Le processus électoral en cours est marqué par de nombreuses entorses aux lois de la République, entreprises le plus souvent par les détenteurs de la puissance publique qui sont pourtant censés garantir leur stricte observation pour la bonne marche de la société.
En effet, en plus de la violation par la CENI de l’article 237ter de la loi électorale prévoyant le vote papier, suivi des points 38, 39 et 40 du calendrier publié par la même administration électorale, nous assistons à la violation d’une importante disposition constitutionnelle stipulant ce qui suit:
« Aucun congolais ne peut ,en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ,ni en aucune autre matière faire l’objet d’une mesure discriminatoire qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif en raison de sa religion ,de son origine familiale , de sa condition sociale, de sa résidence de ses opinions et ses convictions politiques, de son appartenance à une minorité culturelle ou linguistique(…)
Malgré l’assurance maintes fois affirmée par le président de la République quant au bon déroulement du processus électoral et un traitement équitable à tous les candidats conformément à la loi, la réalité du terrain contraste avec ce discours officiel.
Et pour preuve, outre le fait que les deux aéronefs pris à leasing pour la campagne électorale et tout le matériel électoral sont étrangement bloqués à Kinshasa, le jet du candidat Martin Fayulu a été interdit d’atterrissage ce dimanche 9 décembre 2018 à l’aéroport de Kindu.
En cause, les propos incendiaires du ministre du gouvernement central Joseph Kokonyangi – membre du FCC – relayés par un ministre provincial de Maniema.
Tenez, à la veille de l’arrivée annoncée au chef-lieu de la province de Maniema du candidat commun de l’opposition au scrutin présidentiel, Joseph Kokonyangi a incité la population de Kindu à la haine pour ne pas tolérer la présence de Martin Fayulu – originaire de Bandundu – à Kindu, fief du candidat président du FCC.
Cet appel à la haine digne du nazisme a été malheureusement suivi d’une violence inhabituelle, rapportent les cadres et militants de la coalition Lamuka, victimes de la chasse à l’homme. Ce n’est pas tout. L’aéroport a été totalement envahi – et sans aucune raison rationnellement probante – par les avions et hélicoptères des Fardc, ainsi que des hommes en tenus militaires. La police et l’armée ont utilisé des armes létales et des gaz lacrymogènes contre la foule qui convergeait à l’aéroport pour accueillir Martin Fayulu et son équipe de campagne.
« Cette somme d’actes anticonstitutionnels démontrent – preuves s’il en faut – la volonté du pouvoir en place de saboter le processus électoral », fait remarquer un diplomate en poste à Kinshasa, à votre média en ligne.
Pour Me Jean K. Minga, juriste et consultant de politiquerdc.net, les droits et libertés couverts aussi bien par les instruments juridiques nationaux qu’internationaux ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’entorse, fût-elle de la part d’un ministre ou membre éminent de la majorité présidentielle.
Et l’opposition est créancière, sur le pied de l’article 8 de la constitution, du droit à l’existence et de l’exercice de ses activités pour la conquête du pouvoir. C’est aussi le cas de l’article 6 de la même loi fondamentale qui consacre le pluralisme politique en RDC », rappelle pour sa part, un parlementaire de la MP, qui s’est déclaré choqué de cette dérive totalitaire, au risque de provoquer le retour des flammes contre Shadari qui sillonne allégrement à travers les bastions de l’opposition.
Il y a lieu de craindre que la situation de Kindu fasse tâche d’huile au moment où la marmite régionaliste est chauffée à blanc par ceux qui sont constitutionnellement tenus de l’éteindre.
L’incident de ce dimanche aura sans nul doute perturber le programme de campagne du candidat commun de l’opposition.
Martin Fayulu s’est donc envolé cet avant midi pour la ville de Bukavu , dans la province du Sud-Kivu avec promesse de revenir très prochainement à Kindu.
Rédaction