« … Totalement déconnecté des réalités du pays et ne se souciant nullement des préoccupations des congolais, Joseph Kabila tire cyniquement de sa gestion chaotique un bilan personnel de réussite et une autosatisfaction qui contrastent gravement avec la misère dans laquelle croupissent des millions de congolais, l’insécurité endémique et généralisée qui sévit dans le pays , particulièrement à l’Est ,la délequescence continue des administrations publiques et l’absence totale de l’autorité de l’État ,la chute des investissements publics et privés , le bradage du patrimoine national ,la crise politique inutile dans laquelle il a plongé la RDC et les incertitudes qui pèsent sur l’avenir du pays », c’est en tout l’un des points de la déclaration rendue publique ce lundi 23 juillet 2018 par l’opposition politique congolaise à Kinshasa.
La déclaration de 4 pages, lue par Delly Sessanga ,secrétaire général de Ensemble pour le changement a été signée conjointement par Eve Bazaiba Masudi, secrétaire générale du MLC, Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS, Pierre Lumbi , président du conseil des sages du rassemblement limete, Martin Fayulu, coordinateur de la Dynamique de l’opposition et Jean Beaudouin Mayo secrétaire général de l’UNC.
En dépit du tableau sombre de la situation générale que traverse le pays, l’opposition ne comprend pas du tout le sens d’une certaine « passion » dont se revendique Joseph Kabila. Le chef de l’état congolais qui avait souligné bien avant de prononcer son discours du 19 juillet dernier devant le parlement réuni en Congrès au palais du peuple qu’il avait de la passion pour le Congo sans pourtant expliciter sa pensée exacte sur ce concept.
L’opposition estime en vérité que la passion de Joseph Kabila pour le Congo , serait un Congo où règne la corruption , le pillage systématique et la patrimonialisation des ressources naturelles ainsi que de l’économie nationale sans la moindre compassion pour les congolaises et congolais.
Et d’ajouter, la passion pour le Congo qu’évoque Joseph Kabila , seraient les scandales financiers de « Panama papers » et de la « BGFI » , le passeport-gate ,la dissipation de plus d’un milliard de dollars de pas-de-porte des contrats miniers , des marchés publics octroyés sans appel d’offre à des proches et à des commissionnaires internationaux , des détournements scandaleux des derniers publics dans l’impunité totale , la distribution des privilèges à ses proches.
Autre passion révèle cette déclaration, serait la chosification des congolais , les violations massives des droits humains et des libertés publiques et des opposants , les tueries des citoyens congolais , les fosses communes , les viols , les crimes de sang, les crimes contre l’humanité au Kasai ,au Kongo central ,au Nord-Kivu et en Ituri.
Enfin,la grande passion pour le président sortant de la République Démocratique du Congo, note l’opposition, c’est aussi l’appropriation de la Commission Électorale Nationale Indépendante, dans le but semble-t-il de poursuivre l’entreprise de se servir au sommet de l’Etat en approvissant les congolais à qui il reprocherait avec ironie faire trop d’enfants.
Exigences de l’opposition
Après avoir peind ce tableau sombre , l’opposition exige, notamment les élections crédibles, transparentes et apaisées qui respectent la constitution, l’accord de la Saint Sylvestre, mais aussi les résolutions 2348 et 2409 du conseil de sécurité des Nations Unies.
Par ailleurs, l’opposition souligne qu’au-delà de la non représentation de Joseph Kabila à la prochaine présidentielle,du reste conformément aux articles 70 et 220 de la constitution qui lui parlent clairement de la limitation de mandat présidentiel et de l’accord de la Saint Sylvestre, elle fera obstacle à tout processus électoral conduit de manière unilatérale par le pouvoir en place et basé sur la fraude ou organisé en violation des droits et libertés des citoyens.
Voilà pourquoi, elle en appelle au nettoyage du fichier électoral, à la mise en œuvre des mesures de décrispation par la libération des prisonniers politiques et le retour de certains exilés politiques , sans oublier le remplacement du délégué de l’UDPS à la CENI.
Unité de l’opposition acquise !
Dans une interview accordée à la presse juste après la lecture de la déclaration commune de l’opposition, Eve Bazaiba Masudi, secrétaire générale du MLC de Jean-Pierre Bemba s’est montrée très optimiste quant à l’unité de l’opposition.
« Si tout dépendait que du MLC et du Front pour le respect de la constitution, nous devrions conclure aujourd’hui que l’unité de l’opposition est déjà acquise… », s’est-elle confiée, avant de poursuivre qu’au-delà de cette unité souhaitée de vive voix par son parti,il faudrait avoir un programme commun de l’opposition afin de contrer celui du candidat de la mouvance présidentielle.
Eve Bazaiba Masudi a par l’occasion, insisté sur la nécessité de renforcer la surveillance électorale lors de prochaines élections. Pour ce faire, elle pense qu’il s’avère indispensable de procéder à la répartition des zones électorales entre les partis politiques de l’opposition, afin d’arriver à bien assurer cette surveillance électorale, c’est-à-dire avoir des témoins partout dans tous les 90 milles bureaux de vote.
Pour Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS, son parti n’ira pas aux élections avec la machine à voter. l’UDPS continue de plaider pour le remplacement de son délégué à la CENI afin de lui garantir une certaine confiance dans le déroulement des élections.
La déclaration commune de l’opposition politique s’est déroulée dans une salle débordée des militants et cadres des partis politiques de toute l’opposition au régime de Joseph Kabila.
Maintenant,il reste à savoir si cette unité encore fragile va perdurer jusqu’aux élections prochaines.
Jean Médard LIWOSO