Pays au centre de l’Afrique , et à l’image d’autres Nations Africaines, la République démocratique du Congo – constitue la symbiose de toutes les richesses dont regorgent le sol et le sous-sol du continent. C’est un véritable scandale tant géologique qu’écologique par l’importance de sa faune, de sa flore, de ses ressources halieutiques et agricoles, et surtout de la diversité des potentialités économiques que tout ce patrimoine naturel lui confère.
En dehors de ces atouts uniques, il faut relever que le pays possède l’un des fleuves le plus long au monde et une forêt qui par la diversité de ses essences, constitue aujourd’hui, l’une des grandes réserves mondiales de régulation de l’écosystème.
Nonobstant l’accumulation de toutes ces richesses, la capacité d’en assurer une gestion harmonieuse et responsable constitue un défi auquel ceux qui sont appelés à conduire le peuple vers les lendemains meilleurs font cruellement et honteusement défaut.
Il ne manque donc à la RDC que des hommes et femmes possédant une certaine vision et une conviction profonde pour la transformer en paradis terrestre. Et pourtant, avec un climat tropical, la RDC dispose d’une population essentiellement jeune, dynamique et mieux formée dans plusieurs domaines ne demandant qu’à obtenir des opportunités pour faire valoir leurs mérites et contribuer à la mise en valeur de toutes les différentes richesses du pays.
Nul besoin de rappeler qu’en ce qui concerne notre pays, la République démocratique du Congo, à l’issue d’une période chaotique parsemée par des guerres récurrentes dont la dernière a été menée par l’AFDL – un conglomérat d’aventuriers non autrement identifiés – soutenue à bout de bras par nos pays voisins conduits en tête desquels le Rwanda, s’est trouvée embarquée dans une parodie de démocratie qui a vu le président Joseph Kabila succéder à son prédécesseur, assassiné étrangement en 2001 au palais présidentiel.
Aucune enquête sérieuse n’a été menée pour élucider cet homicide qui a ouvert grandement le boulevard du pouvoir
au jeune kabila.
En effet, propulsé à la tête de cet immense territoire dont la superficie vaut 80 fois celle de son ex-puissance coloniale, Joseph Kabila arrive à Kinshasa en 1997 et quatre ans après, il a réussi un exploit fulgurant de devenir, sans aucune expérience politique, ni celle du pays et sans aucune connaissance du peuple et de son histoire, le locataire du palais de la Nation, sur lequel il trône en maître absolu !
Pour le commun des congolais, Kabila passait à leurs yeux pour un parfait inconnu, un OVNI, dénué d’un cursus scolaire ou académique traçable, ni expériences professionnelles vérifiables.
C’est un fantôme. C’est donc sur lui que va porter le choix des occidentaux pour lui confier les rênes de ce grand pays, estimant à tort qu’il représentait une chance unique de pacification et de stabilité nationales.
Lors de son accession au pouvoir, le pays n’est qu’un quasi-Etat, car les pans entiers du territoire échappent au contrôle du pouvoir central de Kinshasa.
Des mouvements rebelles administrent chacun, en toute autonomie, une partie du territoire sous leur contrôle.
Pour desserrer l’étau qui ne faisait que se resserrer autour de lui, Joseph Kabila est obligé de négocier et de concéder – la mort dans l’âme – le partage d’un pouvoir dont il venait de découvrir les délices.
Sous la double pression de la communauté internationale et de l’opinion politique interne, il est contraint à une cohabitation avec les anciens belligérants qui débouchera sur l’organisation des élections législatives, provinciales et présidentielles en 2006.
A l’issue d’un scrutin émaillé de fraudes massives, confirmées par ailleurs par des témoins occidentaux, il est élu président, et, fidèle à une technique qui lui avait si bien réussi en 2006, il la réédite en 2011 et remporte, une nouvelle fois, le scrutin.
Depuis lors, à chaque échéance électorale, Joseph Kabila, si habituellement avare en paroles, va s’adonner à un nouvel exercice, tenir – sous la pression de son entourage – des promesses qu’il ne pourra jamais honorer et répandre des slogans fumeux.
C’est une nouvelle forme de gouvernance qu’il inaugure, privilégier les effets d’annonce en vue de s’attirer la sympathie de la population. Toutes les promesses qu’il annonce ne sont destinées qu’à lui accorder un répit face à la menace qui guette son pourvoir, et le saupoudrage dont il entoure le processus démocratique en vue de s’en approprier la paternité, relève de ses stratégies cyniques de son maintien au pouvoir.
On l’a vu, tout au long de son règne, tous ceux qui ont représenté un danger à sa boulimie dictatoriale ont été soit forcés à l’exil, soit jetés en prison sur base des dossiers judiciaires montés de toutes pièces par une justice qui lui est inféodée, soit aussi par des assassinats ciblés.
Il convient de rappeler, afin de relever les effets d’annonce du régime, que dès 2006, comme si le déficit démocratique ne se ressentait que dans les sphères présidentielles, législatives et provinciales, celui-ci s’est étendu à d’autres niveaux de pouvoir.
En clair, malgré les prescrits constitutionnels, il n’ a jamais eu les élections au niveau local (territoires, collectivités, etc.).
Les slogans des « cinq chantiers » et « de la révolution de la modernité » seront médiatisés à grand renfort publicitaire à travers les chaines de radiodiffusion et de télévision nationales, les journaux proches du pouvoir et les affiches publicitaires vantant tous les mérites du Raïs.
Entretemps, les contrats signés avec les firmes chinoises dans la plus grande opacité, et au terme desquels ont été hypothéquées les productions de plusieurs années de nos produits miniers, ont galvanisé le pouvoir au point de promettre la construction des routes devant relier le Nord au Sud et l’Est à l’Ouest.
Le rêve est permis et le peuple applaudit. Ce balai tapageur s’est malheureusement limité à quelques travaux superficiels de voiries urbaines et de mineures réfections de bâtiments publics, modestement surfacturés à raison de 1 à 2000.
Les besoins primaires de la population comme l’eau et l’électricité, (dans un pays qui possède l’un des plus grands barrages hydro-électriques au monde et d’importantes sources d’eau) – sans parler de la nourriture – ne font nullement l’objet des préoccupations du gouvernement et le délestage quotidien de l’énergie électrique sur l’ensemble des provinces a été vulgarisé et introduit dans le vécu quotidien du citoyen.
L’insécurité est restée permanente et généralisée à l’Est, et malgré l’assistance des troupes onusiennes, les supplétifs de l’armée rwandaise – déguisés en groupes rebelles – du CNDP, puis du M-23, bien qu’ayant joué un rôle majeur dans la déstabilisation de cette partie de notre pays, ont vu leur participation à cette action récompensée par leur incorporation, via une mascarade d’opération de mixage, dans les rangs des FARDC au sein desquelles ils ont été promus aux grades supérieurs.
La résurgence artificielle de nouveaux foyers de tension dans la région du Kasaï, autrefois épargnée par l’instabilité et les tueries de masse, l’insécurité y a entrainé dans son sillage, son lot des déplacements des populations, des assassinats systématiques de ceux qui s’opposent au pouvoir de Kabila et semant la désolation et la famine parmi les enfants qui meurent aujourd’hui, dans l’indifférence totale du gouvernement central.
Et quand le monde se mobilise pour limiter les effets de cette catastrophe humanitaire, le pouvoir de Kinshasa s’active à décourager les donateurs potentiels à prendre part au sommet prévu pour cette cause.Incroyable réalité congolaise! Le massacre et la détention arbitraire des manifestants sont perpétrés tant à Kinshasa qu’à l’arrière-pays en toute impunité, sans aucun respect des droits humains ni organisation des procès équitables. Les enquêtes sont promises pour élucider tel ou tel cas, en l’occurrence, celui des fosses communes de Maluku!
Construites sous la colonisation pour un nombre limité de détenus, les prisons ne répondent plus aux conditions de détention de la population carcérale qui s’est fortement accrue ces dernières décennies, et plusieurs d’entre eux, faute de procès, ont réussi à s’évader afin d’échapper aux affres du génocide planifié dans les milieux carcéraux, transformés en mouroirs.
En dépit des promesses faites par le président Kabila – sous le slogan de finie la récréation – de déférer devant les juridictions tous les délinquants qui pillent les biens et deniers publics, qui tuent et violent impunément, au point d’affirmer que les maisons d’arrêt risquaient d’être asphyxiées, on s’est finalement rendu compte aujourd’hui, que les seuls « délinquants » qui peuplent les prisons sont recrutés parmi les opposants et les activistes des droits de l’homme ainsi que ceux de la société civile, farouchement opposés à subir une gestion caporaliste et calamiteuse de l’état.
Cette annonce, qui s’ajoute à tant d’autres faites à plusieurs occasions, démontre la perfidie d’un homme dont le principal mérite consiste d’endormir la communauté nationale et internationale par des propos lénifiants alors qu’en réalité, au fond de lui, il sait pertinemment bien qu’il orienterait son action dans un sens opposé.
Depuis qu’il trône à la tête de l’Etat, aucune promesse faite par le président Kabila au sujet des investissements à réaliser n’a jamais été respectée, à l’exception de celles dans lesquelles des projets leur sont profitables, lui et son clan, par d’importantes commissions.Le triste cas de Bukanga Lonzo est assez édifiant à ce sujet.
Systématiquement, tous les autres projets qui peuvent avoir un impact réel et direct sur la vie des citoyens sont carrément sabotés. On peut notamment citer la construction du barrage de Katende au Kasai, la construction des routes ayant fait l’objet des contrats léonins avec les chinois, etc.
Alors qu’on pouvait espérer que le deuxième mandat – également émaillé des fraudes massives et dénoncé par l’ensemble de la classe politique acquise au changement – allait marquer une nette démarcation avec le premier, des nouveaux slogans tels celui vantant la révolution de la modernité, viendront grossir la panoplie déjà fournie des slogans fumeux mais dont les retombées qu’on aurait pu en attendre n’ont jamais été constatées.
La révolution de cette modernité se traduira en fait, par l’acquisition à des coûts extrêmement scandaleux, des vieux aéronefs affectés à l’exploitation des lignes intérieures par Congo Airways, la construction d’un immeuble dit intelligent, non prévue dans le budget soumis à l’approbation de l’autorité budgétaire, afin d’abriter les ministères du gouvernement, les travaux de rafraichissement des murs de certains bâtiments publics, etc. tous inaugurés en grande pompe et à coup de médiatisation outrée à la mémoire du Raïs.
Comme on pourra s’en rendre compte, la politique menée par le Président Kabila depuis plusieurs années s’appuie sur l’effet d’annonces pompeuses destiné à distraire le peuple en vue de lui cacher les véritables desseins qu’il poursuit sans relâche et avec un cynisme cruel.
C’est diablement démagogique!
Arrivé au terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Joseph Kabila qui n’attendait pas passer le témoin – de manière civilisée – ainsi qu’il est prévu par notre loi fondamentale, va susciter un dialogue auquel il s’est curieusement abstenu de prendre directement part.
Eden Kodjo, l’ancien premier ministre togolais, va piloter celui-ci en septembre 2016 et il va se heurter à la résistance d’une frange importante de l’opposition.Ici, malgré les résolutions issues de ces assises, le constat est celui de l’impasse politique.
La Cenco sera stratégiquement mise à contribution pour assurer la médiation politique entre la MP, l’opposition et la société civile. Cela, malgré la nomination (inopportune) de Badibanga à la Primature et de la mise en place de son gouvernement. Cette gesticulation n’empêchera pas les travaux du centre interdiocesain de continuer et le 31 décembre, ils vont accoucher d’un texte appelé « accord global et inclusif » de la Saint-sylvestre.
La mise en application de cet accord âprement négocié s’est heurtée à l’obstacle Kabila. C’est Tshibala qui sera promu premier ministre en vue d’organiser les élections fin 2017.
Au moment de passer à l’action, le pouvoir s’est perdu en conjectures et, avec la bénédiction de la diplomatie américaine, Kabila et les siens vont obtenir un sursis supplémentaire d’un an.
Depuis lors, on constate qu’une certaine mobilisation des forces régionales s’expriment ouvertement avec l’appui de la France sur le cas de la République Démocratique du Congo appelant le président Kabila à tout mettre en œuvre pour organisation des élections présidentielle,lesgislatives et provinciales dont il ne doit pas être candidat conformément à la constitution et à l’accord de la CENCO.
Quoiqu’il en soit, le peuple congolais sait maintenant que son avenir repose sur sa capacité à se prendre en charge par des actions citoyennes destinées à affaiblir le dictateur et de fédérer toutes les énergies positives émanant de toutes les couches sociales, pour lui montrer la voie de sortie – pacifique de préférence mais sans exclusive – que de rester aujourd’hui condamné à une mort lente.
Autrement, l’avènement d’une alternance démocratique civilisée à la tête de notre pays risque de rester un rêve où se succèdent les scénarii de slogans creux!
Dr Mbungani Jean-Jacques
Consul honoraire de la RDC en Belgique.