«… A ma connaissance, le moratoire ne devait pas dépasser 6mois. A ce jour, nous sommes au-delà de 10 ans de moratoire. C’est ne pas correct. C’est une violation constante de la constitution», c’est en tout cas, la réaction du vice-premier ministre et ministre de transport, José Makila Sumanda, au sujet de la problématique de la « double nationalité » qui défraie la chronique ce dernier temps en République Démocratique du Congo.
En effet, à travers une interview exclusive accordée ce mardi 10 avril 2018 à politiquerdc.net, José Makila est d’abord revenu sur le contexte qui avait motivé sa démarche ayant abouti au moratoire de « double nationalité ».
Contexte du moratoire
Après les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales de 2006, on devait organiser les élections des gouverneurs de 11 provinces du pays. Le MLC avait des candidats un peu partout, notamment dans les provinces de deux kasais, le Bas-Congo, la ville de Kinshasa et l’Equateur. Et, il se fait que nos candidats de deux Kasais entre guillemets étaient des belges selon nos adversaires politiques. Il s’agit bien d’Alex Kande Mupompa et de Dominique Nkaku. A l’époque nous étions des députés nationaux, moi-même, j’étais candidat gouverneur à l’Equateur. Alors quand on a soulevé cette question pour que nos amis du parti ne puissent pas participer à ces élections, nous nous sommes dit si tel est le cas, s’il s’avère que nos collègues sont effectivement de nationalité étrangère, alors pourquoi seulement faire l’exception ? Il faut à ce moment, généraliser. Tous les hommes politiques ayant une double nationalité n’ont pas droit d’exercer les fonctions politiques. C’était ça le contexte de la motion. Et j’ai présenté la motion, je vous assure que l’Assemblée était bloquée pendant plusieurs jours pour trouver une solution , s’est confié à votre média, José Makila, auteur de la fameuse motion de 2006.
Par l’occasion, il déclare avoir brandi la liste de tous les hommes politiques congolais porteurs de «double », voire de « triple » nationalité auprès du tout premier président de l’Assemblée nationale de la première législative de la troisième République, Vital Kamerhe qui détient selon José Makila assez d’éléments sur ce dossier.
« Comme homme d’état, je n’avais pas osé citer ces noms, mais les noms étaient là », a fait savoir ce député national honoraire du MLC de Jean-Pierre Bemba (2006-2007).
En bloquant l’Assemblée pendant pratiquement une semaine, poursuit –il, les négociations politiques avaient commencé pour aboutir sur un « moratoire » ; un moratoire qui, à sa connaissance, ne peut connaître le délai exact de son expiration que le Président Vital Kamerhe. Car précise José Makila, à son temps, les quelques 64 députés nationaux du MLC sur les 500 n’étaient pas d’accord avec le moratoire, mais comme c’était un large consensus politique, étant donné qu’ils n’avaient pas la majorité pour décider, c’est alors que le président de l’Assemblée, Vital Kamerhe avait bien réussi son « coup », renchérit-il.
Déplorant le fait que ledit moratoire ne devait pas en principe dépasser 6 mois, José Makila estime que le débat d’aujourd’hui ne devait plus se baser sur : qui est congolais ou qui ne l’est pas. Il suffit tout simplement de consulter pense-t-il, le moniteur belge pour se rendre compte des hommes politiques qui sont porteurs de la nationalité étrangère.
A qui concernait ce moratoire ?
A cette question, José Makila tranche. Le moratoire ne concernait pas que les députés nationaux comme déclarent certains acteurs politiques. Il concernait l’ensemble de la classe politique dans la mesure où, l’article 10 de la constitution est clair. C’est-à-dire, tout congolais qui veut accéder à un poste de responsabilité politique, ne doit pas avoir une autre nationalité. Pour ce membre du gouvernement congolais, que vous soyez chef de Secteur, chef de localité, bourgmestre, Administrateur de Territoire, député, Sénateur, gouverneur, ministre, Président de la République, la nationalité congolaise est « une » et « exclusive ».
De ce fait, ajoute-t-il, la question du moratoire ne devait plus se justifier. José Makila exhorte plutôt le bureau de l’Assemblée nationale à lever officiellement ce moratoire dans le but de permettre aux uns et aux autres de se décider. Soit de renoncer à sa deuxième nationalité, soit d’opter pour la naturalisation étrangère, conclu le VPM José Makila Sumanda, tout en insistant par ailleurs, sur l’urgence de résoudre ce problème avant la tenue des élections de décembre 2018.
Jean Médard LIWOSO