La mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco) attire l’attention de plus d’un observateur quand son rôle médiateur dans les conflits entre le pouvoir et l’opposition semble paraître peu efficace. Cependant dans son mandat décrit dans toutes les résolutions du conseil de sécurité sur la mission du maintien de la paix en RDC, de 1999 à nos jours, la protection des civils a toujours occupé la première place dans l’exécution de celui-ci. Mais sur terrain, les choses semblent être différentes.
Depuis 1999, toutes les résolutions du conseil de sécurité de l’ONU votées pour donner à la Monusco les directives pour l’exécution de son mandat, ont toujours eu la protection des civils comme priorité. Mais sur terrain, les populations vivant dans les zones de conflit armé qui en principe, devaient être les premières bénéficiaires de cette protection ne cessent de critiquer les actions ou les interventions des casques bleus qui viennent selon des témoignages des populations de l’Est, toujours en retard. C’est à peu près comme des véhicules anti-incendie qui arrivent toujours trouvant des immeubles ou maisons complètement calcinés.
Mais cette protection qui a toujours été complexe, qui est passée de la protection de proximité à la protection de projection selon le Commandant adjoint de la Force de la Monusco, le général Français Commins, n’a jamais inquiété les groupes armés qui continuent à faire la loi dans la partie Est du pays. Mais la mission s’est souvent trouvée dans des situations compliquées lorsqu’il faille protéger la population contre des tueries qui viennent des forces de l’ordre, notamment lors des marches pacifiques.
Selon la Monusco, la protection des civils va aussi à doter la RDC d’une police républicaine et moderne apte à protéger les personnes et leurs biens, et aussi à pouvoir réprimander les marches violentes sans employer des forces disproportionnelles ou encore tirer sur les manifestants. Mais dans le passé, ce qu’on a toujours vécu pendant les périodes des marches pacifiques pour barrer la route aux menaces d’un quelconque troisième mandat, a été l’oisiveté des casques bleus devant les civils en danger face à l’usage de la force disproportionnelle utilisée lors des simples marches pacifiques, et l’on a vu la police et l’armée tirer à bout portant sur les manifestants laissant ainsi des morts auxquels personne n’a jamais répondu, ni le général de la police ni le ministre de l’intérieur. Mais la moindre de chose que les congolais ont toujours voulu voir de la Monusco a toujours été le simple fait de descendre sur terrain en cas des marches pour dissuader les forces gouvernementales à ne pas ouvrir le feu sur les manifestants. Fort est de constater que cela n’a jamais été le cas avec la Monusco même lorsqu’elle a été préalablement avertie, ou que son intervention a été sollicité par la société civile ou par suggestion des journalistes lors des conférences de presse régulières organisées à leur quartier général situé en plein centre-ville de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique Du Congo. Mais outre la protection des civils, la nouvelle résolution 2348 qui est entrée en vigueur depuis le début du mois de Mars 2018, qui a prolongé le mandat de la Monusco d’un an de plus, a donné à celle-ci la tâche de veiller sur le respect des droits humains. Dans cet aspect des choses, la défense des droits de l’homme ne s’est pas limitée à veiller au respect des droits de l’homme seulement, mais aussi et surtout à veiller à ce qu’aucun congolais ne soit privé d’exercer ses droits civiques les plus élémentaires et garantis par la constitution, qui sont les droits d’élire et de ses faire élire, en d’autres termes ceux d’être électeur et candidat aux différents échelons de ces élections jusque-là prévues pour le 23 Décembre 2018 .
La résolution 2409, dans son volet du respect des droits humains, elle veut s’assurer qu’aucun congolais ne soit privé de ses droits de vote ou d’être candidat, a déclaré le directeur de la division électorale de la Monusco,Kacou Assoukpe, le 7 Juin 2018 dernier à Utex Africa lors d’un atélier de vulgarisation de la nouvelle résolution 2409 qui a donné des nouvelles orientations à la Monusco par rapport aux réalités sur terrain. A cela s’ajoute les tâches attribuées à la Monusco dans l’accord de la Saint Sylvestre, principalement celle d’assurer la protection des candidats ou opposants face à l’insécurité qui pourrait se créer par le pouvoir en place.
Mais, en rapport avec l’exécution de cette résolution 2409, quant à la protection des congolais, jusque là, on ne sent pas la mission onusienne jouer pleinement son rôle des bons offices lorsque nous voyons le gouvernement ou le pouvoir en place priver un homme politique de ses droits les plus élémentaires qui sont garantis dans la constitution, c’est-à-dire son droit de choisir son lieu de résidence là où on veut, ainsi que celui de déposer sa candidature pour les élections que ce soit présidentielles ou législatives. Moise Katumbi est visiblement l’objet des complots politiques dans la mesure où il a été répéré à Kasumbalesa en Zambie vers la frontière avec la RDC pour essayer d’entrer au pays par cette frontière et se diriger vers Lubumbashi.
D’après Ensemble pour le Changement, la plate-forme créée par quelques partis politiques d’opposition pour soutenir la candidature de Moise Katumbi, le protagoniste du gouvernement voulait entrer au Congo avant le 8 Août 2018 passé pour déposer sa candidature. Mais aujourd’hui, le gouvernement congolais, qui, à travers son ministre de la Justice a lancé un mandat d’arrêt international contre le président du Tout Puissant Mazembe, semble ne pas se limiter là.
La Secrétaire Générale du MLC, Eve Bazaiba a dénoncé le Jeudi passé les maneouvres du gouvernement qui tente d’invalider la candidature du sénateur Jean Pierre Bemba Gombo à l’élection présidentielle du 23 Décembre 2018 prochain, pour des raisons qui paraissent politiques. A l’en croire, la candidature de Jean-Pierre Bemba fait l’objet des débats politiques aux différentes chaines de télévision et dans les salons huppés des grands hôtels de la capitale. Ceux qui veulent le noyer, poursuit-elle, ont transformé l’infraction de subornation des témoins à la corruption qui est reprise dans la loi électorale comme l’une des dix conditions d’inéligibilité aux élections. Tout en dénonçant ces manœuvres, la Secrétaire Générale de ce parti a mis en garde sévère contre toute manipulation de la CENI ou de la cour constitutionnelle de vouloir écarter la candidature de Jean-Pierre Bemba pour une raison ou une autre. Par ailleurs, les déboires vécus par le sénateur Bemba lors de son retour au pays, entre autres l’empêcher à habiter dans sa résidence familiale par le régime de Kinshasa, sans aucune intervention de la mission onusienne, et pourtant, préalablement saisie par le MLC pour assurer sa sécurité aux cotés de la police nationale Congolaise à son retour, tend à confirmer ce que les congolais ont toujours cru de cette mission du maintien de la paix. Mais, devant cette scène, ceux qui suivent de près la politique du pays s’inquiètent de cette inefficacité dangereuse face à ceux qui détiennent les rênes du pouvoir actuellement en RDC.
La Monusco devait approcher les politiciens du FCC et ceux de l’opposition autour d’une table pour les amener à s‘entendre. A cela s’ajoute la problématique de la machine à voter que l’opposition rejette farouchement et que le président de la CENI continue à insister sur son emploi au vote du 23 Décembre 2018. Gouverner, c’est prévoir, dit-on, mais dans la résolution des conflits, agir à temps a toujours été salutaire pour tout le monde. C’est là que la mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo semble faillir.
Isaac NGWENZA EBONGO