La RDC a célébré ce dimanche 30 juin 2019, son 59e anniversaire de l’indépendance sous le signe de la médiation. Contrairement aux années antérieures, aucune manifestation officielle n’a été organisée. La marche pacifique de Lamuka organisée, notamment à Kinshasa a été brutalement réprimée par la police.
L’indépendance effective de la RDC reste encore un défi majeur à relever, c’est du moins ce que l’on peut retirer de la chronique de Me Jean K. Minga parvenue à politiquerdc.net. Juriste congolais basé en Belgique et analyste politique, Jean K. Minga estime qu’avant l’indépendance=après indépendance.
Ci-dessous l’intégralité de sa chronique.
Les festivités du 59e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo ont été zappées par les autorités du pays(une chronique de Me Jean K. Minga, analyste politique).
Alors que la fête nationale est l’occasion pour toutes les nations – autrefois assujetties – de célébrer la rupture des chaînes coloniales et d’affirmer l’unité nationale, la RDC a pris l’habitude de s’en passer.
En effet, la dernière fois qu’un défilé militaire a été organisé à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance du pays, c’est en 2016, à Kindu. Et à chaque fois, les autorités ont argué et entonné le refrain connu de tous: les problèmes sécuritaires. Le prétexte invoqué offense l’intelligence et humilie le plus grand nombre, à cause de l’infécondité des mesures préconisées à la résolution du problème.
Pire, tout récemment, deux cérémonies ont été successivement organisées au stade des Martyrs, sans que personne se soucie du déficit de sécurité. Il s’agit du deuil d’Etienne Tshisekedi et du culte d’actions de grâce. De qui alors se moque-t-on ?
L’insécurité est-elle un problème insoluble? Nous ne le pensons pas, c’est une question de volonté politique.
Le 30 juin 1960 rappelle le discours de Patrice Emery Lumumba par lequel il a dénoncé les mauvais traitements subis par les congolais matin, midi et soir parce qu’ils étaient de nègres. Que la loi n’était pas la même selon que l’on était noir ou blanc.
Que l’on oubliera pas les fusillades, les cachots où furent brutalement jetés tous ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation. 59 ans après, la condition du citoyen congolais n’a pas évolué, malgré le départ du colon belge.
La journée de ce 30 juin 2019 a été marquée par la répression et les exactions sur les manifestants de Lamuka – dans la capitale comme à l’intérieur du pays – par les autorités policières et les militants de l’UDPS. Les gens ont été molestés juste parce qu’ils voulaient exercer leur droit constitutionnel de manifester pacifiquement. Leur tort profond, c’est d’appartenir à la plateforme Lamuka.
Le parti du président de la république peut se livrer à toutes sortes d’actes sans inquiétude. Quant à ceux de Lamuka, à l’impressionnant dispositif policier déployé à travers la ville de Kinshasa et ailleurs à l’arrière-pays, il faut ajouter les militants de l’UDPS qui forment desormais une véritable milice, jouissant – quoiqu’elle fasse – d’une totale impunité. Après l’assassinat d’un policier à Mbujimayi, suivie de la descente punitive au parlement il y a peu, la milice de l’UDPS s’est horriblement illustrée ce jour par la séquestration et la bastonnade des paisibles partisans de Lamuka. Appréhendés sur la voie publique, au niveau de Limete, ces pauvres gens ont eu le malheur de passer par Limete et de rencontrer les éléments de la police nationale. Remis ensuite à la milice de l’UDPS – pareille à une meute des chiens enragés – les passants n’ont eu la vie sauve qu’en prenant chacun les jambes à son cou, après une brutalité inouïe. Ces victimes portent de blessures impressionnantes et des hématomes remarquables, souvent à la tête.
Ce n’est pas tout. Les pneus de la voiture de Martin Fayulu ont été intentionnellement crevés par la police pour l’empêcher de continuer de rouler à côté des manifestants. C’est la destruction méchante. Aussi, Mike Mukebayi – député de son état – a été aspergé de gaz lacrymogènes avant d’être jeté dans la jeep de la police comme un vulgaire sac de détritus dans un tas d’immondices. C’est d’ailleurs à coup de matraques et de bombes lacrymogènes que les manifestants ont été dispersé. Au Nord-Kivu, on dénombre plusieurs blessés et un mort, à la suite de la répression policière. Ce bilan n’est que provisoire !
Plus que jamais, le discours de Lumumba trouve son actualité à travers les faits décrits ci-dessus.
L’état de droit auquel on nous rabat quotidiennement les oreilles n’est qu’un leurre, car les exemples de recul des droits et libertés individuelles sont légion.
Il appartient désormais au peuple congolais de lutter sans relâche – malgré ces humiliations – pour arracher sa liberté confisquée et sa volonté pervertie par une poignée des gens, irrespectueux de la vie humaine.
« Décidément Avant l’indépendance = après l’indépendance », conclu t-il.
Rédaction