Annoncée pour ce lundi 3 août 2020, la reprise des activités scolaires en RDC est repoussée une semaine plus tard, soit le lundi 10 août prochain, pour des raisons d’ordre organisationnel.
C’est le Ministre d’Etat , ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire et Technique ( EPST) qui l’a annoncée à travers un communiqué.
Les finalistes du primaire et secondaire qui devraient avoir 3 semaines des cours selon le calendrier réaménagé publié dernièrement par le gouvernement, devront s’attendre à une certaine modification.
Pour certains observateurs, cette situation – loin des raisons officiellement annoncées – serait due à l’impréparation totale du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba , notamment sur la faisabilité des conditions de cette reprise des activités en pleine période de pandémie du coronavirus, affectant déjà 15 provinces sur les 26 que compte le pays.
Comment organiser en toute sécurité la reprise des activités scolaires alors que l’activité virale est encore intense dans le pays ? Tout indique que cette question n’a pas été suffisamment mûrie par le gouvernement.
D’après le constat fait par politiquerdc.net dans quelques communes de la capitale, beaucoup d’établissements scolaires sont dépourvus de moyens nécessaires aptes d’organiser les enseignements en tenant compte des exigences sanitaires requises, ainsi que l’ont décidé les autorités du pays. Outre le fait que les salles de classe ne sont pas encore désinfectées, il faut dire que la question de la distanciation physique d’un mètre est loin du compte dans des salles de classe. Aucun aménagement des locaux n’a été entrepris. Il en est de même de l’obligation de port du masque par chaque écolier et élève, tout comme les mesures hygiéniques de lavage des mains. Tous ces éléments demeurent parmi les préoccupations à résoudre avant la reprise des activités scolaires, au risque de transformer les écoles en niche de la pandémie. En clair, les écoles se transformeront en foyersde de propagation du virus à travers les enfants.
« Il n’est pas aisé pour un Etat qui n’a pas respecté les normes de vie dans la société de reprendre aussi aisément les activités en pleine période de crise sanitaire et espérer résoudre le problème », pense un enseignant d’un établissement à Mongafula.
Il serait bon de penser à construire une société dotée des normes qui s’imposent à tous. Autrement, on serait tenté de donner raison à l’artiste musicien Jean Goubald Kalala qui décrivait la République Démocratique du Congo comme un pays sans normes sociétales.
Et Josselyn Pagliarini disait : « quand, dans une société, la folie est la norme, prôner des mesures de bon sens fait de vous un extrémiste ».
Comment faire revenir les enfants à l’école sans préalablement prendre des mesures adéquates avec les moyens financiers qui les accompagnent ? Les enfants congolais sont-ils devenus des pourceaux qu’on jette en pâture à la Covid-19 ?
Passer de classes sans un soubassement valable et la matière normale quand on connaît la crise qui met en doute la qualité de l’éducation en république démocratique du Congo ? Que deviendront les classes de terminal, l’an scolaire prochain, si seuls les élèves finalistes venaient à passer des classes supérieures ? Les classes terminales resteront-elles vides dans l’hypothèse où tous les finalistes venaient à réussir aux épreuves qui seront organisées dans les deux semaines ?
Au tant de questions qui restent en suspens.
Il faudrait par ailleurs ajouter que les enseignants du primaire et secondaire menacent de boycotter si le protocole d’accord signé en décembre dernier n’était pas appliqué. Plusieurs revendications nourrissent le mécontentement des enseignants, notamment la réévaluation de l’enveloppe de leur mutuelle de santé, la reprise des discussions pour l’augmentation de leurs salaires.
Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Ainsi, le gouvernement devrait encore mûrir sa décision pour éviter de plonger le pays dans un climat d’incertitude?
Alain St. Bwembia