C’est aujourd’hui la date anniversaire – le 22ème précisément – de l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération, AFDL en sigle, dans la ville de Kinshasa après avoir parcouru la RDC d’Est en Ouest. À leur tête, ce fût un certain James Kabarebe, commandant rwandais qui devint ensuite chef d’état-major.
Ce jour-là, les forces armées congolaises (FAZ) de Mobutu, totalement démotivées, ont refusé de combattre et certains chefs ont préféré négocié la reddition à ce groupe armé hétéroclite et conduit par Laurent-Désiré Kabila.
De nombreux collaborateurs du Maréchal Mobutu – considérés dès lors comme traitres – avaient préféré prendre la poudre d’escampette, abandonnant ainsi le vieux Léopard physiquement affaibli par la maladie, face à la progression de l’ennemi. Dans le lot, seul le groupe de soldats de la DSP a osé résister, mais n’a pu tenir plus de vingt-quatre heures après le départ du commandant suprême de Kinshasa vers Gbadolite.
Dans la suite, le boulevard de la victoire était grandement ouvert, car sans la moindre résistance en face, Kinshasa – le centre du pouvoir politique – était devenu une proie facile. Le reste n’était qu’une simple formalité et ces kadogo chaussés de bottes de pluie ont pris le contrôle de la RDC. Laurent Désiré Kabila s’est aussitôt proclamé – depuis Lubumbashi – chef de l’Etat du pays, rebaptisé pour l’occasion « La RDC ».
Le 20 mai, il est arrivée dans la soirée, soulagé mais méfiant.
C’est à 19h que son avion s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili. Tailleur sombre et arborant un large sourire, le M’zee (Le vieux ou le sage, en Swahili) s’est extirpé le premier de l’appareil, suivi de ses proches. Au pied de l’avion, le protocole a limité le nombre d’invités, réduits au pré-carré des proches, officiers et des jeunes soldats ayant pris la capitale trois jours plus tôt ont été triés sur le volet pour saluer l’ancien maquisard.
Sur la route allant de l’aéroport au centre Ville, le cortège a été joyeusement salué par la population, aux cris de Kabila, le libérateur !
Dans les jours qui ont suivi, la liesse populaire a fait place à l’inquiétude devant le comportement des soldats rwandais. Transformant le pays en terre conquise, ces individus venus d’ailleurs ne s’interdisaient rien. Ils quadrillaient la ville et à chaque coin d’avenues, ils administraient la chicotte aux congolais au moindre écart de conduite. À ces intimidations, s’ajoutaient l’embarquement des véhicules et de tout ce qui avait de la valeur dans les avions vers une destination inconnue.
C’est dans la foulée de ces actes barbares, que le nouvel homme fort du Congo va décider de renvoyer les forces étrangères du territoire national, acte salué par la population et qui lui a valu immédiatement la confiance et le soutien du peuple, face à l’hostilité de ses anciens alliés rwandais et ougandais. Ceux-ci lui ont déclaré la guerre un jour après. La rapidité de leur action prouve que leur action n’avait rien de spontané. C’était une conspiration déjà au point.
Le Rwanda a mis en place un prétendu mouvement rebelle – le RCD – infesté des éléments de de son armée régulière et de quelques laquais congolais tandis que l’Ouganda appuyait de son côté le MLC. Attaqué sur plusieurs fronts, Kabila a tenu bon grâce au soutien du peuple et aux aides militaires de la SADC.
En 2001, suite à son isolement diplomatique et particulièrement son insoumission envers les USA et son insubordination à l’endroit des anciens alliés Rwando-ougandais, le président Laurent Désiré Kabila sera assassiné dans son bureau, selon la version officielle, par Rachidi, son garde du corps. Celui-ci aurait été lui-même abattu par un autre garde. Le procès n’a pas permis d’élucider cette sombre affaire!
Plusieurs questions sont permises aujourd’hui. À qui ce crime a profité? La RDC est-elle réellement libérée et démocratique ?
Récit de : Yves Nsiala et Jean K. Minga (analyse politique et consultant de politiquerdc.net)