Jean-Pierre Lisanga Bonganga – le président national de la convention chrétienne pour la Démocratie (CCD) et « coordonnateur de Congolais » Telema – voit d’un mauvais œil la désignation des responsables religieux , notamment le cardinal Fridolin Ambongo, par ordonnance présidentielle dans la gestion du fonds national de solidarité pour la lutte contre le Covid-19, une structure créée par le président de la République Démocratique du Congo.
Dans un communiqué publié au début de la semaine , parvenu à politiquerdc.net, ce mercredi 29 avril 2020, l’ancien ministre d’État et actuellement conseiller stratégique du coordonnateur en exercice de Lamuka – se basant sur quelques dispositions constitutionnelles – estime que par cette nomination, la coalition au pouvoir aura levé l’option de mêler les leaders religieux dans la gestion et cela dans le but de les accompagner dans leur action politique, si ce n’est pour partager avec eux le bilan peu glorieux de la gestion quotidienne, avec finalité de saper leur crédibilité et leur jeter l’opprobre auprès de la population.
La CCD s’est dit « particulièrement dérobée par l’attitude de la haute hiérarchie de l’église catholique ».
De quoi interpeller particulièrement le cardinal Fridolin Ambongo et de se souvenir de son rôle au sein de la société, ses différentes prises de position et celles de l’église catholique encore fraîches dans la mémoire collective. Tout en dénonçant les nombreux cas de violation de la constitution et des règlements intérieurs de l’Assemblée nationale et du sénat par la coalition au pouvoir, résultat « de la gestion calamiteuse et tiraillée consécutive à leur deal qui a pris la nation en otage », le parti de Lisanga Bonganga demande aux leaders religieux de demeurer l’église au milieu du village, de garder leur indépendance et de n’accepter de jouer que le rôle d’une structure consultative. C’est ainsi que la CCD appelle les fidèles des différentes confessions religieuses désignés par le chef de l’État à exercer des pressions pour les pousser de renoncer à la gestion du Fonds national de solidarité pour la lutte contre le Covid-19.
Ci-dessous l’intégralité du communiqué de presse signé par Jean-Pierre Lisanga Bonganga.
Communiqué de presse de la Convention Chrétienne pour la Démocratie sur la situation sanitaire et politique du pays.
La CCD Parti d’essence chrétienne suit avec beaucoup de préoccupation, la situation créée par la pandémie de coronavirus qui constitue une menace grave pour notre pays.
Alors que nous avions un seul cas déclaré le 10 mars 2020, aujourd’hui, nous sommes à plus de 400 malades déclarés, à plus de 25 décès et de nombreux cas qui sont encore suivis dans différents hôpitaux de la République.
La CCD présente toutes ses condoléances aux familles éprouvées et invite la population congolaise en général et celle de la ville de Kinshasa en particulier à respecter les gestes barrières, la distanciation sociale et toutes les mesures décrétées par les instances sanitaires internationales et nationales afin de vaincre cette grande pandémie.
Autour de la gestion de cette pandémie
La CCD observe avec regret de nombreux cas de violation de la Constitution et des règlements intérieurs de l’Assemblée Nationale et du Sénat par la coalition FCC-CACH. Cette coalition perpétue ainsi la gestion calamiteuse et tiraillée consécutive à leur deal qui a pris la nation en otage.
On note à cet effet, la publication des Ordonnances et la création anarchique des structures budgétivores et inutiles en violation de la Constitution, des mises en place clientéliste dans la haute administration.
Comme si cela ne suffisait pas, la coalition FCC-CACH a levé l’option de diviser les fils et filles des confessions religieuses, ceux et celles qui sont appelés à être l’église au milieu du village en embrigadant évêques, imams, et membres de la société civile dans le jeu opportuniste de la gestion de l’Etat.
Nous avons eu à interroger les articles 81 et 138 de la constitution et avons constaté que dans tous les cas de figure avec l’ordonnance nommant les Leaders des confessions religieuses, la coalition FCC-CACH a levé l’option de les mêler dans la gestion dans le but soit de les accompagner dans leur action politique, soit de les mêler complémentement dans la gestion quotidienne pour faire saper leur crédibilité et leur jeter l’opprobre auprès de la population.
La CCD est particulièrement déroutée par l’attitude de la haute hiérarchie de l’Eglise Catholique.
En effet, les bergers de cette Eglise ont publiquement déclaré à l’issue de leur Assemblée Permanente, le 02 mars 2020 « qu’ils observent que les alliés au pouvoir semblent plus préoccupés par leur positionnement politique que par le service à rendre au peuple ».
Les évêques ont par ailleurs relevé « qu’une tension préoccupante couvre au sein de la coalition au pouvoir et se répercute sur la gouvernance et entame le fonctionnement de l’appareil de l’Etat.
Les évêques avaient affirmé clairement qu’il était « inacceptable que le pays soit pris en otage par un accord qui, du reste est occulte ».
L’on peut se demander, disaient les évêques « A quoi sert cette coalition au pouvoir » ?
Aussi, la Convention Chrétienne pour la Démocratie, parti politique à vocation chrétienne, demande aux Leaders des confessions religieuses de demeurer les églises au milieu du village, de garder leur indépendance et de n’accepter d’être qu’une structure consultative.
Nous lançons un appel pressant et vigilant à tous les hommes et femmes de bonne volonté, membres des confessions religieuses d’interpeller leurs leaders des confessions religieuses afin d’être prudents pour ne pas tomber dans le jeu des politiciens et perdre ainsi toute leur indépendance et crédibilité.
Il y va de l’avenir de notre démocratie et de la préservation des valeurs morales et spirituelles de nos églises.
Enfin, la CCD rappelle en conclusion à la coalition FCC-CACH que la RDC se définie comme un Etat de droit, indépendant, souverain, uni, social, démocratique et laïc.
Si toutes les institutions, si toute la nation, si tous les fils et filles de ce pays doivent s’unir en cette période exceptionnelle pour gagner la bataille ou la guerre contre cette pandémie de Covid-19, la proclamation de l’Etat d’urgence ou encore sa prorogation n’est pas un moment de consécration de dérive autoritaire ou encore de déraison de l’Etat.
Au contraire, c’est un moment de préservation de l’ordre constitutionnel, de garantie juridictionnelle de libertés fondamentales.
L’histoire se rappellera que c’est en se servant de l’Etat d’exception que le totalitarisme nazi s’est installé en 1932 en Allemagne en embrigadant les institutions politiques, les églises, la société civile dans une forme de la dictature de la peur, du silence et de complicité.
Nous triompherons avec le peuple.
Fait à Kinshasa, le 27 avril 2020
Jean-Pierre LISANGA BONGANGA
Président National de la CCD
Coordonnateur de congolais Telema
Conseiller stratégique du coordonnateur de LAMUKA