Des congolais se sont retrouvés dans un colloque le samedi et dimanche derniers en Liège en Belgique. Ces assises de deux jours ont connu les interventions d’éminents professeurs et chercheurs congolais au nombre desquels, le professeur André Mbata de l’Université de Kinshasa (Unikin).
Très engagé dans le combat de l’alternance démocratique en RDC, André Mbata a commencé son exposé , axé sur la « Nation en péril » par apporter la précision sur le pourquoi du choix de Liège pour abriter ce colloque:
D’après André Mbata, le site de Liège a été choisi à dessein, pour ce colloque, car c’est ici qu’a été rédigé le projet constitutionnel de la RDC et c’est également à la Cité ardente qu’a été publié l’ouvrage « l’inanition de la Nation » du professeur Evariste Boshab.
C’est donc l’endroit idéal selon lui, pour porter le message des intellectuels auprès de compatriotes congolais qui y vivent et de tous ceux qui s’intéressent à la crise congolaise.
La Nation est en péril et il est du devoir des intellectuels de prendre et de multiplier les initiatives pour conjurer la menace.
En effet, la RDC est un véritable paradoxe, elle est extrêmement et potentiellement riche, mais sa population vit dans la pauvreté honteuse et pitoyable(…). Par dessus tout, le pays a perdu quelques kilomètres carré de sa taille historique. À côté de ce constat amer, on note:
– pas où peu de publications scientifiques;
– la baisse du niveau des étudiants;
– la corruption est entrée dans les moeurs;
– le pillage des ressources
– le détournement des deniers publics;
– l’éthique en congé
– l’impunité ;
– les conflits récurrents
– etc.
Pour le professeur André Mbata, ce tableau sombre est le reflet d’un État fantôme et il tire ses causes dans la confusion du modèle de société que l’on veut.
Alors que le pays est appelé « République Démocratique du Congo », force est de constater que même après sa décolonisation, il fonctionne comme un État monarchique. La néopatrimonialisation de la RDC est déduite de l’accumulation de tous les pouvoirs (exécutif, législatif et exécutif) aux mains d’un seul homme, dictant sa volonté au peuple via les institutions qui lui servent de décor et de caisses de résonance, a fait remarquer l’orateur estimant en outre que, la séparation des pouvoirs, cher à Montesquieu et propre à un État républicain, n’est que fictive et les faits le confirment:
– l’âge minimal du candidat au scrutin présidentiel a été revu pour correspondre aux données du prince;
– la suppression du débat contradictoire entre les deux candidats restés en lice au scrutin présidentiel a été dictée par les impératifs propres à quelqu’un;
– la modification constitutionnelle de 2011 a été entreprise en faveur d’un individu;
– l’exclusion de certains opposants de la course électorale est indiscutablement faite à la demande du monarque;
– l’instauration du « triangle de glissement » formé par _le gouvernement, la CENI et la Cour Constitutionnelle_, tous à la solde d’un individu est l’expression de la monarchisation du pouvoir présidentiel,a affirmé ce professeur opposant au régime de Kinshasa.
« Soutenu par des intellectuels ayant mis leur savoir en congé, ce triangle a achevé de déliter l’intérêt public au profit de la volonté d’un individu. Et pourtant, l’intellectuel doit prêcher par l’exemple et avoir la passion de l’objectivité, de la vérité. Par ce défaut, l’intellectuel congolais a atteint le sommet du ridicule et de l’indignité jusqu’à exposer le pays à la risée du monde. La congolisation est devenue synonyme de l’anarchie, comme la subornation de témoins signifie désormais la corruption! » , Renchérit-il .
Et ce n’est pas tout. D’autres exemples illustrent la fonte des valeurs intellectuelles et morales:
– Kabila désir
– Inanition de la Nation
– les arrêts iniques de la Cour Constitutionnelle
– le fichier électoral truffé d’électeurs sans empreintes digitales
– l’introduction sans nécessité des machines à voter au processus électoral
– la désignation surprenante de Shadari sans que personne, au sein de la majorité sortante, exprime une position dissidente.
Le monarque a décidé, il n’appartient pas à ses sujets de discuter son choix.
Tous ces actes ,a insisté l’intervenant, ont été commis à l’initiative ou avec la caution des intellectuels pour leur conférer une certaine objectivité, visiblement déficitaire.
Raison pour laquelle, ils se sont élevés pour dire que si un intellectuel, professeur d’université soit-il, ne sait plus mettre ses connaissances au service du plus grand nombre (la société), il fait partie de l’élite décérébrée, l’élite de compromission et de fiction.
Et de conclure, la diaspora doit rester solidaire au combat citoyen que mène la majorité silencieuse pour sauver la Nation de la noyade. Dans l’histoire des Nations, la part de la diaspora dans la recherche des solutions aux problèmes de son pays a souvent été déterminante.
Politiquerdc.net (Jean K. MINGA, consultant)