Le gouverneur de la ville de Kinshasa a pris la mesure contre la mendicité. Une décision visiblement saluée par les Kinois surtout qu’elle vise les Schégués – ces jeunes gens responsables de nombreux actes inciviques – qui opèrent le jour comme la nuit dans les différents coins de la capitale congolaise.
Pour rappel, sous le commandement du général Kanyama, la police nationale congolaise avait pris des mesures jugées disproportionnelles et moins respectueuses des droits humains pour combattre le phénomène « Schégués ». La perte en vies humaines de l’opération était certes déplorable, mais personne ne pourra oublier tous les meurtres et lésions diverses perpétrés par ces hors-la-loi.
Depuis, le phénomène connaît une recrudescence qui ne peut que justifier la décision de l’autorité urbaine.
Dans un entretien avec politiquerdc.net, Me Jean K. Minga, analyste des questions socio-politiques, trouve que le phénomène « Schégués » est une conséquence dont la cause réside au niveau des responsables politiques.
En effet, le chômage de masse que connaît le pays pousse chaque citoyen à activer le fameux « article 15 » pour se débrouiller – comme il peut, peu importe la manière.
« Loin d’encourager la délinquance, nous pensons qu’il faut songer à résorber le chômage en créant les emplois. Quelqu’un qui travaille est soustrait de la délinquance. », pense – t-il.
Autrefois Kin-La Belle, la capitale de la RDC ressemble aujourd’hui à un mouroir, mieux une poubelle. l’Union Européenne a montré qu’il était possible de rendre à cette ville ses lettres de noblesse par l’évacuation régulière des déchets qui jouxtent même l’hôtel de ville, mais depuis que les expatriés sont répartis, les dépôts d’immondices ont envahi même les zones autrefois épargnées par ce décor répugnant.
De timides efforts ont été entrepris pour désaffecter quelques sites, mais il en reste encore d’autres.
Pourquoi ne pas recruter ces jeunes gens pour qu’ils se mettent à l’ouvrage?
On ne peut traiter les gens de paresseux alors qu’il n’y a aucune perspective à leur proposer. Et pendant ce ce temps, les grands grands fauves continuent à opérer à toute impunité.
Pour Jean K. Minga, à côté du chômage, il faut épingler le fait que les autorités – du sommet de l’Etat jusqu’aux agents de l’ordre, pour ne pas descendre davantage – donnent elles-mêmes de mauvais exemples . Il en veut pour preuve, quand la fraude, la corruption, la concussion, etc. sont devenues un sport national; comment s’étonner que les citoyens adoptent des attitudes similaires?
Le gouverneur veut combattre la mendicité des « Schégués » mais il épargne celle des policiers de roulage, sur le point de devenir la norme. Pourquoi une indignation sélective ou à double standards? S’interroge l’analyse, qui estime par ailleurs, qu’il serait plus efficace en commençant à nettoyer dans sa propre écurie avant d’aller loin, du fait que cette mesurette de l’autorité urbaine passe comme une loi ne visant que les faibles. Car, elles sont comparables aux charognards qui perturbent la quiétude des fauves entrain de ronger leur proie qu’est le Congo, renchéri Me Jean K. Minga.
Le gouverneur Ngobila devrait d’abord traiter la maladie plutôt que les symptômes, conclu – t – il .
C’est à travers un communiqué signé, le 9 août dernier que le Gouverneur de ville de Kinshasa avait pris la décision, visant à combattre le racolage des enfants en rupture familiale, communément appelés « Shegués » sur les voies publiques à Kinshasa.
Rédaction