Depuis son investiture le 24 janvier dernier, le président de la République Démocratique du Congo consacre exclusivement ses déplacements à l’étranger et rien à l’intérieur du pays.
Alors que pour un homme venant fraîchement d’accéder à la tête de son pays, la logique aurait voulu de le voir en tournée à l’arrière-pays en guise de remerciement au peuple qui l’a élu, mais aussi renforcer sa légitimité après sa « victoire électorale » jusque-là contestée par l’église catholique, la coalition Lamuka et une bonne partie de l’opinion publique congolaise. Ce rôle a été étrangement mais parfaitement joué par Martin Fayulu, candidat officiellement déclaré malheureux.
Félix Tshisekedi semble donner priorité à la bataille diplomatique auprès de ses homologues africains, lesquels avaient boycotté la cérémonie de son investiture!
En effet, après le Kenya où il s’y est déjà deux fois, la Namibie, l’Ouganda et le Rwanda, le président congolais est annoncé en ce début de semaine, au Sénégal où il va rencontrer son homologue – le président Macky Sall qui vient de briguer son second mandat, avant de s’envoler aux États-Unis d’Amérique; sa première visite en dehors de l’Afrique. Il sera à l’occasion reçu par Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain.
Personne ne peut reprocher le président d’un si vaste et riche pays de nouer les contacts diplomatiques, mais il est curieux, dans le contexte d’une certaine méfiance au sein de la population, qu’il ignore complètement ses concitoyens et se livre essentiellement à la quête de reconnaissance internationale, déplore un analyste politique.
Pire, le voyage d’un président de la République requiert la mobilisation de ressources de nature à creuser le trou au trésor public, car en dehors de la location d’un jet pour sa délégation, il faut prévoir les frais consécutifs au déplacement et au séjour de l’équipe d’avance, fait remarquer un cadre de la BCC, Banque Centrale du Congo.
« (…), le président voyage presque chaque semaine à l’étranger. Et ce, au coup de plusieurs centaines de milliers des dollars ; en ce moment où la grogne sociale gangrène , notamment l’administration publique. Le président aurait dû s’investir d’abord à résoudre les problèmes sociaux et sécuritaires qui minent notre pays. Mais, nous constatons qu’il peine à déplacer l’État Major général de l’armée à l’Est du pays comme il l’avait promis pendant sa campagne électorale », s’est confié un député du FCC.
« Le congolais ne mangera pas la diplomatie. En plus, ce n’est pas les multiples voyages diplomatiques qui changeraient la situation au pays. Il peut voyager, mais tant que l’épineux problème de la vérité des urnes ne sera résolu, il ne fera rien », s’est confié pour sa part, un communicateur de Lamuka ; soulignant par ailleurs, que le président élu – Martin Fayulu avait fait le tour de quelques provinces , avant d’entamer sa tournée Euro-americaine.
« On savait que les chefs d’État africains ont coutume d’aller requérir leur légitimité ailleurs, mais rien ne sert de traiter les symptômes au lieu de s’attaquer aux causes génératrices de ceux-là. Ce temps est presque révolu, car le congolais alamuki , entendez le peuple s’est réveillé », pense Me Jean K. Minga, juriste et consultant de politiquerdc.net.
Rédaction