Quand les agences des Nations Unies tirent la sonnette d’alarme sur une question mettant mal à l’aise le pouvoir d’un Etat, le premier réflexe du gouvernement visé est de crier au complot pour nier l’évidence, fut-elle indiscutable.
Récemment, c’est l’insécurité alimentaire observée en République démocratique du Congo qui a été rendue publique et les gouvernants ont qualifié le rapport de complaisant et bon pour la poubelle. En conséquence, aucune décision ni discussion n’a eu lieu en Conseil des Ministres. Et donc, pas de prévisions ou provisions budgétaires conséquentes pour venir en aide à la population.
Et pourtant, l’insécurité alimentaire est indéniable au pays et ses conséquences sont néfastes au sein de la population, même dans les grandes villes. Un infanticide – fait symbolique et tragique qui illustre cette réalité – s’est déroulé il y a 48 heures à Kinshasa.
En effet, pour avoir réclamé la nourriture et pleuré de faim à la tombée de la nuit, un enfant de 3 ans a été mortellement battu le mardi vers 21h par son propre père.
Cette histoire insolite s’est passée dans la capitale congolaise, précisément dans la commune de Ngaliema sur avenue Mbama. Fauché, un père de famille a été contraint de demander à son épouse enceinte de vendre du meuble de la maison pour trouver de quoi nourrir l’enfant de 3 ans qui pleurait de faim. Alors que la maman s’affairait à la cuisine et que les pleurs du petit résonnaient interminablement aux oreilles de son père, ce dernier s’est énervé au point de rouer le pauvre enfant de poings d’une rare violence. Réduit au silence, l’enfant a été mis au lit. Il n’a pas fallu longtemps aux parents pour se rendre compte que l’irréparable a été commis: le corps de l’enfant était inanimé. L’enfant de trois ans a succombé à la violence des coups, l’estomac creux et les yeux larmoyants.
Après le constat du décès, la peur au ventre, le père – un wewa bien connu de ses amis – a pris fuite, abandonnant sa femme enceinte de plus de 8 mois.
Ce cas est probablement la pointe de l’iceberg. Le gouvernement est incapable d’assurer à ses propres citoyens les besoins primaires dont la nourriture. Et pourtant le pays regorge de terres arables. Il croise les doigts en attendant l’aide des ONG étrangères et les agences des Nations Unies pour nourrir les gouvernés. Où serait passé le discours de la souveraineté et la politique sociale du « peuple d’abord » ou encore celui de « l’agriculture, priorité des priorités? » Il y a une urgence et faut que l’Etat agisse. Car, mieux vaut tard que jamais, dit-on.
Alain St. Bwembia