L’installation fracassante, mais contestée de la commune rurale de Minembwe continue de provoquer l’averse de réactions à travers le pays.
En effet, depuis la cérémonie d’installation officielle des autorités de cette agglomération devenue commune rurale, des voix s’élèvent de tous les coins du pays – et même en dehors du territoire national – pour décrier les démarches cavalièrement sournoises du ministre d’État Azarias Ruberwa, qualifié de ministre de la « décentralisation de Minembwe ».
La dernière en date est celle de Pardonne Kaliba Mulanga, député national honoraire de Fizi dans le Sud-Kivu et ancien ministre dans les gouvernements Gizenga 1 et 2. Sans mâcher les mots, Pardonne Kaliba Mulanga crève l’abcès.
Le Président National et Autorité morale des Patriotes Résistants Mai-Mai (PRM) est l’un des anciens délégués de l’entité Mai-Mai lors du Dialogue intercongolais en Afrique du Sud. D’une carrure qui fait de lui un des fervents défenseurs des terres et des populations de l’Est du pays, l’intéressé semble maîtriser le dossier.
Pardonne Kaliba Mulanga, également ambassadeur universel de la paix et Expert en Stratégies de défense et sécurité, s’est donné à cœur ouvert à politiquerdc.net pour décrier la situation de Minembwe.
Politiquerdc.net : Vous êtes l’un des défenseurs des terres à l’Est du pays. Quel est, d’après vous, le plan qui se trame derrière l’action du Ministre Azarias Ruberwa ?
PKM : Ruberwa n’est pas à son premier forfait. Déjà en 1999, quand son mouvement, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) occupait et dirigeait l’Est du pays, il avait déjà érigé Minembwe en territoire tout en plaçant son grand frère à la tête du groupement Banyamanywa.
On se souviendra qu’à sa jeunesse, il était munyavyura, donc originaire de Moba.
L’action posée aujourd’hui est une suite logique de son projet d’octroyer à tout prix la terre et la nationalité congolaise à sa communauté.
Son combat avait 3 objectifs :
1) avoir le pouvoir,
2) avoir l’identité et
3) conquérir la terre.
Évaluation faite:
- L’ Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération leur a donné le pouvoir, ils ont occupé, occupent et occuperont les hautes fonctions ( VP de la République, Chef d’EMG, ministre, députés…)
- Sun City les a donné l’identité. Tout le monde a accepté qu’ils s’appellent Banyamulenge.
3.La dernière étape, c’est avoir la terre. Comme ils se font appelés Banyamulenge, ils ont choisi de conquérir Minembwe pour en faire leur berceau. Ça marche lentement,mais sûrement.
Politiquerdc.net: Le Chef de l’ État Félix Antoine Tshisekedi a pris la décision d’annuler tout ce qui s’est passé à Minembwe. Quelle est votre réaction et celle des populations qui vous ont toujours fait confiance ?
PKM : Le Chef n’a pas pris une décision. Il a plutôt promis qu’il va donner des instructions. Tout de même, c’est un bon signal. Mais je reste encore sceptique.
Politiquerdc.net: Contrairement à Félix Antoine Tshisekedi, Martin Fayulu a déclaré qu’il n’y a pas au Congo une ethnie Banyamulenge. Qu’en pensez-vous ?
PKM: Je l’ai déjà dit un peu plus loin. C’est une ethnie fabriquée, ayant bénéficié d’une reconnaissance imposée par Sun City.
Politiquerdc.net: Malgré votre combat pour la défense des terres du Congo et de ses populations, l’insécurité en RDC a causé plus ou moins 8 millions de morts. Quelle est la solution durable que l’État congolais doit prendre?
PKM: Nous n’avons pas quatre chemins. Se prendre en charge, comme disait M’zee Laurent Désiré Kabila, suffit.
Politiquerdc.net: Martin Fayulu appelle les congolais à marcher pour l’unité nationale du pays ce 14 octobre. Le PRM et son regroupement sont-il du même avis?
PKM: Non. Vous savez les affaires de l’État ne se traitent pas dans la rue. Nous devons utiliser nos institutions (Assemblées provinciales, Assemblée nationale, Sénat, les Cours et tribunaux) pour régler les problèmes d’État.
Politiquerdc.net: votre mot de la fin?
PKM: Je suis la personne la plus heureuse dans cette affaire. J’ai combattu presque seul, disons avec ma base, les Babembe, mais aujourd’hui tous les congolais se réveillent. Même si on me tue aujourd’hui à cause de ce combat, j’irai tranquillement au ciel tout en étant rassuré que le combat continuera jusqu’à la victoire.
On n’est jamais minorité chez soi et on n’est jamais majorité chez autrui.
Alain St. Bwembia