En une semaine, le président zimbabwéen Emerson Mnagangwa a prétexté une escale technique pour se poser deux fois à l’aéroport international de N’Djili.
D’abord dimanche 25 mars, puis jeudi 29 mars en provenance d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Et à chaque halte kinoise du voyageur, un officiel rd-congolais de haut rang est au salon officiel pour entretenir l’hôte de marque. Cela trop pour pousser à se demander ce qui se trame entre Kinshasa et Harare pendant que Joseph Kabila est isolé dans la SADC depuis l’avènement au pouvoir de Joao Lourenço à Luanda et Cyril Ramaphosa à Pretoria.
Alors que rien de concret n’avait filtré à la suite de la visite officielle de Mnangagwa à Kinshasa, en février dernier, des médias zimbabwéens avaient révélé par la suite que le successeur de Robert Mugabe était venu réclamer à Joseph Kabila une facture de guerre estimée à 1 milliard de dollars. D’où la déduction hâtive chez certains analystes comme quoi que les relations entre les deux hommes n’étaient pas au beau fixe pour que le zimbabwéen exige à son homologue le solde des comptes comptabilisés du temps de l’appui de l’armée zimbabwéenne à M’Zee Laurent-Désiré Kabila. Que non. Selon des sources diplomatiques à Kinshasa, Mnagangwa cherche plutôt à établir un rapprochement «intéressé» avec Kinshasa.
Faire des yeux à Kabila isolé pour passer le message qu’il peut compter sur le Zimbabwe -même pour une intervention armée- et ainsi espérer se faire payer la dette. Kabila n’y est pas indifférent face à l’hostilité frontalière de Lourenço et du Zambien Edgard Lungu avec qui le président rd-congolais a passé un tête à tête pas du apaisé lors de sa dernière visite à Lusaka.
Il y a à prendre en compte également la sortie du président botswanais qui a dit dans des termes sibyllins que toutes les options étaient désormais sur la table pour empêcher que Joseph Kabila ne demeure le principal obstacle à l’organisation des élections en RD-Congo. Quand tout ceci sera réglé un jour, il faudra demander un jour aux Zimbabwéens qui doit à qui après. Qui doit à qui doit l’exploitation de Sengamines et bien d’autres bradages encore en faveur de Mugabe et ses généraux dans les mines de diamant du Kasaï.
Mike Mukebayi
(Dans nos prochaines livraisons, lire dossier «comment Robert Mugabe a fait main basse sur le diamant du Kasaï)