Les hommes en uniforme prêtent serment de servir la nation sous les drapeaux.
Si certains pays rendent les honneurs aux militaires et policiers tombés dans le champ d’honneur ou morts en services commandés, il n’en est pas vraiment le cas dans plusieurs autres Etats, particulièrement en Afrique, notamment en RDC.
La dernière scène macabre montrant les soldats congolais – faute d’alternative et de cercueil – jetant les corps de leurs collègues tués dans le crash de l’hélicoptère est encore fraîche et surtout déplorable. Et ce n’est pas un cas isolé.
En effet, si lors de la deuxième République, celle du Maréchal Mobutu, être un homme d’arme était une fierté et suscitait des vocations dans la jeunesse zaïroise, aujourd’hui l’armée congolaise semble être plus que l’ombre d’elle-même.
Le régime de Joseph Kabila surtout et dans une moindre mesure celui de l’AFDL ont tout fait pour écorner le prestige de l’armée, à l’exception du groupe hégémonique des Tutsi rwandais.
Les choses ont-elles changé depuis l’alternance au sommet de l’État?
À ce jour, de sources militaires qui ont requis l’anonymat avancent le chiffre de 850 corps des militaires décédés et enchevêtrés dans les tiroirs des differentes morgues sur toute l’étendue du territoire national, faute des moyens financiers pour l’inhumation. Ce chiffre ne répertorie que les éléments ayant perdu la vie dans les grandes agglomérations et pourvues d’endroits de conservation des dépouilles.
Rien que dans la capitale Kinshasa, on dénombre pas moins de 500 corps des éléments ayant été appelés sous le drapeau, dans les morgue, affirme notre source.
Les 350 autres sont repartis à travers d’autres coins de la république et se trouvent dans les conditions indignes pour ceux qui ont sacrifié leur vie pour la Nation.
Cette indifférence condamnable est-elle imputable aux seuls ministres Sele Yalaghuli des finances et Ngoy Mukwena, son collègue de la défense, tous deux du FCC?
La politique du Front Commun pour le Congo étant en perte de vitesse, peut-on croire que les deux ministres chercheraient à inciter les Forces Armées de la République Démocratique du Congo à la révolte ? Ces derniers jours, dans les réseaux sociaux, des écrits évoquant l’abandon de l’armée par le pouvoir de Félix Antoine Tshisekedi, sont nombreux.
N’empêche, les démarches menées par la haute hiérarchie militaire pour inhumer ces hommes tombés dans les combats, par la maladie et pour des raisons diverses demeurent infructueuses.
Pendant ce temps, les bruits des bottes de l’armée rwandaise résonnent à nos frontières orientales, et les militaires congolais sont en alerte de guerre permanente, dans les zones où l’insécurité est persistante, particulièrement à l’Est du pays. Il est donc impérieux que la situation du soldat congolais soit considérée comme une urgence nationale.
Le président de la République et tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir dans le domaine doivent faire de la question du soldat congolais une affaire priorité.
Félix Antoine Tshisekedi et la Représentation nationale sont donc appelés à s’impliquer, non seulement pour offrir des obsèques dignes aux hommes d’armes, mais aussi et surtout à améliorer leurs conditions de vie. Servir la patrie sous le drapeau devrait susciter des vocations et non désintéressé la jeunesse du pays.
Comment une armée comme les FARDC peut-elle manquer un service funéraire, sans cimetière privée alors que la République Démocratique du Congo regorge des vastes étendues vides et inoccupées?
Alain St. Bwembi