Une des institutions d’appui à la démocratie de la RDC, la CENI peine toujours à prouver son impartialité. A chaque jour qui passe, elle ajoute une couche qui l’a rend peu crédible aux yeux de l’opinion publique congolaise.
Après maints reports des scrutins prévus initialement en 2016, la CENI vient d’amputer les centres de la Ville de Kinshasa d’au moins 1000 bureaux de vote, au motif de pallier à la carence conséquente au sinistre survenu dans l’un de ses entrepôts de la capitale; raison ayant servi à retarder les élections d’une semaine. Cependant, tout indique aujourd’hui que dans la manœuvre , la centrale électorale aurait érigé des bureaux qui échappent au grand public, certainement pour des irrégularités profitables au camp du pouvoir, le FCC, font savoir certains analystes. C’est, à ne point en douter, de la tricherie de haut niveau. Les MAV issues des bureaux supprimés auraient été discrètement installées dans les endroits absents de la cartographie électorale déclarée par la CENI et inconnus de l’électorat.
L’école privée *Plamedie* – propriété d’un agent de renseignements et candidat député provincial – au quartier PLC, dans la zone de Lingwala est au nombre de ces lieux tenus secrets. On y trouve trois bureaux non déclarés installés dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 décembre dernier.
Alerté par la population environnante, le journaliste Mike Mukebayi – candidat député provincial dans la commune susvisée a dénoncé ce jeu malsain de la CENI. Dans l’interview accordée à TV5 Monde ce vendredi, l’intéressé a pris l’opinion à témoin avant de prier l’administration électorale de mettre rapidement fin à cette fraude avant l’heure. Les riverains des lieux ont été choqués de réaliser que la CENI pouvait se livrer à cet acte, semble -t-il pour favoriser un camp en compétition au détriment des autres.
Interrogé par la presse à l’issue de la réunion que les candidats président ont eue ce jour avec la délégation de la SADC au Fleuve Congo Hôtel, Corneille Naanga – président de la centrale électorale congolaise – a fait savoir que la compression numérique des bureaux de vote dans certains centres de la capitale était sans incidence sur la cartographie électorale, sauf qu’au lieu de 600 électeurs initialement prévus par bureau de vote, on en compterait 100 de plus.
À première vue, cette légère modification n’est pas fort inquiétante. Là où le bât blesse, c’est de voir la CENI installer des bureaux de vote parallèles alors que les voix issues de ces bureaux non répertoriés et inconnus des électeurs seront versées dans le panier officiel pour le comptage.
Nul doute que l’on est en présence d’un véritable hold up électoral, sachant que la CENI a été irrespectueuse de sa loi, spécialement l’article 8 qui impose l’affichage des listes électorales devant chaque bureau de vote 15 jours avant la tenue des élections. Ce cafouillage entretenu vise sans doute à décourager les électeurs de localiser chacun son bureau de vote.
Rappelons qu’en 2006, les scrutins ont été reportés dans le territoire de Befale – dans la province de l’Equateur – suite à ce défaut d’affichage dans le temps prévu. Cette malheureuse expérience ne pouvait être ignorée de Corneille Naanga.
D’après un expert électoral approché par votre média en ligne sur la question, l’inobservation de l’exigence du délai légal d’affichage des listes et la délocalisation de certains bureaux de vote – ajoutées au problèmes techniques – risquent de compromettre sérieusement le bon déroulement des élections de ce dimanche 30 décembre.
C’est autant dire que tous les prétextes avancés jusqu’à ce jour, y compris celui de la MAV, ne sont que l’arbre qui cache la forêt. L’organisation des élections libres, transparentes, apaisées et crédibles relève de la gageure de la part d’une institution accusée d’être inféodée au pouvoir et soumise à la pression de neutralité du peuple, mais surtout de la communauté internationale.
Encore une fois, le président Naanga doit statuer entre le patriotisme et l’asservissement à un groupe restreint d’hommes, pensent certains observateurs avertis de la société congolaise.
Réaction politiquerdc.net .