Au terme de plusieurs semaines de tractations infructueuses, l’Assemblée nationale a fini par entériner la liste de douze sur les quinze membres devant composer la plénière de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). C’est dire que c’est une liste incomplète et transmise sans la signature du président et du vice-président de la plateforme des confessions religieuses en ce qui est du candidat président.
L’entérinement a eu lieu au cours d’une séance plénière agitée et dirigée en personne par son Speaker, Christophe Mboso N’kodia Mpwanga, le samedi 16 octobre 2021.
Et sans surprise et en dépit de la fronde menée par les églises catholique et protestante, c’est donc Denis Kadima qui a été entériné par la Chambre basse du Parlement en qualité de président de la Centrale électorale, en remplacement de Corneille Nangaa. Il ne reste que la signature par le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, de l’ordonnance d’investiture de la nouvelle équipe ainsi entérinée pour que cette dernière prête serment devant la Cour Constitutionnelle avant l’entrée en fonction.
Après cette procédure d’entérinement, la composition du nouveau Bureau de la Centrale électorale se présente de la manière suivante :
- Denis Kadima, Président ;
- Bienvenu Ilanga, Premier Vice-Président ;
- Patricia Nseya, Rapporteur ;
- Paul Muhindo, Rapporteur Adjoint ;
- Sylvie Birembano, Questeur Adjoint.
Il convient de noter que dans ce nouveau Bureau de la CENI, les postes de 2ème Vice-président et de Questeur réservés à l’opposition sont restés vacants, suite notamment au refus du Front Commun pour le Congo (FCC) d’envoyer des délégués pour entérinement par l’Assemblée nationale.
En effet, la famille politique de l’ancien Président congolais, Joseph Kabila Kabila, a voulu par ce boycott exprimer son refus de cautionner « l’irrégularité ayant entouré la procédure de désignation des animateurs de la CENI », selon un des sociétaires du FCC.
Pendant ce temps, la dynamique de l’opposition de Martin Fayulu est représentée par le député national DITU MUNIZI Blaise qui siégera comme membre de la plénière. A-t-il été désigné par par sa composante ou serait-il débauché par le pouvoir ? Pas encore de précision sur sa présence dans la nouvelle équipe de la Centrale électorale, même si certains au sein de la coalition émiettée de Lamuka se disent non concernés par la mise en place d’une CENI « politisée ».
Comme on peut le constater, c’est sans consensus entre les confessions religieuses et entre les forces politiques que Denis Kadima et les autres membres de la CENI ont été entérinés par l’Assemblée nationale.
Ce qui n’est pas sans rappeler l’entérinement controversée de Ronsard Malonda par l’Assemblée nationale et dont le Président Félix Tshisekedi avait refusé de signer l’ordonnance d’investiture.
Il reste que « les mêmes causes produisant les mêmes effets », les analystes se demandent si le Chef de l’État fera subir à Denis Kadima la jurisprudence Ronsard Malonda ou va-t-il l’investir comme le souhaite les élus de l’Union Sacrée pour la Nation!
Et au regard de la fronde menée, notamment par l’ ECC, la CENCO, le FCC , l’histoire ne risque-t-elle pas de se répéter concernant l’organisation des élections en RDC ?
Et déjà, le Porte-parole de l’église du Christ au Congo, Pasteur Éric Senga, parle de « bon vers l’inconnu et de décor d’une crise déjà planté ».
Il faut rappeler que depuis 2006 jusqu’à nos jours, la mise en place des animateurs de la CENI a toujours été faite sur fond de contestation et de tiraillements. Et avec comme conséquence, la tenue d’élections dont les résultats sont contestés par les parties prenantes.
Est-ce que l’histoire va-t-elle se répéter en 2023 ? Attendons de voir.
JR.Mokolo