La nouvelle est tombée ce mercredi 26 décembre 2018 comme un coup de tonnerre. Le report des élections dans certaines circonscriptions a refroidi l’enthousiasme populaire alors que le vent de l’alternance politique souffle partout en République démocratique du Congo, malgré la décision de la CENI de repousser l’échéance électorale du 23 au 30 décembre prochain. Et pourtant, les congolais peinent encore à avaler cette pilule amère. Et de savoir à nouveau que les électeurs de Beni-ville, Beni-territoire et Butembo ville – dans la province du Nord-Kivu – et Yumbi, dans la province de Mai-Ndombe, seront exclus des scrutins prévus à la fin de cette année, est insupportable.
C’est un véritable coup dur pour l’opposition en général et en particulier pour la coalition Lamuka, mais surtout les populations concernées qui attendaient avec effervescence la date butoir pour se débarrasser pacifiquement du régime en place, pour les avoir tournées le dos.
Hélas, l’espoir semble s’évaporer et il leur faudra encore patienter pendant tout un trimestre – si rien de nouveau n’intervenait entre temps – pour qu’elles soient convoquées aux urnes pour élire uniquement leurs députés nationaux et provinciaux, sachant que le nouveau président à élire le 30 décembre, aura été investi le 15 janvier. Ces congolais seront ainsi privés de leur droit de donner leur suffrage aux candidats président de leur choix. Ce qui est difficilement acceptable.
Au Nord-Kivu, tout comme dans le Mai-Ndombe, les actions pacifiques de rue ont spontanément commencé dès que le couperet est tombé et il est fort a craindre qu’elles s’amplifient à partir de ce jeudi 27 décembre dans le but de s’opposer à la décision de la CENI, perçue par les analystes et les acteurs de l’opposition comme un stratagème machiavélique monté dans certains laboratoires et destiné à amoindrir l’électorat de l’opposition.
De sa circonscription de Basoko, dans la province de la Tshopo, où elle attend impatiemment la tenue des élections reportées au dimanche prochain, Éve Bazaiba – Secrétaire Générale du MLC et porte-parole de la coalition Lamuka -, a exprimé sa désapprobation via un tweet et souligné que cette provocation de la CENI ne passera pas.
Dans la capitale congolaise comme à l’arrière-pays, les voix s’élévent pour critiquer ouvertement les raisons à l’appui desquelles, la CENI justifie cet énième report électoral, fut-il partiel.
L’épidémie du virus Ebola et l’insécurité ne sont que de boucs-émissaires, car plusieurs candidats ont parcouru les zones visées pendant la campagne électorale sans être contaminés ni ou physiquement inquiétés.
En conséquence, l’exclusion de plus d’un million d’électeurs issus de Beni-ville, Beni-territoire, Butembo- ville et Yumba est de nature à influencer négativement et lourdement le suffrage présidentiel autant qu’elle constituera, pour certains partis du moins, un obstacle au regard du seuil national de représentativité pour se prévaloir des sièges à l’assemblée nationale et provinciale.
De son point de vue, Me Jean K. Minga , consultant de politiquerdc.net, ce report partiel est à verser au registre des manœuvres dilatoires de la CENI – sans doute phagocytée par le pouvoir sortant – en vue de pousser la population à la faute ou mieux à des manifestations. L’alibi sera alors trouvé pour renvoyer aux calendes grecques toutes les élections et décréter l’état d’urgence qui permettrait au pouvoir de se maintenir.
Et de conclure , quoiqu’il en soit, malgré un déploiement militaire inhabituellement observé ces derniers temps, rien ne peut arrêter l’élan d’un peuple longtemps opprimé et décidé à briser les chaînes de l’oppression!
Jean Médard LIWOSO