Le ministre de la santé, Eteni Longondo (UDPS), aurait-il joué une partition cacophonique pour lancer à tout prix les opérations de financement contre la Covid-19 ? En tout cas, les conséquences du mauvais pas du ministre de la santé congolais apparaissent au grand jour à travers les médias kinois.
Tenez, le 10 mars 2020, le ministre de la santé Eteni Longondo a presque sensationnellement annoncé le 1er cas du Coronavirus mais, dans la précipitation, il s’est trompé sur les éléments d’identité du patient. Monsieur Faustin Fitika – c’est de lui qu’il s’est agi – a beau nier, depuis son isolement au centre hospitalier sino-congolais n’être pas porteur du Coronavirus. L’intéressé a été forcé de couvrir l’annonce du ministre, en soutenant une version contraire à la réalité.
4 mois après, invité à une émission télévisée, Faustin Fitika – pour décharger sa conscience – est revenu en détails sur cet aveu forcé – en reconnaissant avoir été « contraint de mentir ». Pour ce faire, il a présenté ses excuses publiques au peuple congolais.
Ce revirement spectaculaire ne laisse personne indifférente en RDC et l’on se pose mille et une questions sur l’utilisation des fonds du trésor public alloués à la lutte contre la Covid-19.
27 millions de dollars décaissés du trésor public alors qu’il y a 4 mois d’arriérés du personnel de santé affecté à la riposte. Dans l’entre-temps, le ministre a déclare n’avoir géré qu’un peu plus de 3 millions et que le patron de la riposte lui n’aurait reçu qu’un peu plus d’un million.
Pendant ce temps, le vice-ministre à la santé, Albert M’peti (FCC), n’a pu cacher « l’opacité » de la gestion de son titulaire. Il a même écrit au premier ministre pour s’en saisir du dossier.
Dans la foulée du procès pour détournement des fonds destinés à la réalisation des travaux de 100 ans, ce dossier trouble vient assombrir davantage la gestion des deniers publics par les autorités actuelles. Dans le malheur des uns – les fonds alloués à la riposte contre la Covid-19 – ont constitué une aubaine pour d’autres de s’enrichir sans honte ni pitié. Et cette situation n’a pas échappé à la critique de l’homme d’affaires et candidat malheureux aux élections de décembre 2020, Seth Kikuni. Il est monté au créneau par une formule satirique, digne d’une pièce de Molière.
« Si le cas zéro de la covid-19 n’était qu’une « eteni » de théâtre, il y a lieu d’investiguer toute sa gestion opaque. Il faut que la justice indépendante et impartiale qu’on nous vante se mette en oeuvre. Une énième dénonciation qui mérite une « eteni » d’attention. »
La balle est à présent dans le camp du pouvoir judiciaire. Cette dernière devrait enclencher des enquêtes nécessaires afin de fixer l’opinion publique. Mais d’ores et déjà, l’Inspection Générale des Finances a lancé une réquisition d’information à toutes les banques par lesquelles les fonds de la riposte ont transité, nous apprend une source bancaire ayant requis l’anonymat.
L’état de droit tant chanté et vanté s’appliquera-t-il à la gestion de la covid-19 pour éclairer l’opinion publique nationale et dissiper le parfum nauséabond de détournement des fonds qui entoure cette affaire ?
Dossier à suivre!
Alain St. Bwembia