Alors que l’opinion publique s’attendait à un discours assez apaisant, rassurant, convainquant au sujet particulièrement de ce qui préoccupe les Congolais, à savoir la tenue des élections pour le renouvellement de la classe politique au pouvoir, Joseph Kabila n’aura pas du tout apaisé les esprits quant à ce.
En effet, pour la première fois depuis 2011, le Président Congolais a été face à la presse ce vendredi 26 janvier 2018, date marquant les 17 ans de son règne au palais de la nation, depuis l’assassinat de son père Mzee Laurent Désiré Kabila le 16 janvier 2001.
En 17 ans au pouvoir, Joseph s’est réjouit d’avoir réunifié le pays qui était éclaté en plusieurs morceaux. Il s’est félicité également d’avoir restauré la démocratie à travers l’organisation des élections qualifiées de démocratiques, libres et transparentes. Joseph Kabila prétend avoir été le seul à battre campagne en faveur de la constitution en vigueur, pendant que ceux qui s’en approprient aujourd’hui se trouvaient dit -il dans des bistrots et ambassades à Kinshasa.
Pour lui, malgré le bon déroulement de ces élections, des candidats perdants n’avaient jamais reconnu les résultats.
Et de renchérir, la tenue des élections en 2006 tout comme en 2011 était une question de volonté politique et non de contrainte. D’où la même volonté serait effective pour les élections de 2018.
Pour certains observateurs de la société Congolaise, le chef de l’Etat n’aura pas dit la vérité. Car, disent ils, contrairement aux affirmations du Président sortant, l’organisation des élections de 2006 était une contrainte imposée par la communauté internationale à travers l’Accord Global et Inclusif de San city. Le pays était dans l’obligation d’organiser ces élections. Elles ne dépendaient donc pas de la volonté politique de Joseph Kabila. Par ailleurs, la campagne du référendum constitutionnel en vue de l’adoption de la nouvelle constitution en vigueur n’était pas aussi seulement l’oeuvre de Kabila. Jean -Pierre Bemba, Azarias Ruberwa, bref, tous les protagonistes de la transition 1+4 avaient battu campagne en faveur de la nouvelle constitution congolaise à travers le référendum voté par plus de 75% de congolais.
Et de poursuivre , le chef de l’Etat devrait se souvenir que son adversaire Jean-Pierre Bemba avait bel et bien reconnu malgré lui , les résultats de 2006. Voilà pourquoi, il avait annoncé sa détermination de faire une opposition forte et républicaine.
Encore une occasion ratée !
Il est reconnu par tous pour son silence légendaire. Il ne parle pas trop. Même pendant les grands événements, Joseph Kabila s’est toujours montré silencieux. Ceci aura été presque l’un de ses grands défauts,mais hélas! à chaque fois que le Président trouve l’occasion de communiquer, l’homme n’arrive pas malheureusement à apaiser les esprits de ses compatriotes sur les questions essentielles. Des questions essentielles qui peuvent se dire en quelques petites phrases et petites secondes.
La conférence de presse de ce vendredi aura encore montré le goût d’inachevé. Le président aura raté encore une belle occasion de se racheter devant l’opinion qui devient de plus en plus venimeuse vis – à -vis de son pouvoir.
A en croire certains analystes, les deux heures et demie de cet échange avec la presse n’auront servi à rien dans la mesure où le vrai problème qui devrait donner du sourire au peuple et temporiser les actions populaires n’a pas été clairement dit. Par moment, le Président a insinué la question du choix entre la démocratie et le développement. « Avec le budget global de 1 milliard 200millions de dollars pour les élections, nous pouvons construire des routes, écoles, hôpitaux etc » a – t-il lancé oubliant qu’il est au pouvoir depuis 17 ans et que pour le moment les congolais n’aspirent qu’à la tenue des élections quelque soit le coût. Le Président sortant semble aussi oublier que le développement d’une nation est facteur de la stabilité démocratique.
Pour les analystes approchés par politiquerdc.net, prendre le courage de rassurer clairement par exemple à ses compatriotes qu’il ne sera pas candidat conformément à la constitution et à l’Accord de la Saint Sylvestre, et que les élections seront obligatoirement organisées conformément au calendrier de la Ceni aurait rabaissé la tention au lieu de renvoyer les gens à la constitution, du reste violée par lui même, du fait de n’avoir pas donné des moyens à la Ceni pour organiser ces élections depuis fin décembre 2016 pensent les analystes.
Autre raté, au lieu de renvoyer la responsabilité de la question de decrispation au Conseil National de Suivi de l’Accord, Cnsa, d’autres analystes estiment que le chef de l’Etat aurait dû préciser par exemple qu’à l’issue du travail en cours au niveau du Cnsa, il y aurait effectivement une decrispation conformément à l’Accord de la Saint Sylvestre. Donc, le fait de n’avoir pas rassuré l’opinion publique sur ces éléments précis, le Président Congolais aura tout simplement tapé à côté de la plaque, commente -t-on. Car en réalité, les congolais n’attendent rien en terme de développement par le pouvoir finissant; mais ils sont par contre préoccupés de l’alternance au pouvoir à travers les élections crédibles en respectant ne-fût-ce que le calendrier publié par la Ceni.
Jean Médard LIWOSO