Eliezer Ntambwe vient de passer sa deuxième nuit de détention dans le cahot du tribunal de grande instance de la Gombe. Alors que ses avocats et confrères venus nombreux ce matin au palais de justice espéraient obtenir sa relaxation au terme de son audition de ce jour, rien n’a été fait en ce sens. Bien au contraire, le journaliste a été placé sous le régime de MAP, mandat d’arrêt provisoire.
Après son audition et celle d’un témoin à charge, le magistrat instructeur a transmis son dossier au procureur près le tribunal de grande instance de la Gombe afin d’obtenir son avis ; savoir si Eliezer Ntambwe pouvait ou non bénéficier d’une liberté provisoire, notamment à la suite de la demande faite par sa défense. Cette dernière qui estime par ailleurs qu’au regard des éléments présentés par l’accusation, il serait impossible sur le plan de droit de retenir ce dont on accuse leur client, à savoir : «diffamation ». La défense en veut pour preuve, l’audition des éléments sonores de présumés « chantages » que l’accusé aurait faits au gouverneur.
A en croire ces éléments sonores, rien ne prouve à ce stade le crime commis par le journaliste. En effet, les avocats de la défense ont démontré contrairement à l’accusation que le journaliste Ntambwe n’avait jamais affirmé, mais plutôt utilisé le conditionnel en se référant aux propos de ses invités qui déclaraient sans ambages que le gouverneur du Kasai oriental se serait déplacé jusqu’au pied de l’avion à l’aéroport de Ndjili pour ravir le fameux diamant de 35 carats à la base de l’émission diffusée le 8mars dernier.
«Juridiquement nous avons fait l’essentiel en démontrant au magistrat l’absence d’une preuve matérielle pour retenir une quelconque infraction contre notre client qui du reste, n’avait fait que son travail. Il reste maintenant que la justice dise le vrai droit quo n’est rien d’autre que la libération pure et simple notre client… »,s’est ainsi confié à politiquerdc.net, un des avocats de celui qu’on appelle désormais « prisonnier politique» d’Alphonse Ngoy Kasandji, gouverneur du Kasai oriental.
Eliezer Ntambwe visiblement, moral au zénith, aura encore bénéficié ce mardi 3avril d’une action de solidarité de la corporation journalistique qui a improvisé une marche pacifique, partie du palais de justice jusqu’à l’office du procureur général de la République situé à l’immeuble INSS afin de lui exprimer de vive voix la désapprobation des journalistes au sujet, notamment de la violation de la procédure ayant conduit à l’arrestation du célèbre présentateur du magazine Tokomi Wapi, mais aussi d’une certaine instrumentalisation de la justice.
Certes, Ngoy Kasandji se flotterait les mains pour avoir réussi son coup en faisant arrêter Eliezer Ntambwe, mais il ne pourrait jamais espérer taire la presse congolaise, déterminée à s’investir davantage pour avoir de la lumière en ce qui concerne la destination du diamant de 35 carats, un bien congolais évalué à plusieurs millions de dollars américains. Une véritable affaire qui devrait intéresser la justice congolaise que de détenir presque inutilement un journaliste qui n’aurait que fait son travail. En attendant, l’on est en droit de se demander : vous avez fait arrêter un journaliste, mais où se trouve notre diamant congolais ?
Dossier à suivre Ị
Jean Médard LIWOSO