La troisième voie s’est imposée. Elle était pourtant la moins envisagée. En effet, alors qu’il était le moins cité dans l’opinion au nombre des candidats à la candidature commune de l’opposition au prochain scrutin présidentiel en RDC, le député national et président national de l’ECIDE a été choisi par vote secret comme candidat commun de l’opposition à l’élection présidentielle prochaine.
Les laboratoires les mieux branchés faisaient de lui le choix de compromis, faute de dégager un consensus entre les deux favoris, Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe.
En dehors de cet aspect, il convient de souligner qu’issu d’une même aire géographique que deux des candidats les moins en vue, à savoir Adolphe Muzito et Freddy Matungulu, Martin Fayulu pouvait naturellement espérer les faveurs de ces deux, sans oublier l’implication déterminante de Jean-Pierre Bemba et de Moïse Katumbi.
Moins populaire que les poids lourds de l’opposition (Jean-Pierre Bemba, Felix Tshisekedi et Vital Kamarhe ), Martin Fayulu jouit tout de même d’une certaine notoriété politique dans l’opinion et d’une bonne côte dans les milieux diplomatiques.
Face au candidat du FCC, issu de l’Est et donc de la périphérie, il est politiquement (représente) le symbole du Centre. L’homme est connu pour son franc-parler contre le régime de Kinshasa. Il n’est pas coutumier de la langue de bois.
Par ce choix, l’opposition a réussi à réduire au silence ceux qui misaient sur sa prétendue incapacité au compromis pour remporter la victoire électorale. Le démon de la division est vaincu ce soir.
À présent que ce palier est franchi, il reste le suivant et le plus décisif, celui pour l’opposition de rester mobilisée contre la machine à voter et le fichier électoral corrompu, pour obtenir des élections démocratiques, transparentes et apaisées, le 23 décembre prochain.
Déjà, des actions pacifiques de grandes envergures dans la perspective de contraindre la CENI à renoncer à la machine contestée et à expurger les électeurs fictifs du fichier électoral, pour des élections crédibles qui éviteront l’embrasement du pays.
Le communiqué final signé par les 7 leaders réunis en Suisse ce week-end prévoit la tenue d’un meeting populaire, dans les tous prochains jours, à Kinshasa. C’est au cours de celui-ci que l’opposition présentera officiellement son candidat à la population.
Ça sera également, précise le communiqué, l’occasion de présenter les structures qui prendront en mains la campagne électorale du candidat, mais aussi les stratégies définies et le chronogramme arrêté, pour la bataille de décembre.
Il reste maintenant à savoir si ce choix de Fayulu sera validé par les partisans des différents leaders politiques au pays.
Certains analystes croient que si tous les leaders ont été sincères à Genève, il y a lieu d’espérer que chacun s’emploiera à convaincre son camp d’accepter ce résultat de compromis, sinon on donnera raison à ceux qui ne jurent que par division de l’opposition.
En attendant, il appartient au coordonnateur de la Dynamique de l’opposition, si affectueusement désigné par les siens de « soldat du peuple » de montrer qu’il a les épaules larges pour porter la lourde charge de prendre en son compte le projet commun de l’opposition au prochain scrutin.
Martin Fayulu qui a remercié ses pairs de l’opposition pour le choix porté en sa personne, en affirmant qu’il n’était que le porte-parole du combat de la liberté et de la démocratie engagé depuis des longues années.
La désignation de Martin Fayulu ressemble un peu comme celle du candidat du FCC, Emmanuel Shadari qui avait été choisi à la grande surprise de l’opinion publique.
Mais un bémol tout de même, Shadari a été imposé par l’autorité morale du FCC alors que Fayulu a été lui démocratiquement élu par ses pairs de l’opposition dans une facilitation de la fondation Koffi Annan.
Outre la désignation du candidat commun, le conclave de l’opposition a aussi débouché par la mise en place d’une plateforme dénommée » LAMUKA ».
Jean Médard LIWOSO