de Jammal, estimant que celui-ci était dépourvu d’en-tête de la banque centrale du Congo et de la signature, mais aussi du sceau de l’institution financière du pays.
La défense a même estimé qu’il faille retourner le gouverneur de la banque centrale du Congo et le ministre des finances afin recueillir leurs réactions par rapport à ce document.
Le tribunal devra donc apprécier s’il faudra faire venir à nouveau le gouverneur de la banque centrale du Congo, le ministre honoraire des Finances et les autres témoins à comparaître à l’occasion de la prochaine audience qui sera essentiellement consacrée aux plaidoiries des différentes parties, le jeudi 11 juin prochain à 9heures.
En attendant, la prochaine audience, les prévenus Kamerrhe et Jammal continueront à comparaître en étant detenus à la prison centrale de Makala, leur requête de mise en liberté provisoire ayant été rejetée pour la énième par le tribunal.
À présent que l’instruction est terminée, il n’est exclu qu’ils bénéficient de régime de liberté assortie de restrictions ou sous caution. Mais à ce stade d’instruction du dossier, on peut affirmer que tout n’est pas encore perdu ni gagné à l’avance par le prévenu Vital Kamherhe, le directeur de cabinet du chef de l’État.
Rédaction