La coalition au pouvoir peine à se mettre d’accord sur ses représentants censés occuper les portefeuilles au sein du prochain gouvernement. En tout cas, c’est la moindre des conclusions que l’on puisse tirer à la suite des tractations interminables qui se déroulent depuis plus de 7 mois après l’investiture du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi.
Alors que d’aucuns ont semblé croire que les choses iraient un peu plus vite après l’attente déjà trouvée autour de la taille et de la répartition des postes ministériels pouvant composer le prochain gouvernement (ndlr : 65 postes dont 42 pour le FCC et 23 pour le CACH), le ciel semble encore loin, peut être encore très loin de s’éclaircir pour déboucher à la mise en place effective du gouvernement qui devrait faire face aux nombreux défis, notamment économiques, sécuritaires et sociaux, dans un pays ruiné par la crise de légitimité du pouvoir issu des élections de 2018.
En effet, dans un communiqué publié, ce vendredi 16 août 2019 à Kinshasa, le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a annoncé avoir renvoyé les listes des candidats ministrables à leurs expéditeurs – le FCC et le CACH – pour une harmonisation jusqu’à ce samedi 17 août. Même si le communiqué ne donne pas assez de détails sur les contours de cette énième étape à franchir, tout porte à croire que le prochain locataire de la primature aura rencontré des obstacles au sujet de ses 10 critères édictés dans le fil conducteur préalablement remis aux ténors de deux plateformes politiques. Le premier ministre serait opposé au travail fait par les dirigeants de deux coalitions. Au – delà des réclamations des candidats non retenus sur les listes, ses critères n’ont pas été totalement respectés. Une triste réalité qui pourrait encore bloquer la machine.
Mais quelle marge de manœuvre pour Ilunkamba ?
L’homme qui affiche une certaine volonté en dépit de son âge avancé – 73 ans- à vouloir changer les choses pour le bien être de la population n’a pas de marge de manœuvre pour transiger avec la volonté de sa coalition,le FCC. Il peut tout faire, mais n’aura pas à contredire une liste qui lui serait imposée par sa famille politique, le FCC ni celle provenant du CACH.
En réalité, Joseph Kabila et Félix-Antoine Tshisekedi qui sont les vrais metteurs en scène de la situation politique actuelle en RDC sont aussi les seuls acteurs qui peuvent résoudre l’équation. Retourner les listes à leurs expéditeurs ne pourrait rien changer. Le premier ministre ne pourra rien faire sans le dernier mot des autorités morales de deux plateformes.
Qu’à cela ne tienne, même si par hasard les choses venaient à s’accélérer d’ici la semaine prochaine, il faudrait aussi s’attendre au filtrage éventuel du président de la République. Ce dernier qui devra certainement répondre à deux équations : la pression de la base de son parti qui demeure hostile aux anciennes figures des caciques du pouvoir sortant d’une part, et répondre aux impératives de l’accord avec Joseph Kabila – son prédécesseur- d’autre part.
C’est cela qui fait dire à beaucoup d’observateurs de la société que la sortie du gouvernement n’est pas une affaire de si peu de jours !
Constant Mohelo