En RDC, la liberté d’expression est en voie d’extinction. Ce constat concerne aussi bien les hommes que les organes de presse. Les cas d’abus de pouvoir ne font que prendre de l’ampleur, particulièrement dans certaines provinces démembrées.
Les Gouverneurs se prennent pour de petits dieux et se comportent en toute insularité vis-à-vis de quiconque affiche la moindre indépendance d’esprit, fût-elle en conformité aux lois de la République. Rendant normative la loi du plus fort la et agissant comme si le pays était une jungle, les chefs des exécutifs provinciaux se croient tout permis.
Le Sud-Ubangi figure au nombre des provinces victimes de ces pratiques moyenâgeuses où la volonté et les caprices du prince forment l’arsenal juridique contre lequel tout contrevenant s’expose aux traitements inhumains et dégradants par les autorités locales. C’est aussi le cas dans la province voisine de la Mongala où certains journalistes et nombre d’autres individus épris de justice sont régulièrement frappés de sanctions illégales.
À titre d’illustration et pour la énième fois, le ministre provincial chargé de communication et médias du Sud-Ubangi venait de marcher contre la liberté de presse.
A en croire une source qui s’est confiée à votre média en ligne, c’est sur ordre du gouverneur Jean-Claude Mabenze, que le ministre provincial en charge de communication et médias du Sud-Ubangi, M. Jobe Lungu Homela, a ordonné sans aucune forme de procès via un arrêté, la suspension d’émission et de diffusion de la station de Radio Liberté Gemena – la propriété de l’ancien vice-président de la République Jean-Pierre Bemba Gombo – une des sous stations provinciales du groupe des médias CCTV-RALI.
Le ministre provincial reproche à ce média des « nombreux dérapages » constatés dans la diffusion d’une émission faisant passer – d’après lui – de la « démagogie contre les autorités provinciales ». Par cet acte, l’auteur est à la fois juge et partie, mais il n’en a cure!
« (…)Est suspendue, à titre conservatoire, d’émission et de diffusion la station Radiophonique dénommée « Radio Liberté Gemena » , RALIG, en sigle, sur toute l’étendue de la province du Sud-Ubangi avec effet immédiat », lit-on dans l’arrêté signé par le ministre provincial.
La vérité est que la Radio Liberté Gemena a été fermée depuis ce mardi. Cette situation risque de susciter la révolte de la population locale, si on y prend garde, font savoir plusieurs sources locales.
Première station provinciale du Sud-Ubangi, en terme d’audimat, la Radio Liberté Gemena constitue une référence au niveau local, par rapport au contenu du programme qu’elle propose quotidiennement au public.
L’émission « parole aux auditeurs » fait partie des programmes qui insupportent les autorités provinciales. Et pourtant, c’est la même Radio qui vulgarise l’essentiel des activités du gouvernement provincial.
Il est donc grand temps que le gouvernement central prenne ses responsabilités pour remédier à ces dérives dictatoriales destinées à maintenir la population dans l’ignorance.
Contacté par politiquerdc.net, Junior Ambeke, directeur et chef de station de CCTV – RALI Gemena, tout en dénonçant le caractère illégal de la décision du ministre provincial, envisage de déposer un recours ce jeudi auprès du ministre et des instances décisionnelles locales pour lever cette mesure.
En attendant, un appel est lancé à l’endroit des organisations de défense de la liberté de presse et de toute la corporation journalistique afin de s’investir pour dénoncer le caractère arbitraire des actes en passe de s’installer progressivement à l’arrière-pays, en l’occurrence dans la province du Sud-Ubangi.
Quand on n’a rien à cacher ou à se reprocher, on ne s’agite pas face à la lumière.
Nous y reviendrons !
Constant Mohelo Zoro