Les habitués du boulevard du 30 juin ont assisté ce lundi 29 octobre 2018 à un spectacle inhabituel. Un impressionnant charroi automobile essentiellement composé de camions militaires a traversé la ville de Kinshasa avant de s’arrêter devant l’immeuble abritant le siège de la commission électorale nationale indépendante (CENI).
Le bureau de la centrale électorale a donc réceptionné, ce jour, un lot de matériels roulants du gouvernement de la RDC, destinés au transport des différents kits électoraux vers les centres de vote, répartis sur l’étendue du territoire national.
On y dénombre au total, :
– 150 camions de type et de couleur militaire,
– 150 pick-up,
– 7 hélicoptères et
– 10 avions.
D’aucuns ont vu, à travers cette démonstration, la détermination du gouvernement d’aller – cette fois-ci – jusqu’au bout du processus électoral. C’est le cas du vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, Henri Mova Sakanyi, qui ne s’est pas privé de saluer la détermination du président sortant, Joseph Kabila, de tenir les élections suivant le calendrier publié par l’administration électorale.
À cette occasion, Corneille Naanga, président de la CENI, a remercié le gouvernement de la République d’avoir tenu parole.
En dépit de ce satisfecit des autorités, les analystes restent pessimistes quant à la tenue des élections à la date prévue. Ce matériel est certes une avancée au processus, mais sa livraison ne suffit pas à évacuer le doute qui plane sur le respect du chronogramme de la CENI et surtout sur le caractère transparent et apaisé que doivent revêtir les scrutins en vue.
Pire, l’enthousiasme débordant de certains est ralenti par le défaut de décaissement, par le gouvernement, de plus des 100 millions de dollars à la CENI.
En plus de ce souci, la question de la machine à voter et du fichier électoral corrompu n’est toujours pas réglée.
Au sujet des camions prétendument remis ce jour à la CENI, il semble qu’ils servent de leurre à la détermination du gouvernement, car c’est un vieux lot qui traînait depuis des années, pour partie dans une ferme et pour une autre, dans un camp militaire.
Aujourd’hui, on le présente comme engins acquis pour les besoins électoraux. En témoigne, la panne technique de quelques engins sur le parcours allant du boulevard Lumumba à celui du 30 juin. Nombre de ces véhicules doivent passer par le garage pour le nécessaire entretien pour être opérationnels.
Une source interne à la CENI pense que la présentation des véhicules militaires et des avions est une stratégie politique destinée à faire croire à l’opinion que le pouvoir sait tenir ses engagements logistiques et financiers, maintes fois rappelés dans les discours officiels par les autorités du pays.
Dossier à suivre !
Rédaction