Pendant que l’attention de l’opinion nationale et internationale reste spécialement figée sur la crise politique en République Démocratique du Congo, l’ancien Premier -ministe Samy Badibanga s’est lui lancé depuis 3 mois aujourd’hui sur la campagne de sensibilisation relative à la crise humanitaire qui sévit actuellement dans le Grand Kasaï, les deux Kivu et le Tanganyika . Durant cette campagne , Samy Badibanga a insisté sur l’urgence pour la communauté internationale d’organiser au plus vite une conférence internationale des donateurs, pour financer le plan d’aide pour le Congo Kinshasa.
Joint au téléphone ce mardi 6 fevrier 2018 par politiquerdc.net, l’ancien locataire de la primature affirme avoir reçu la ferme promesse de la communauté internationale sur l’organisation à la fin du mois de mars prochain d’une conférence internationale des donateurs au sujet de la crise humanitaire dans quelques provinces de la Rdc.
« Le casse-tête politique des élections nous a tous aveuglé : l’urgence en RDC est autant politique qu’elle est humaine et humanitaire. Oui, il faut tout faire pour que le peuple congolais puisse choisir ses dirigeants à la fin 2018. Mais, au début de 2018, la priorité absolue est de protéger la vie de 13 millions de personnes menacées par la catastrophe humanitaire en cours au Kasaï, au Kivu et au Tanganyika . Et cela passe impérativement par une conférence internationale des donateurs pour financer les 1,68 milliard de dollars du plan de réponse humanitaire des Nations unies pour le Congo », s’était confié il y a quelques jours Samy Badibanga à JeuneAfrique.
Et de poursuivre ,chaque seconde qui passe, cette catastrophe tue. Elle tue des femmes, des enfants et des hommes qui ont fui les violences, se sont cachés dans la forêt ou plus loin, et qui n’ont plus rien à leur retour. Cette catastrophe pourrait bientôt faire entre 1 et 2 millions de morts si l’aide humanitaire n’est pas financée.
2,8 millions de personnes pourraient mourir de faim dans le Kasaï
Ces chiffres, qui donnent le vertige, traduisent pourtant très mal la réalité d’un enfant ou d’une femme qui rendent leurs derniers souffles, puisqu’ils vont mourir. Tués, non pas par les violences, mais par la famine ou la maladie. Une situation préoccupante, qui nécessite la mobilisation des fonds afin d’arrêter l’hémorragie souligne Samy Badibanga.
Placée au niveau maximum d’urgence humanitaire par les Nations unies, la crise humanitaire en Rdc est jusque là moins financée . Le conflit entre pygmées et bantous au Tanganyika a déjà, à lui seul, déplacé 500 000 personnes, soit autant que de Rohingyas en Birmanie. Au Tanganyika s’ajoute le Kasaï, avec 1,5 million de déplacés, le Kivu, avec plus de 950 000 déplacés, et d’autres provinces, pour un total de 4,35 millions de personnes, selon l’Unocha cité par JeuneAfrique.
Et d’ajouter , en RDC, les besoins de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars en 2018.
En Ouganda, 238 000 Congolais se sont réfugiés pour fuir les violences au Kivu, et mille de plus arrivent chaque semaine. Au Burundi, 7 000 personnes s’y sont réfugiées et 330 00 individus sont allés en Angola, pour ne citer que ces pays-là. Qui sait, aujourd’hui, que l’ensemble des déplacements de la population au Congo est plus important qu’en Syrie, en Irak et au Yémen réunis ? Combien de ces 4,35 millions de déplacés rejoignent les routes de la migration par la Corne de l’Afrique vers les camps d’esclaves de Libye ? S’interroge notre confrère.
Le conflit né au Kasaï, en août 2016, a fait 5 000 morts jusqu’à maintenant, 2,8 millions de personnes pourraient y mourir de faim. Comment croire que ces populations, qui ont survécu au conflit et qui reviennent aujourd’hui avec la fin des violences, restent privées de nourriture, d’eau, de toilettes, de vêtements, de toit, du travail, et d’écoles, ni service public. Ajouter cela , des villages brûlés, des centres de santé pillés, des routes détruites, le choléra et des plantations agricoles ravagées . La conférence internationale des donateurs inspirée
Par l’appel au secours venu des églises, où la population se réfugie, a été à la base de cette campagne de sensibilisation que initiée par Samy Badibanga depuis début novembre 2017, au nom de la coordination Espoir, avec le cardinal Mosengwo pour l’église catholique et le révérend Bokundoa, pour le compte de l’église protestante, auprès des Nations unies, à l’Union européenne, à la France bref , à l’ensemble de la communauté internationale. « C’est au nom de cette population meurtrie, violée, déplacée et abandonnée que nous demandons l’organisation urgente d’une conférence internationale des donateurs » a martelé le prédécesseur de Bruno Tshibala à la primature .
Le 17 novembre 2016, la Conférence Internationale pour la République Centrafricaine avait permis de réunir 2,2 milliards de dollars. En RDC, les besoin s de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars pour 2018, selon les Nations unies. Le Congo, dont la population avoisine les 90 millions, vingt fois plus que la RCA et ses 4,59 millions de personnes, a grand besoin du même niveau de solidarité mondiale, fait remarquer notre confrère
Et de rencherir qu’à la fin janvier 2018, le plan d’aide n’était financé qu’à 2 %
Sans conférence internationale des donateurs, le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour 2018 ne sera même pas financé de moitié. À la fin janvier 2018, il était financé à 2 %, faisant des Congolais en détresse les oubliés de la planète. Pourtant, une action humanitaire forte peut sauver des millions de vies et redonner de l’espoir d’un nouvel avenir.
L’organisation d’une conférence internationale des donateurs en faveur de la situation humanitaire en Rdc est perçue comme une réponse adéquate que la communauté internationale aura donnée aux nombreuses victimes de ces affres de guerres en cette période pré -électorale.
Jean Médard LIWOSO