La RDC est à son troisième cycle électoral, ponctué chaque fois par le même lot de contestations, et comme au premier cycle de 2006, recours devant la haute cour de justice et le verdict toujours dans le même sens, favorable au pouvoir.
Ainsi, ce que l’on redoutait s’est intégralement produit. En conséquence, face à l’arrêt rendu par une cour constitutionnelle qu’il considère phagocytée par un homme – Kabila – allié à son concurrent, Martin Fayulu n’a eu d’autres choix que de s’auto-proclamer vainqueur du scrutin présidentiel et donc, Président de la république, à l’appui des résultats présentés par la sérieuse et impartiale église catholique, des témoins de Lamuka et d’autres missions d’observation, notamment celle de l’Union Africaine.
Il s’est prononcé juste après le verdict de la cour constitutionnelle .
« Je me considère désormais comme le seul président légitime de la RDC. Dès lors, je demande au peuple congolais de ne pas reconnaître tout individu qui se prévaudrait illegitimement de cette qualité ni d’obéir aux ordres qui emaneraient de lui. Je demande par ailleurs , à l’ensemble de la communauté internationale de ne pas reconnaître un pouvoir qui n’a ni légitimité ni qualité légale pour représenter le peuple congolais (…) », a-t-il déclaré.
Martin Fayulu invite ainsi le peuple congolais de protéger sa victoire, en se prenant en charge, par l’organisation des manifestations pacifiques sur toute l’étendue du territoire national, conformément à l’article 64 de la constitution, en vue de méconnaître la victoire frauduleusement acquise par Felix Tshisekedi .
À tout considérer, la situation politique post-électorale actuelle ressemble à celle de 2011, à quelques exceptions près. La présidence de la république est revendiquée par deux hommes.
En effet, en 2011, Joseph Kabila était le vainqueur officiel et porté à bout des bras par la communauté internationale, alors que certaines missions d’observation à l’image de la Cenco donnait Étienne Tshisekedi vainqueur des urnes – au regard des résultats recueillis sur le terrain et soutenu par le peuple.
Là s’arrête la similitude, car cette fois-ci, le vainqueur déclaré est dépourvu à la fois de l’indispensable soutien international et celui du peuple. À l’inverse, le peuple et la quasi-totalité du monde libre s’alignent derrière Martin Fayulu . Autrement dit, le pouvoir de Kinshasa est isolé au plan interne comme externe
La question que l’on peut raisonnablement se poser est de savoir comment Felix Tshisekedi – soutenu malgré tout par le président sortant – pourrait gérer le pays sans le soutien populaire ni l’appui international ?
Dans ces conditions, la RDC s’acheminerait vers une crise politique – encore une – de nature à déboucher probablement sur une transition politique, sinon sur une incertitude!
Jean Médard LIWOSO