Brutalement appréhendé et présenté cet avant-midi devant le parquet près la cour d’appel de Gemena, le président de l’Assemblée provinciale du Sud-Ubangi vient finalement de retrouver sa liberté ce soir, vers 19h 30.
D’après nos sources, faute des preuves tangibles ( vidéo ou audio) aptes à soutenir l’infraction d’incitation à la haine pour laquelle cet élu a été accusé, le magistrat instructeur a décidé de le libérer en attendant que son accusateur – le gouverneur de la province – produise les pièces ou débuts de preuve.
Passé à tabac et humilié tel un criminel en rebellion par les éléments de la police qui l’avaient arrêté devant la résidence du gouverneur, l’homme n’en revenait pas. Son incompréhension était tellement grande d’autant qu’il se rendait – en vue de s’enquérir de la situation – auprès de l’autorité provinciale.
Relâché après une courte privation de liberté, le président de l’Assemblée provinciale du Sud-Ubangi a regagné sa résidence ce soir. Sido Penze – c’est son nom – serait victime de ses prises de position contre la décision du confinement intermittent de la ville de Gemena , prise par l’autorité provinciale alors qu’à ce jour aucun cas suspect de Covid-19 n’a été répertorié dans la province.
Jean-Claude Mabenze : un petit dictateur du Sud-Ubangi?
En l’espace de quelques jours, Jean-Claude Mabenze – le gouverneur – a posé plusieurs actes de violation des droits humains et libertés individuelles.
Outre l’arrestation téléguidée du président de l’Assemblée provinciale ce samedi, il faut rappeler que pas plus tard qu’hier, vendredi 24 avril, il avait fait arrêter un journaliste de la station de Radio Liberté Gemena pour l’avoir critiqué dans un groupe WhatsApp. Le journaliste Alexandre Mawetole est actuellement détenu à la prison d’Angenga. Ce dernier avait critiqué le gouverneur d’avoir ordonné à la police de traquer et tabasser la foule qui accompagnait la dépouille du technicien en chef de la même Radio au lieu d’inhumation.
En début de la semaine, le même gouverneur avait instruit son ministère provincial de la communication de suspendre une émission de la Radio Liberté. « A vous la parole » a été suspendu par une décision du gouvernement provincial simplement parce que les intervenants avaient émis pour la plupart une opinion négative contre la décision décrétant le confinement dans la ville de Gemena.
Ancien fonctionnaire à l’Office Congolais de contrôle (OCC) et héritier politique de l’actuel ministre du commerce extérieur Jean-Lucien à l’Assemblée nationale, Jean – Claude Mabenze a été élu gouverneur grâce à la dynamique des 15 députés provinciaux, dirigée par l’actuel président de l’Assemblée provinciale Sido Penze. Depuis, il a toujours entretenu de bonnes relations avec ses électeurs.
Mais le climat entre les hautes personnalités de la province s’est dégradé après les différentes mesures annoncées par le gouverneur.
La pomme de discorde est l’invraisemblable décision de confiner à tout prix la population dans une province qui n’enregistre aucun cas de Coronavirus. On se peut aveuglément imposer de telles mesures alors même que les habitants de plusieurs communes de Kinshasa – ville grandement touchée par la pandémie – vaquent librement à leurs occupations.
Qu’est-ce qui se cache derrière le confinement de la province du Sud-Ubangi ?
Le gouverneur aurait-il une visée derrière sa décision ?
Des questions qui traversent la mémoire de plus d’un observateur.
Ce samedi, Papy Moroni – un activiste des droits de l’homme – basé à Gemena , a alerté l’arrivée ce dimanche d’un avion cargo en provenance de Kinshasa. Celui-ci aurait prévu de transporter à son bord plusieurs personnes à destination et en transit de Gemena. Pour l’activiste qui redoute l’éventualité de l’importation du virus dans la province, en cas d’une dérogation du gouvernement central, il exige au moins que tous les voyageurs soient placés en quarantaine pendant 14 jours.
En attendant, le feuilleton d’arrestation du député – le meilleur élu provincial de la ville de Gemena – risque de déboucher sur la déstabilisation des institutions principales.
Nous y reviendrons !
Rédaction