Arrivé au pouvoir dans un contexte de contestation électorale, Félix Antoine Tshisekedi était attendu sur certaines questions pour marquer la différence de son régime et son indépendance vis-à-vis de celui de son prédécesseur.
Au-delà des aspects socio-économiques de la vie des citoyens, le volet politico-judiciaire ou sécuritaire reste au cœur des préoccupations de l’opinion. De timides actes ont été certes posés, mais le chemin reste encore long.
Au nombre d’actes à l’actif du président Tshisekedi, on ne peut oublier la libération de certains prisonniers dont Diomi Ndongala ou encore Franck Diongo. Dans la foulée, l’attention de l’opinion était suspendue à la libération des présumés assassins de Laurent-Désiré Kabila. Vain espoir!
Ce jeudi 31 décembre 2020, au moment où on s’y attendait le moins, le président a pris une série d’ordonnances dont celle accordant la grâce aux assassins de Laurent Désiré Kabila. Serait-ce l’un des signes forts de l’affrachissement du chef de l’État vis-à-vis de Joseph Kabila, son prédécesseur? Oui.
Comme le larron sur la croix, la population criait au début de son mandat : « s’il est (Félix Antoine Tshisekedi) vraiment président qu’il gracie Eddy Kapend »
Celui-ci a été condamné à mort pour assassinat de Laurent Désiré Kabila, après un procès expéditif, entouré de plusieurs zones d’ombre et décrié par les organisations de droit de l’homme. Il va désormais recouvrer sa liberté, 19 ans après.
Eddy Kapend a bénéficié, avec certains autres prisonniers dans cette sombre affaire de la grâce présidentielle. Ils étaient jugés coupables en 2001 pour crime d’assassinat contre l’ancien président Laurent-Désiré Kabila.
L’énigmatique aide de camp qui n’a cessé de clamer son innocence, bénéficie de cette grâce présidentielle avec plusieurs autres co-accusés. Notons que depuis leur condamnation, on enregistre plus de 10 décès parmi les condamnés au procès de Laurent Désiré Kabila.
Félix Antoine Tshisekedi marque un point au compteur de ses actes de rupture avec son ex-allié Joseph Kabila, mais d’autres chantiers restent en souffrance.
Le seul à exercer le pouvoir à l’ombre de son prédécesseur, Félix Tshisekedi doit encore fort ramer pour s’affranchir définitivement de l’ombrageux Kabila et le pousser irrémédiablement vers la sortie de l’arène politique; à défaut de le juger pour des crimes politiques et économiques commis pendant son règne, estiment certains congolais. L’ancien président étend encore – à l’image de la pieuvre – ses tentacules sur les structures politiques et économiques du pays. Il faut le conduire à lâcher prise.
Félix Tshisekedi y arrivera-t-il? Ce n’est pas impossible, mais l’avenir nous edifiera. En attendant, les proches d’Eddy Kapend vont savourer la joie de retrouver le chef de famille au foyer.
Alain St. Bwembia