« La crise congolaise est tellement profonde qu’elle n’épargne aucun secteur de la vie et ce n’est pas exagérer de parler d’un désastre multiforme », c’est l’intitulé d’une analyse socio-economico-politique du docteur Jean-Jacques Mbungani, parvenue à la rédaction de politiquerdc.net, ce jeudi 29 mars 2019.
Très préoccupé de la situation actuelle en RDC, ce haut cadre du MLC pense qu’il est notoirement connu qu’en dépit de ses immenses richesses naturelles et de sa population essentiellement jeune et active, le Congo Kinshasa est un géant aux pieds d’argile au sujet duquel nombreux parient sur l’imminence de sa chute brutale.
Et donc, face à cet état de choses, un changement d’acteurs s’impose plus qu’avant, car il serait illusoire sinon irresponsable , dit-il de continuer à compter sur ceux qui, plus de deux quinquennats durant , ont plongé le pays dans l’état comateux actuel,mais promettent encore malheureusement, de redresser la barre.
Pour Jean-Jacques Mbungani, Joseph Kabila et sa famille politique ont échoué sur tous les plans et, il faut qu’ils s’en aillent pour laisser la place à un vent nouveau.
Dans tous les domaines, écrit-il , la RDC est sous-assistance respiratoire :
Et pour s’en rendre ccompte, ce diplomate de haut rang et secrétaire national aux relations extérieures du MLC y va par les différents plans ci-après :
1. Sécuritaire :
C’est depuis plus d’une decenie que la Monusco ,la plus importante et plus longue mission de l’organisation planétaire est au chevet de la RDC pour tenter d’assurer la sécurité du pays , mais aussi la protection de la population. Malgré cette assistance respiratoire en matière sécuritaire, l’armée et la police congolaises sont en défaut , à dessein ou pas d’assurer leurs missions régaliennes respectives. Et parfois, elles sont accusées d’être à la base de l’insécurité observée sur le terrain. En Ituri et au Kasaï, pour ne citer que ces deux cas, le sang continue à couler et le déplacement des populations est loin de s’arrêter.
2 Economique
Le pillage des ressources naturelles congolaises s’est intensifié par la prolifération de groupes armés tant nationaux qu’étrangers, chacun sur le territoire sous contrôle, et parfois avec la complicité des services de sécurité. A côté de ces « charognards », l’impunité qui couvre les détournements et la corruption des proches du pouvoir, est un véritable trou au trésor public ; ce qui constitue un sérieux handicap au financement de tout projet ou investissement susceptible d’aider le pays à décoller économiquement.
3. Social
Quand la sécurité et l’économie sont déficitaires, le social s’en ressent et, comme dans la jungle, ce sont les habiles et les forts qui dictent leur loi. C’est la débrouillardise, le jeu de passe-passe, la marchandisation de tout, y compris du service public, même un simple renseignement est monnayable. Avec un salaire insignifiant et irrégulièrement versé, le fonctionnaire a vendu sa conscience professionnelle. Pendant ce temps, le député, le sénateur tous deux hors mandat continuent à toucher mensuellement 10.000$, sans oublier d’autres avantages. C’est le cas aussi du ministre et du mandataire de l’Etat, fait-il remarquer, avant de rappeler le cas de la corruption qui gangrène presque tous les secteurs et à tous les niveaux, bref, une corruption généralisée dont certains n’hésitent pas à qualifier de « motivation ». Pour Jean-Jacques Mbungani,la cible dans tout cela est indiscutablement le petit peuple.
L’insalubrité publique dans un pays où les soins dans une institution hospitalière est un privilège réservé à une caste côtoie les habitations et les lieux de travail. Les taxes perçues pour évacuer les immondices partent renflouer les caisses des détenteurs de pouvoir.
Le problème de fourniture d’électricité et d’eau est un casse-tête quotidien des masses laborieuses, incapables d’acquérir un groupe électrogène ou un puit d’eau, par forage, ne sont qu’une simple Illustration de ce dont subie la population Congolaise, déplore Jean-Jacques Mbungani.
4. Humanitaire
Les massacres, les viols des femmes et des fillettes, la famine et les problèmes de santé des populations déplacées, n’émeuvent plus personne au point que, niant de regarder la réalité en face, le gouvernement voudrait boycotter la conférence des pays donateurs au profit de son propre peuple. Cette attitude démontre à suffisance selon cet acteur politique, l’insouciance du pouvoir aux fléaux qui minent le pays.
5. Transport
Quiconque parcourt les avenues de Kinshasa, la vitrine du pays et siège des institutions politiques nationales, sait qu’elles offrent un spectacle désolant, particulièrement pendant la saison de pluie.
Dès lors, il est aisé de deviner la situation d’abandon dans laquelle se trouverait l’arrière-pays, surtout les routes de dessertes agricoles, s’exlame cet ancien consul général congolais.
Absence de couverture aérienne
Alors que sous d’autres cieux la voie aérienne reste ouverte à tout sujet, celle-ci est loin selon Jean-Jacques Mbungani un moyen réservé à une petite catégorie d’invidus qui disposent assez des moyens de se payer un billet pour y effectuer le vol à travers le pays où à l’étranger. Encore que faute d’une compagnie nationale à la dimension du Congo pour répondre aux besoins de la population, c’est le secteur privé qui supplée la carence de l’Etat, à des tarifs exorbitants, pour des appareils d’un autre âge, dénonce t-il. À la suite de l’incapacité de Congo Airways de couvrir la demande, et pour remédier à cette humiliation selon Jean-Jacques Mbungani, c’est la flotte d’Ethiopian Airlines qui va jusqu’à assurer la liaison directe entre quelques villes congolaises toutes proches des sites miniers à Addis-Abeba.
Au nombre de ces villes, il y a Lubumbashi, Goma et Mbujimayi.
Pourquoi ce choix et quel parallélisme établir ?
Jean-Jacques Mbungani y voit autre chose . Il se demande pourquoi seulement ces provinces souvent en proie aux conflits alimentés par les groupes armés venus de voisins orientaux qui par la suite doivent intéresser les compagnies aériennes étrangères? Il estime d’ailleurs qu’il faudrait réfléchir, notamment sur les questions de l’efficacité des services provinciaux à contrôler la frontière aérienne en cette période de fortes turbulences politico-securitaires en RDC. Le problème de visa des nationaux qui sortent par ces aéroports vers Addis-Abeba ou qui y transitent pour d’autres destinations, sachant que ce n’est pas tous les pays qui disposent de consulats dans chacune de ces villes devrait également intéresser l’opinion nationale, souligne Jean-Jacques Mbungani.
Que reste-il à faire ?
Pour ce secrétaire national du MLC ,devant toute cette decadence des valeurs et l’échec cuisant de Joseph Kabila et les siens dans tous les secteurs, le peuple congolais peut desormais espérer à une rapide et crédible alternance politique pour arrêter l’hémorragie, au propre comme au figuré. Et donc, ce changement ne peut être opéré qu’en s’appuyant sur un cadre respectueux de normes consensuellement édictées. La constitution étant maintes fois piétinées par la MP, l’accord conclu le 31 décembre 2016 demeure quoique torpillé le seul cadre dont la stricte application suscite l’espoir de tout un peuple et bénéficie de l’appui des partenaires extérieurs à la tenue des élections du 23 décembre 2018.
Appel à l’unité de l’opposition
Malgré le calendrier électoral en cours d’exécution,et face aux manœuvres dilatoires imprévisibles du régime de Kinshasa, Mbungani exhorte les acteurs politiques de l’opposition et toutes les forces vives éprises de changement, la diaspora comprise, à se saisir du vent de changement suscité par l’église catholique en vue de l’avènement d’une nouvelle et prospère ère politique en RDC.
Pour ce faire, soutient-il , les contacts de fraiche date noués entre les grandes formations politiques méritent encouragements pour tisser une alliance solide dans un climat de confiance mutuelle.
Voilà pourquoi,poursuit-il ,les leaders politiques devraient abandonner leurs égos surdimensionnés de manière à constituer une véritable union sacrée contre le projet obscurantiste de la MP.
Par conséquent, ceux qui mettent en avant l’opposition Gauche-Droite, ce diplomate leurs rappelle que les clivages idéologiques sont dénués de sens quand la Nation est en danger. Et d’ailleurs, se disant de la gauche, le pouvoir actuel n’est-il pas celui qui a ruiné le patrimoine national au profit des privés ?
Il n’y a que l’insouciance et l’irresponsabilité qui peuvent rendre insurmontables les montagnes idéologiques de nos partis respectifs et nous empêcher d’œuvrer ensemble. Ne plaçons pas la charrue avant le bœuf.
Sauvons le navire « Congo » et sa cargaison démocratique du naufrage avant de nous préoccuper de la destination de chacun.
« Ce rêve d’unité, de paix, de développement et de prestige national se transformera en cauchemar si, comme je crains, de nos rangs, certains devaient succomber à la séduction du lucre éphémère qu’offrent le clientélisme et le débauchage de l’autre camp. Quiconque s’en ira, ne l’oublions pas, se rendra complice, coupable et comptable des faits constitutifs du bilan de la MP », fait – il savoir avant de conclure par un appel à la persistance dans le combat pacifique de l’alternance afin de bâtir un pays plus beau qu’avant dans un bel élan, à la hauteur de sa grandeur, de ses richesses et sa jeunesse.
Jean Médard LIWOSO