« L’opposition congolaise au carrefour de voies de la victoire et de la défaite : l’unité ou la division (altruisme ou égoïsme)? » , c’est l’intitulé d’une analyse du docteur Jean-Jacques Mbungani parvenue à politiquerdc.net ce mercredi 4 avril 2018.
Pour ce diplomate de haut rang, la vie d’un homme n’a de sens que si elle est consacrée à la poursuite d’un objectif, d’un idéal… A défaut, l’homme est amené à subir les contraintes de son environnement. Tel est le choix qui s’impose à l’opposition : subir la direction du vent ou au contraire, orienter le voile de son navire dans le sens qui poussera celui-ci dans la direction voulue, écrit -il . Paraphrasant Hamlet, la maxime deviendrait alors « être ou ne pas être aux commandes de sa vie » telle est la question. En d’autres termes, être pilote ou passager de sa vie, fait remarquer Jean-Jacques Mbungani,qui estime que cette même interrogation devrait présider à la destinée de la jeune et balbutiante démocratie congolaise dont les acteurs politiques continuent de proposer de schémas thérapeutiques inadéquats aux enjeux du pays et aux attentes du peuple.
Ceci est particulièrement vrai pour l’opposition dont on ne peut que déplorer les errements, les ratés et le manque criant d’audace dans les initiatives prises et les solutions proposées, déplore ce congolais de la diaspora. Pour lui, une simple évaluation objective des moyens et méthodes utilisés à ce jour , démontre clairement l’absence de cohésion voire de culture de l’unité, un déficit qui fait malheureusement le jeu de l’adversaire.
Certes, on a pu relever ces dernières semaines de timides tentatives de rapprochements entre certains leaders de l’opposition, lesquelles initiatives ont donné de sueurs froides au camp adverse qui, déstabilisé, a envisagé une énième modification de la loi électorale. Au lieu de renforcer cette digue patriotique par la multiplication de contacts similaires, ces acteurs se sont rapidement recroquevillés, chacun dans son camp, pour exhiber ses biceps aux potentiels alliés , déplore Jean-Jacques Mbungani.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, à la place de cette unité, combien indispensable, l’on assiste parfois à l’avalanche des déclarations de candidatures à la magistrature suprême des différentes constituantes et à la propension du discrédit mutuel à travers des questions de la congolité et des titres académiques.
Et pourtant, pense -t-il , l’opposition serait mieux inspirée d’exploiter certains sujets de l’heure pour sceller le dernier clou au cercueil politique de la MP et séduire plus que jamais ce peuple qui n’est pas si exigeant. On peut en épingler quelques-uns :
1. Le refus du gouvernement de prendre part à la conférence de donateurs en faveur de la population congolaise. Ceci devrait être l’occasion d’expliquer au peuple qu’en rejetant l’aide humanitaire et sans proposer aucune alternative susceptible de soulager les nécessiteux, l’objectif gouvernemental serait de rendre plus insupportables les conditions de vie du petit peuple ;
2. L’entêtement de la CENI à introduire le vote électronique au processus électoral, contre l’avis négatif émis aussi bien par l’opposition que par les différents partenaires, notamment l’union européenne, sans oublier les réserves diplomatiquement ponctuées par la Corée du sud , pays d’origine de ces machines quant à leur fiabilité serait une aberration selon Jean-Jacques Mbungani, dans un pays où la couverture de l’électricité atteint difficilement les 10% du territoire national ; sachant que dans la capitale même, le délestage est devenu la règle ! pire encore, c’est un risque énorme, dans le contexte d’extrême méfiance actuelle, de recourir à une technique qui exigerait l’assistance des tiers aux nombreux électeurs qui n’ont jamais vu un ordinateur.
Comment concilier cette assistance au principe de vote secret repris dans la loi électorale ? Pour ces deux raisons au moins, sans exclure le souci légitime de la traçabilté des suffrages en cas de contestation, la diaspora congolaise rejette l’usage de ces machines aux prochains scrutins électoraux.
3. Le gouvernement fixe le délai de deux ans à la Monusco pour quitter le pays. On aurait souhaité entendre du pouvoir qu’il s’applique à éradiquer dans deux ans l’insécurité chronique qui sévit en RDC que de lancer l’ultimatum aux troupes onusiennes dont la présence s’explique par l’incapacité de forces de sécurité nationales, depuis deux décennies, d’assurer leurs missions régaliennes, fait remarquer Mbungani.
Et de se demander, habitué à massacrer sa population, le gouvernement congolais chercherait-il à se débarrasser d’un témoin gênant ?
4. Le rejet de tout apport étranger au processus électoral n’est-il pas une fuite en avant du gouvernement pour repousser encore une fois l’échéance électorale, par faute de financement ? tel que déploré dernièrement par le MLC.
Il faut noter ici que l’Angola, par la voix de son ministre des affaires étrangères, avait mis en garde le gouvernement Congolais contre une telle éventualité.
Pour Jean-Jacques Mbungani, l’opposition congolaise devrait s’en saisir de tous ces problèmes. Elle devra en faire son cheval de bataille à travers les médias et les rencontres pour informer l’opinion.
Ceci, pour accentuer la fissure entre le pouvoir et le peuple, alors que celui-ci est potentiellement réticent à la reconduction de celui-là aux prochaines joutes électorales. Mais c’est regrettable de constater l’inaptitude de l’opposition à mobiliser le peuple avec un projet fédérateur autour d’un candidat commun. Chacun se voit déjà président d’un Etat à l’avenir incertain.
Moïse Katumbi, Vital Kamerrhe, Félix Tshisekedi, Martin Fayulu, Adolphe Munzito et même le nonagénaire Anoine Gizenga, pour ne citer que ceux-ci, caressent le doux rêve de succéder à Kabila regrette-t-il.
En principe, face à une telle mosaïque, il eût fallu envoyer des signaux clairs et univoques au peuple pour qu’il soit mieux orienté lors du scrutin présidentiel, poursuit -il .
Et, d’ajouter, le seul moyen d’éviter ce schéma hautement préjudiciable à l’opposition et surtout à la Nation, suppose l’abandon par les leaders de l’opposition , du moins provisoirement de la conviction d’être chacun l’unique solution à l’alternance politique en RDC.
Une telle stratégie permettra certainement une mise en commun par ces sociétaires de leurs patrimoines électoraux respectifs, laquelle contribuera à la consolidation de l’unité recherchée pour une issue victorieuse, conseille Jean-Jacques Mbungani qui pense que ce challenge devrait être relevé sans délai, car le temps leur est compté face à la souffrance du peuple Congolais qui ne fait que s’accentuer, a-t-il conclu.
Jean Médard LIWOSO