L’association africaine pour l’accès à la justice (ACAJ) – l’une des organisations qui s’étaient distinguées dans la lutte contre la violation des droits de l’homme pendant les années du règne de Joseph Kabila – semble de plus en plus se décrédibiliser.
Dans l’orientation de ses actions depuis l’avènement du nouveau pouvoir, l’ACAJ est devenue plus accommodante.
En effet, Georges Kampiamba – son coordonnateur – affiche étrangement une attitude partisane envers les nouvelles autorités au point de désarçonner l’opinion qui l’a connu plus critique vis-à-vis de l’ancien pouvoir pour les actes similaires.
Pas seulement qu’il est désigné de lanceur d’alerte par certains caciques du Front Commun pour le Congo, en l’occurrence le Kabiliste Barnabé Kikaya Bin Karubu, mais Georges Kampiamba a enfilé l’étoffe d’accompagnateur du régime de Felix Tshisekedi.
Et, en moins d’une année, lui et son ACAJ ont perdu la confiance de la population à cause des travers des dénonciations calomnieuses, toujours dans un sens.
L’on se souviendra, à titre illustratif, du dossier des prétendus 200 millions de Gécamines dont Albert Yuma – le président du conseil d’administration de la Gécamines – était accusé de détournement pour son propre compte, avant de pouvoir se rebiffér.
Ce n’est pas tout, car sa crédibilité aura été davantage entamée par la publication de son dernier communiqué de presse, celui du 2 juin 2020, par lequel l’ACAJ « soupçonnait la créance alléguée de Eximbank d’un montant de 555.364.446$ à la RVA comme une stratégie pour s’assurer un détournement des fonds publics provenant de go pass ». Cette dénonciation largement relayée sur les réseaux sociaux s’est pourtant avérée fausse . Le démenti a été d’abord apporté par le ministre des transports et voies de communication, au cours d’une interview accordée à la presse à l’issue de sa réponse, relative à la question orale avec débat lui adressée par le sénateur José Makila Sumanda, le vendredi dernier.
Ensuite, c’est la mise au point de l’ambassade de la République populaire de Chine qui a démystifié et confondu l’ACAJ et son coordonnateur.
« Nous avons constaté dans un communiqué publié par l’ACAJ des informations contraires à la réalité », a réagi l’ambassade de Chine à Kinshasa. D’où les clarifications suivantes :
1. Eximbank Chine, depuis sa création en 1994, n’a jamais porté plainte auprès des institutions juridiques contre le gouvernement de la RDC.
2. La construction de la nouvelle aérogare de l’Aéroport International de N’Djli sera financé par un crédit préférentiel accordé par Eximbank of China, remboursable sur une période de 20 ans. L’accord de prêt n’est pas encore entré en vigueur et attend d’être validé par le gouvernement congolais.
3. Et l’ambassade de Chine n’a jamais été contactée ni par l’ACAJ ni par la presse congolaise et aucun diplomate Chinois n’a fait des commentaires à ce sujet.
Depuis, c’est le silence radio du côté de l’ACAJ. Cependant, cette affaire est loin de laisser indifférents certains acteurs politiques du Front Commun pour le Congo. Ainsi, pour le professeur Bernabé Bin Karubu, l’un des caciques de la plateforme du président honoraire Joseph Kabila, tout en déplorant cette « désinformation » susceptible d’entamer les relations diplomatiques entre la RDC et la Chine, étant donné que le dossier a été précédemment évoqué lors du conseil des ministres présidé par le chef de l’État Félix Tshisekedi – le 29 mai dernier – souligne tout de même qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
« D’où vient cette histoire de jugement contre la RDC à New York? Il y a une histoire bien connue au Ministère des Affaires Etrangères sur un prêt de la République de Chine, entendez par là Taiwan, prêt contracté en 1991 par le régime du Maréchal Mobutu. Il fut un temps où la Republique de Chine (Taiwan), et la République Populaire de Chine (Pékin), se livraient une guerre diplomatique sans précédent à travers le monde pour la reconnaissance dans les instances internationales. C’est ainsi que la République du Zaire, en quête de capitaux frais, contractera cette dette de 20 millions de dollars US. Par la suite, comme la RDC a jeté son dévolu sur la République Populaire de Chine (Pékin), Taiwan a porté la RDC devant le tribunal de commerce de New York où notre pays a été condamné par défaut pour un montant de 57 millions de dollars, intérêts compris. Que ceci échappe au cabinet présidentiel pour aller jusqu’à faire de l’amalgame et inscrire la question parmi les points de la communication du Président de la République au Conseil, démontre encore une fois le degré d’amateurisme qui a élu domicile au sommet de l’Etat », écrit-il à travers une mise au point publiée sur sa page Facebook.
D’après le compte-rendu du conseil des ministres diffusé sur le média public – la RTNC – le chef de l’État avait instruit le Vice-premier ministre et ministre de la justice et gardes sceaux d’entreprendre des négociations avec la firme chinoise Eximbank à propos de la plainte portée contre la RDC devant les tribunaux des commerces internationaux de Paris et de New York en rapport avec un montant de 555 millions de dollars américains de la banque chinoise qui remonte – d’après Barnabé Kikaya Bin Karubu – à l’époque du régime de feu Maréchal Mobutu. Une affaire qui n’a rien à voir avec le projet de construction de l’aérogare moderne de N’djili et de l’aéroport de la Luano à Lubumbashi.
Bernabé Bin Karubu parle plutôt d’un dysfonctionnement total au sein du cabinet du président de la République qu’il reproche d’avoir induit le président en erreur.
« (…) En l’espèce, cette image est écornée par le fait de voir le Chef de l’Etat charger son Ministre de la Justice de trouver des arrangements amiables avec Eximbank of China pour une affaire qui n’en est pas une puisqu’on découvre qu’il y a une confusion sur les relations économiques que le Zaire entretenait avec Taiwan sous Maréchal Mobutu, et le projet de construction des aéroports de Ndjili à Kinshasa et de la Luano à Lubumbashi, projets négociés par le Président Joseph Kabila avec Exim Bank de la République Populaire de Chine. Pour ce dernier projet, il s’avère que c’est plutôt la partie congolaise qui est en défaut d’assumer sa part de responsabilités. Au nom de la continuité de l’Etat, Eximbank of China attend plutôt des nouvelles autorités congolaises la ratification du contrat signé en 2018 avec le gouvernement Tshibala avant de libérer son financement. D’où l’interpellation au Sénat du Ministre des Transports et Voies de Communication par le Sénateur José Makila Sumanda, lui qui connait bien le dossier pour avoir été à ce poste dans le gouvernement Tshibala. Pour peu que le cabinet du Président Félix Tshisekedi aurait pris le temps de s’informer à la source (ambassade de Chine en RDC, Eximbank of China, ministère congolais des Transports et Rva), l’incident aurait pu être évité. J’ose espérer que l’Honorable André Claudel Lubaya et l’activiste Georges Kapiamba auront le courage et l’honnêteté de démentir leurs propos et reconnaitre leur paresse intellectuelle, alors qu’il aurait suffit d’un coup de fil à l’Ambassade de Chine ou à Exim Bank of China pourquoi pas, pour verifier les faits avant d’intoxiquer l’opinion publique par une désinformation mesquine. J’ose espérer également que le jour de l’inauguration des nouveaux aéroports de Ndjili et de la Luano, mention sera faite que le projet avait été initié en son temps par le Président honoraire Joseph Kabila Kabange », note ce Kabiliste.
Et de conclure , » quant à l’intox et à l’infox au sommet de l’Etat, c’est au Président de la République de faire attention à certains de ses proches collaborateurs et experts de tous bords, mûs par des intérêts n’ayant rien à voir avec le pays, encore moins avec le peuple ».
Il sied de préciser que jusque-là ni l’ACAJ ni le député national Claudel Lubaya – cités par Barnabé Kikaya Bin Karubu – n’ont fait la moindre déclaration contraire.
Pendant ce temps, le sénat devra se prononcer – sauf imprévu – le mercredi prochain sur la demande de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire proposée par le sénateur José Makila, en vue d’avoir un peu plus d’éclairage sur l’évolution des travaux de construction de la nouvelle aérogare moderne de l’aéroport de N’djili , par rapport aux décaissés déjà effectués, notamment par le gouvernement depuis le mois de mai 2018.
Rédaction