Malgré tous les discours demobilisateurs sur l’impossibilité de l’organisation des élections conformément au calendrier électoral publié par la CENI, le PPRD,parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, visiblement conscient des enjeux politiques de l’heure en RDC est en pied d’oeuvre en perspective justement de ces élections prochaines encore hypothétiques aux yeux d’une certaine classe politique.
La tournée politique amorcée depuis quelques semaines par le secrétaire permettant du parti principal au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadari illustre bien la détermination du régime de Kinshasa de vouloir conserver le pouvoir. Et donc rien d’anormal.
Pré-campagne électorale du PPRD ?
Le calendrier électoral publié par la CENI fixe le début de la campagne électorale pour les trois élections du 22 novembre au 21 décembre 2018. Toutefois, la législation Congolaise n’interdit pas à un parti politique d’organiser les activités de redynamisation et de sensilibisation de ses membres avant, pendant où après la période électorale.
Et donc, normal pour le PPRD dans la mesure ou un parti politique responsable, ambitieux doit toujours sensibiliser sa base, la mobiliser davantage à chaque fois que l’occasion se présente.
Simplement ici le contexte semble assez particulier.
En effet, pendant que les autres forces politiques, notamment celles de l’opposition continuent à se distraire par des dénonciations sur des rumeurs persistantes faisant état, d’une certaine probable éligibilité du président sortant au prochain scrutin présidentiel où au probable report des élections de décembre prochain, la majorité présidentielle avec le PPRD en tête prend de l’avance sur le terrain à travers la mobilisation de sa troupe.
Une tournée politique qui témoigne apparemment la détermination de la famille politique de Joseph Kabila d’aller aux élections tant attendues par le peuple congolais et ce, en dépit de soupçons propagés dans l’opinion publique.
Pour bien joger et tenter de convaincre, le PPRD a choisi d’abord d’affronter les provinces théoriquement acquises à l’opposition.
Après Kinshasa, ville ayant voté massivement, soit presque à 80% en 2006 pour Jean-Pierre Bemba et à plus ou moins 70 % en 2011 pour feu Étienne Tshisekedi à la présidentielle, c’est maintenant l’étape du Grand Équateur, un autre fiel naturel de l’ancien vice-président de la République,Jean-Pierre Bemba. Il faut signaler ici que malgré l’absence physique au pays du sénateur Bamba, son parti le MLC avait gagné au moins 16 sièges des députés nationaux dans le Grand Équateur sur un total de 23 élus sur l’ensemble du territoire national.
C’est ici que le PPRD vient justifier sa gestion du pays depuis plus de 15 ans et promettre les autres projets à ce même peuple qui n’aura rien ,alors pratiquement rien retrouvé son compte sous la gestion du régime en place , à en croire la dégradation de la situation socio-économique de ces dernières années caractérisée par l’absence des routes, l’électricité, l’eau, l’emploi doublée de l’état de delabrement des infrastructures sanitaires et autres.
Mais là n’est pas du tout le problème,car en politique tout est possible. On peut toujours avoir un discours pour convaincre surtout lorsque l’on a la possibilité de communier avec ce peuple.
La communication étant un des éléments essentiel dans la conquête du pouvoir.
Et, le PPRD aura compris qu’il était important de renouer ses contacts avec la population et surtout à partir des zones politiquement hostiles au régime.
Mais dans tout ça, le parti présidentiel ne perd rien. Bien au contraire, à chaque passage, il parvient à dissuader les obstacles,mais surtout à grignoter le probable électorat de l’opposition.
Et oui , parceque certains de ceux qui se mobilisent pour l’écouter à coup d’argent où pas, une fois captivés ,ils changent parfois facilement de position en faveur du camp de la Kabilie.
Véritable défi pour l’opposition!
Après les deux expériences électorales de 2006 et 2011, le peuple congolais semble devenir assez vigilant et mature.
À suivre certains témoignages, ce peuple serait prêt à sanctionner tout le monde.
C’est-à-dire qu’il ne suffirait pas seulement de se déclarer candidat de l’opposition pour gagner d’office la confiance de ce peuple au regard d’une certaine transhumance politique observée ces dernières années au pays.
Ceux de l’opposition qui se disaient hier défendre les intérêts de la population, Ils n’ont jamais tenu parole.
Devenus membres du gouvernement par voie d’arrangement politique,ils ont parfois (opposants) fait pire que l’on puisse imaginer. Ils se sont compromis vis-à -vis de ce peuple donnant ainsi de la matière au pouvoir de Kinshasa.
Et dans cette optique, Shadari n’a pas hésité par exemple d’appeler les militants de l’opposition à Boende dans la province de Tshuapa où à lisala dans la Mongala à venir adhérer au PPRD, en leur disant que beaucoup de leurs leaders de l’opposition avaient déjà rejoint la famille de Kabila et qu’il n’était plus nécessaire d’être divisés dans la perception des choses.
La démarche de la majorité consistant à former une méga alliance politique avec ceux qui se font appeler « opposants membres du gouvernement » conforte bien le discours de Ramazani Shadari.
Lui qui avait déjà prévenu que son parti fera une campagne à l’Américaine. Il n’avait pas du tout menti.
Avec un avion nouvellement achevé et jouissant bien évidemment des subsides de l’état à travers ses multiples membres occupants des postes étatiques,le PPRD n’entend pas du tout échouer aux prochains scrutins.
D’ailleurs des sources recoupées, comprenant la distraction de l’opposition, Joseph Kabila aurait demandé à tous ses lieutenants lors de la dernière réunion tenue le dimanche dernier dans sa ferme privée à kingakati de se déployer sur terrain pour préparer leurs bases respectives afin de gagner les élections à tous les niveaux le 23 décembre 2018.
Par l’occasion,le président sortant aurait exhorté sa troupe à ne pas se faire de souci sur la question du dauphin qui pourrait être présenté au moment opportun.
Pour tout dire, gagner une élection procède avant tout d’une bonne préparation. Procéder autrement, peut déboucher à un échec.
Mieux vaut tard que jamais dit-on, l’opposition devrait rectifier les tirs pour contourner toute surprise pendant les élections qui se pointent à l’horizon.
Ainsi pour relever le défi de la popularité, dans un état qui se veut démocratique, l’opposition devrait cesser avec des Jérémiades et chercher peut être aussi à affronter les provinces théoriquement acquises à la majorité avant d’arriver à la période proprement dite de la campagne électorale. Car généralement, pendant la campagne électorale, certains candidats ont toujours éprouvé de difficultés de circuler librement dans certains coins du pays. Voilà pourquoi, il s’avère plus que indispensable d’en profiter en ce moment.
Constant Mohelo