Comme annoncé,le président Joseph Kabila Kabange s’est adressé ce jeudi 19 juillet 2018 à la nation à travers les deux chambres du parlement réunies en Congrès.
Dans le but certainement d’embarquer l’auditoire, surtout de prévenir ceux qui croyaient peut être l’entendre parler de son avenir politique après les élections annoncées pour le 23 décembre 2018, Joseph Kabila a d’abord commencé par écarter cette hypothèse. Comme pour dire , le cadre n’était pas indiqué.
« Je sens une certaine tension dans la salle, la salle est trop calme…je crois qu’il y a des gens qui attendent peut-être que je dise dans mon discours : Comprenez mon émotion ! Rigolade dans la salle… mais cela remonte de plus de 20 ans ! Cris…je ne dirai pas. Je dirai plutôt : Comprenez ma passion pour le Congo« , a-t-il lancé visiblement souriant sous les acclamations de la salle et de ses partisans.
Ce discours sur l’état de la nation qui s’est tenu conformément aux articles 77 et 117 de la constitution aura permis à Joseph Kabila de se féliciter de son bilan de gestion depuis sa prise de pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père M’zee Laurent Désiré Kabila.
Malgré que beaucoup reste à faire, Kabila n’a pas caché sa satisfaction pour les quelques réalisations faites sous son impulsion dans tous les secteurs de la vie nationale. Routes, hôpitaux, écoles , réformes institutionnelles etc. Kabila se réjouit d’avoir réalisé des avancées dans tous ces secteurs comparativement à la dernière gestion du régime Mobutu en 1997.
Pour son onzième fois discours sur l’état de la nation depuis 2006 , Kabila a semblé s’afficher en défenseur du Congo contre les impérialistes.
Le président sortant de la République Démocratique du Congo a réaffirmé sa détermination pour le financement des élections du 23 décembre sans l’appui ni le diktat de la communauté internationale.
« Le Congo n’a jamais donné de leçon à personne et n’est pas disposé d’en recevoir de qui que ce soit » surtout pas de ceux qui ont assassiné la démocratie dans ce pays », a-t-il déclaré sous les applaudissements de plusieurs centaines de ses partisans.
Et d’ajouter : « Le cap fixé au 23 décembre reste maintenu. La constitution sera respectée.
Je réaffirme donc que les élections seront en République Démocratique du Congo seront,réellement une affaire de souveraineté et qu’elles seront en conséquence,entièrement financées par l’Etat Congolais. Loin de relever de la suffisance,encore moins d’une arrogance, il s’agit plutôt d’une option politique responsable qui donne un sens à notre indépendance et à notre dignité nationale. A cet effet, j’en appelle à la vigilance et au patriotisme de la classe politique,toutes tendances confondues , afin que les prochaines élections, ouvertes du reste à tous ceux qui en remplissent les conditions légales d’éligibilité,soient un moment de célébration de la cohésion et de l’unité nationales. Que seul le Congo puisse sortir vainqueur de ces consultations, afin que vivent la paix ,la stabilité,l’unité et le développement de notre pays »,à-t-il dit.
« … la traite négrière,la colonisation, les sécessions, les agressions et les multiples rébellions n’ont pas eu raison de lui(Congo), grâce à l’aide de Dieu et à la détermination de tous ses fils et filles,le Congo vivra à jamais ,comme nation libre et comme Etat souverain et indépendant », a-t-il conclu.
Réaction
Pour le député Henri Thomas Lokondo membre de la majorité, le discours de Kabila est assez clair. Il a bien préciser les choses sur le plan juridique qu’il n’a plus la possibilité de briguer un troisième mandat.
« C’est vrai que sur le plan politique, les gens voulaient entendre qu’il le dise clairement. Mais, je pense que le président a fait en quelque sorte un discours d’adieu. On peut le comprendre déjà à l’introduction », estime cet élu de Mbandaka.
Parlant des conditions d’éligibilité et du respect de la constitution, Kabila voudrait prévenir certains candidats annoncés dans les rangs de l’opposition non seulement de savoir que lui-même ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle conformément à la constitution, mais aussi et surtout que d’autres candidats déjà annoncés pourraient être écartés de la course s’ils ne remplissent pas les conditions nécessaires, pensent certains analystes qui ont suivi ce discours.
La RDC serait-elle prête à relever les défis logistiques du processus électoral ?
Le doute semble toujours plané dans la tête d’une certaine opposition qui ne cesse de dénoncer les manœuvres de Joseph Kabila qui voudrait selon elle se caponner au pouvoir ou simplement semer le trouble en déposant sa candidature pour un troisième mandat où encore repousser la date des élections.
Certains sont plus que sceptiques de voir la RDC financer seule les prochaines élections.
Mais selon certaines indiscretions, Kabila voudrait surprendre comme ce fut le cas en 2011 ou le gouvernement avait débloqué les moyens en dernière minute.
D’après une source sûre à la CENI, le gouvernement vient de disponibiliser 8 hélicoptères et se prépare à affréter 3 avions antonoves pouvant assurer les transports des matériels électoraux à travers le pays.
La même source confirme à politiquerdc.net que Joseph Kabila aura promis un décaissement total d’ici mi-août de l’achat des machines à voter. Tout ceci fait croire à notre source qu’il y aura bel et bien élections le 23 décembre prochain.
Jean Médard LIWOSO