Jamais un Inspecteur Général des Finances ne s’est mis autant au-devant de la scène politico-médiatique en République Démocratique du Congo que Jules Alingete.
En effet, censé mener ses enquêtes sur la gestion des finances publiques en toute discrétion, c’est plutôt tambour battant et devant la presse que le numéro 1 de l’inspection Générale des Finances livre les fruits de ses enquêtes, jetant souvent en pâture l’honneur de certaines personnalités visées par les investigations de cet organe de l’État rattaché à la Présidence de la République.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase n’est autre que son intervention abondamment relayée à travers les réseaux sociaux.
Les propos de l’IGF, Jules Alingete, auraient visé les membres d’une grande institution du pays. Et il aurait déclaré que tous les voleurs et corrupteurs se cacheraient au Sénat. « Les voleurs se seraient organisés pour se protéger contre toute poursuite éventuelle de la justice (…) », avait-il déclaré , en réponse à une question lui posée par la presse , pour savoir pourquoi certains acteurs visés dans les différents rapports de l’IGF ne semblent pas être inquiétés malgré toutes les preuves accablantes.
Ces propos ont provoqué une vague d’indignation et de revolte dans la chambre haute du Parlement et ont fait bondir le Sénateur José Makila Sumanda qui, à travers une motion d’information lors de la plénière du lundi, 29 mars 2021, a marqué sa désapprobation à ces propos qui dénote d’un manque de respect d’un fonctionnaire de l’État à l’égard de la deuxième institution de la République.
« Les articles 12 et 62 de la constitution nous renseignent que nul n’est censé ignorer la loi et nul n’est au-dessus de la loi. Chers collègues, l’IGF est un Haut fonctionnaire de l’État qui est astreint au devoir de réserve, en vertu de la déontologie et du code d’éthique professionnelle. On ne peut pas se mettre à qualifier toute une chambre du Parlement de voleurs », a dénoncé cet élu des élus du Sud-Ubangi.
Pour le Sénateur José Makila, l’IGF Jules Alingete devra répondre de ses propos outrageants contre la chambre des Sages.
« Comment peut-on jeter de l’opprobre sur notre chambre et espérer que nous nous taisions? On ne parle pas d’un individu, mais du Sénat, la chambre de sagesse et de prestige.
Il faudra saisir le Procureur général de la République parce que nous n’accepterons pas cela. Moi, j’ai travaillé pour ce pays et je ne peux pas tolérer qu’on nous qualifie tous de voleurs. Car beaucoup d’entre nous ont travaillé jusqu’au sacrifice suprême et ont une riche expérience à léguer à la jeunesse « , s’est révolté l’ancien VPM et Ministre des transports et voies de Communication.
Faisant suite à cette motion d’information du Sénateur Makila, le Président du Sénat a décidé de mettre en place une Commission
ad hoc, pilotée personnellement par José Makila, dont la mission sera d’auditionner les propos de Jules Alingete et d’écrire au Chef de l’État pour solliciter son autorisation afin de l’inviter devant la plénière de la Chambre haute du parlement ainsi que le Ministres des Finances.
Pour plusieurs sénateurs, l’interpellation de l’IGF Jules Alingete est attendue de pieds fermes , surtout pour connaître les preuves des allégations de Jules Alengete, car disent-ils, il est inadmissible que l’on jette gratuitement en pâture l’honneur et l’image de marque de la deuxième institution de la République.
Si l’occasion est belle pour rappeler ce fonctionnaire à l’ordre, cette entreprise pourrait se révéler un couteau à double tranchant. Qui sait si l’IGF pourrait éventrer le boa?
La balle se trouve donc dans le camp du Président de la République, appelé à recadrer ce fonctionnaire de la Présidence de la République qui devrait s’en tenir à ses prérogatives en menant les enquêtes selon les règles de l’art plutôt que de se livrer au populisme et autre show médiatique.
Jean Romance Mokolo