Joseph Kabila et son régime sont assurés de perdre les prochaines élections -à tous les trois niveaux- à plus de 70 %. Le verdict ressort d’un sondage réalisé par le Groupe d’étude sur le Congo -GEC- en collaboration avec Berci. Berci connu pour sa proximité avec Olivier Kamitatu, le porte-parole de Moïse Katumbi Chapwe, mais à considérer la respectabilité du GEC, institution américaine basée à New-York, il y a quand-même lieu d’accorder tout le crédit à cette étude réalisée en plusieurs séquences pendant toute l’année 2017 et actualisée en janvier et février 2018. Conreille Naanga et sa CENI en sortent disqualifiés. Près de 70 %des personnes sondées ne font confiance ni au président de la centrale électorale ,ni à son institution. Katumbi arrive en tête pour la présidentielle en même temps que le sondage en relief le risque que l’opposition pourtant favorite ne perde suite à un éventuel émiettement des voix.
Mike Mukebayi
(Ci-dessous, quelques extraits sondage. D’autres extraits seront publiés dans nos prochaines livraisons)
Un sondage Politique: Une actualisation d’un processus politique contentieux
Résumé exécutif
Le Bureau d’Études, de Recherches, et de Consulting International (BERCI) et le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York ont organisé une série de sondages politiques représentatifs au niveau national à travers la République démocratique du Congo en août 2017, en novembre 2017 et en février 2018.
Les sondages ont été réalisés afin de mieux comprendre l’attitude du public congolais envers les troubles politiques qu’a connus le pays pendant qu’il se dirige vers les élections. Les résultats indiquent un électorat profondément sceptique envers la commission électorale, 69% des répondants ne lui font pas confiance pour organiser des élections crédibles. Envers le Président Kabila, 80% des personnes interrogées ont une opinion défavorable à son égard. Un total de 74% des répondants soutiennent la position de certaines organisations de la société civile et des partis de l’opposition selon lesquels Kabila devrait quitter le pouvoir avant la tenue des élections.
Néanmoins, le public congolais reste fortement attaché au processus démocratique, avec 95% déclarant qu’ils ont l’intention d’aller voter aux prochaines élections, actuellement prévues pour le 23 décembre 2018. Septante-huit pour cent des répondants soutiennent également les récentes manifestations, dirigées par le Comité Laïcs de Coordination (CLC) de l’Église catholique, qui exige la mise en oeuvre intégrale de l’accord du 31 décembre 2016 signé entre l’opposition et les membres de la mouvance présidentielle.
Si les élections avaient lieu et en supposant que celles-ci soient libres et transparentes, le sondage donne à penser que l’opposition partant gagnante, le risque de les perdre demeure de leur côté. Seulement 17% des répondants déclarent qu’ils voteraient pour un candidat de la coalition présidentielle, cependant les votes de l’opposition seraient très dispersés avec Moise Katumbi étant la figure la plus populaire, obtenant 24% des voix. Une légère majorité de sièges au Parlement serait contrôlée par une large coalition de partis d’opposition, même si les alliances peuvent changer facilement.
L’opinion public reste favorable à une intervention étrangère dans la négociation d’une solution politique à l’impasse actuelle et aux conditions imposées par la Communauté Européenne en conformité avec la mise en oeuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 pour le financement des élections. Une forte majorité des répondants (68%) se félicitait, en aout 2017, des sanctions imposées par l’Union européenne et les États- Unis contre des membres du gouvernement, et 77% approuveraient la création d’un Comité de pilotage international pour accompagner le processus électoral.
En dépit des critiques véhémentes du gouvernement sur la Belgique, la popularité de ce pays a augmenté considérablement, avec 82% des répondants déclarant que c’est une influence positive pour le Congo.
Siège du gouvernement à Kinshasa, quartier de la Gombe, février 2016 (photo d’illustration) © JUNIOR KANNAH/AFP
Les sondages ont été réalisés via des entretiens téléphoniques de 1024 personnes âgées de 18 ans et plus en février 2017, de 1277 répondants en avril 2017, de 1129 personnes en août 2017, de 1101 enquêtées en novembre 2017 provenant des 26 provinces du pays. Les données du sondage de janvier/février 2018 auprès de 1118 répondants provenant des 25 des 26 provinces de la RDC sont aussi analysées, l’exception étant la province de Tshuapa. Les interviews se sont déroulées du 19 au 28 février 2017, du 6 au 11 août 2017, du 9 au 16 novembre 2017, et du 30 janvier au 10 février 2018. La marge d’erreur des sondages était d’environ 3%.
Un sondage Politique: Une actualisation d’un processus politique contentieux
De profondes divisions sont apparues pour sortir du dilemme politique actuel. Une grande partie de l’opposition, de la société civile et des mouvements de jeunesse ont exigé la démission de Kabila à la fin de 2017, alors que les principaux bailleurs de fonds, l’ONU et l’Union africaine ont tous approuvé le calendrier de la CENI. Les États-Unis sont allés jusqu’à dire qu’il s’opposerait à toute « passation de pouvoir, inconstitutionnelle » se référant ostensiblement à l’appel de l’opposition pour un gouvernement de transition.7
Une opinion publique pro-opposition
L’opinion publique congolaise semble se ranger davantage du côté de l’opposition et de la société civile. Dans notre dernier sondage de 2018, une proportion encore moindre de répondants est favorable à un référendum constitutionnel qui permettrait à Kabila de briguer un nouveau mandat par rapport à l’année dernière : seulement 11%, comparé à 16% en mi-2016 et 7% en novembre 2017.
Cinquante-neuf pour cent des répondants soutenaient une transition sans Kabila comme président en novembre 2017, et ce pourcentage est passé à 74% en janvier 2018.
Selon le sondage de février 2018, l’idée d’une reprise des négociations entre l’opposition et le parti au pouvoir gagne du terrain : 47% des personnes interrogées soutiennent cette option, contre 28% en novembre dernier. Néanmoins, une grande majorité des répondants pense que Kabila devrait déclarer explicitement qu’il quittera le pouvoir avant la fin de 2018 (65%) et qu’il ne changera pas la Constitution (69%).
Enfin, contrairement aux propositions lancées par certains membres de la majorité présidentielle, seulement 23% de la population approuve un changement de la Constitution pour permettre au Président d’être élu indirectement par le Parlement, un changement, dont d’aucuns pensent qu’il pourrait ouvrir la porte pour un troisième mandat pour Kabila.