« La vérité vous rendra libres », c’est l’intitulé interpellateur contenu dans la déclaration faite par 10 évêques membres du comité permanent de la Cenco, conférence épiscopale nationale du Congo à l’issue de leur session ordinaire organisée du 27 février au 2 mars 2019 à Kinshasa.
Dans leur déclaration de trois pages, dont ils ont pris soin de ne pas citer le nom du président Félix Tshisekedi, les archevêques et évêques membres du comité permanent de la Cenco sont plutôt revenus sur le déroulement des scrutins du 30 décembre 2018, en soulignant le professionnalisme et l’indépendance du travail réalisé par leur mission d’observation électorale qui avait révélé que les résultats provisoires de la CENI ne correspondaient pas aux données collectées par ses 40 mille observateurs déployés à travers le pays , à partir des bureaux de vote et de dépouillement.
Ce rappel vaut son pesant d’or pour les clergés catholiques qui ne semblent imperturbables, en dépit de la salve de critiques enregistrées contre eux par le régime en place. Il suffit de parcourir les lignes et paragraphes de leur texte pour s’en rendre compte !
« (…) Devant ce déni de vérité, une grande partie du peuple congolais a ressenti une profonde frustration manifestée ci et là par des tensions. Malgré tout,le peuple congolais a fait preuve d’une grande maturité politique ouvrant la voie à l’alternance pacifique », fait-on remarquer.
Visiblement très engagée à accompagner le peuple congolais dans son combat pour un état de droit en RDC, la Cenco estime cependant, qu’il y a des valeurs non négociables dans la société.
« Seule la vérité rend réellement libre. Les institutions solides et démocratiques d’une nation ne peuvent que se fonder sur les valeurs éthiques. Fidèle à sa mission prophétique, la Cenco ne cessera jamais à accompagner le peuple congolais dans son combat pour un état de droit. Elle estime qu’il y a des valeurs non négociables, notamment le respect de la dignité de la personne, la vérité, le respect du souverain primaire, l’honnêteté, l’unité et la cohésion nationale, mais aussi la justice et la paix sociale. Pour cette raison,la Cenco poursuivra son programme d’éducation civique et électorale de la population ainsi que son engagement dans l’observation citoyenne des élections en vue de leur crédibilité », renchéri les évêques.
Toutefois, dans le but de rassurer le peuple, les évêques invitent les nouvelles autorités du pays à rompre radicalement avec les antivaleurs de l’ancien régime et à donner des assurances concrètes d’une bonne gouvernance. Cela devra se passer , notamment par la poursuite et le parachèvement de la décrispation du climat politique, le respect de la constitution et l’achèvement du cycle électoral dans la vérité et la transparence.
Aussi, appellent – ils, à la sauvegarde de l’intégralité territoriale, à la protection des personnes, des frontières et à la pacification des zones en proie de l’insécurité et à la présence des groupes armés.
En outre, tout en insistant sur la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme, les évêques recommandent aux nouveaux animateurs issus des élections décriées, à redorer le blason du pays et à placer toujours l’intérêt de ce peuple au centre de toute négociation. Ensuite, d’inviter, tout le monde à un sursaut éthique et patriotique, afin de rendre effective l’alternance démocratique au pays.
La déclaration signée, notamment par les archevêques Marcel Utembi et Fridolin Ambongo, respectivement président et vice-président de la Cenco, démontre clairement une certaine méfiance de cette puissante organisation catholique vis à vis de l’actuel président et tous ses partenaires politiques du pouvoir sortant.
Rappelons qu’en séjour à Bruxelles,en Belgique, le cardinal Laurent Mosengwo Passigna avait déclaré la semaine dernière, que c’est Martin Fayulu Madidi qui est le véritable vainqueur du scrutin présidentiel du 30 décembre 2018.
Avec ces différentes déclarations, l’on est tenté de conclure que le combat pour la vérité des urnes reste encore et toujours une épine dorsale et un obstacle majeur à surmonter par le pouvoir de Kinshasa.
Jean Médard LIWOSO