Avoir l’ambition de diriger un pays n’est pas une maladie honteuse, mais l’ambition seule n’est pas suffisante pour prétendre occuper le fauteuil présidentiel d’un pays immense et en proie à une crise multiforme. Et c’est avec raison que le législateur a bien pris soin de définir le profil nécessaire pour y accéder. Mais dans la pratique, on assiste plutôt des réalités diverses. Loin de se contenter d’une certaine popularité dont il hérite du nom de son défunt père, Félix Tshisekedi semble encore loin de répondre à la qualité de l’homme de situation pour la République Démocratique du Congo.
Le président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) a souvent été la cible de nombreuses critiques en raison de son profil inapproprié au poste, pour relever le défi, au terme des 18 ans de règne de Joseph Kabila, à la tête de la RDC.
En effet, l’inexpérience et l’absence du cursus académique de Felix Tshisekedi maintes fois décriés par ses détracteurs semblent plaider en sa défaveur. Ceci a été plus patant lors de sa dernière sortie médiatique sur Radio Top Congo FM, où il a prouvé qu’il est loin de correspondre au profil de l’oiseau rare recherché en cette période particulière.
Intervenant le vendredi dernier dans un magazine électoral sur les antennes de la radio susvisée, Félix Tshisekedi a simplement étalé son déficit au moment d’annoncer les premières mesures s’il devait d’aventure accéder à la magistrature suprême. Face à cet exercice fort banal pour tout candidat, Felix Tshisekedi a tout déclaré qu’il n’est pas question d’emboîter le pas aux autres, car n’ayant pas encore la maîtrise de la situation. Autrement dit, il n’a qu’une idée vague de la fonction visée.
« (…), vous savez, tant que l’on n’est pas encore aux affaires, il ya de choses que l’on ignore et que l’on découvrira. On a beau s’entourer d’une meilleure expertise, mais il faudra avoir sa propre compréhension. De nous tous, il n’y a que Joseph Kabila – le président sortant – en poste depuis 17 où 18 ans qui en sait quelque chose. Personne d’autre n’a l’expérience de président de la République. Il n’y a que Joseph Kabila qui peut dire qu’il fera ceci ou cela. À part lui, il n’y a personne d’autre. Ce qui est sûr est que si je suis élu président, je fermerai tous les cachots de l’ANR, de la DEMIAP et consorts, car c’est avilissant », s’est-il confié, en balbutiant à la question précise du journaliste.
Étrange aveu de faiblesse, suivi d’admiration à Joseph Kabila qu’il prétend pourtant combattre.
La question que d’aucuns se posent est de savoir si Felix Tshisekedi a la moindre idée sur l’ordre de priorités pour la survie d’un État? Aussi, est-ce qu’il est réellement au courant des raisons fondamentales de l’existence de ces lieux de détention? Au lieu de les fermer, ne peut-il pas envisager de leur assigner les rôles qui leur sont dévolus dans un État démocratique ?
Un autre intervenant sur les mêmes antennes – Tryphon Kinkey Mulumba pour ne pas le citer – candidat président issu de la MP, mais ayant désisté en faveur de Felix Tshisekedi a affirmé la semaine passée que les experts du Cach étaient encore au niveau de l’élaboration du programme commun de gouvernement de cette plateforme formée par les deux dissidents de l’accord de Genève.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, au lieu d’avoir initialement un programme électoral à l’appui duquel on va séduire l’électorat pendant la campagne, les sociétaires de Cach font l’inverse. On réalise alors pourquoi Felix Tshisekedi a été confus dans son propos et surtout, que le tandem FatshiVit s’est épuisé dans les meetings à ne parler que du mal de Martin Fayulu et de Lamuka.
De nombreux analystes n’hésitent pas à dire que voir Felix Tshisekedi succéder à Joseph Kabila à la tête du grand Congo, serait un risque énorme pour l’avenir de la RDC et de son peuple.
Constant Mohelo