C’est pour la deuxième fois – en l’espace de 3 jours – que le coordonnateur de la dynamique pour une sortie de crise (Dysoc), réagit en rapport à l’adresse du chef de l’Etat du 23 octobre dernier.
Félix Antoine Tshisekedi avait fait notamment savoir son intention de consulter certains leaders politiques et sociaux du pays, en vue d’arriver à la mise en place de l’union sacrée pour faire avancer le pays; la coalition fcc-Cach ayant montré ses limites.
Jean-Pierre Lisanga Bonganga – le coordonnateur de la Dysoc – estime que la démarche du chef de l’Etat – étant lui-même une partie du problème – est loin d’être la solution adéquate à la crise que traverse le pays. Par ailleurs, il s’oppose à l’idée de débauchage qui hante les ténors du Cach, la plateforme présidentielle. De son point de vue, cette idée transige avec les valeurs qui fondent un Etat de droit prôné par le Président de la République. Pour lui, la meilleure voie à suivre est l’organisation des échanges entre les différentes parties à la crise actuelle au pays.
« (…) la DYSOC réaffirme sa position, celle d’organiser des échanges entre
les parties prenantes à la crise, à savoir d’un côté la coalition FCC-CACH et de l’autre la
coalition LAMUKA, sous les bons offices des confessions religieuses traditionnelles : les
Eglises Catholique, Protestante, Kimbanguiste et Musulmane, avec la facilitation des
organisations sous régionales et de la communauté internationale, pour l’adoption
consensuelle des réformes impératives à mettre en œuvre »,a – t-il martelé dans sa déclaration rendue publique ce mercredi 28 octobre et dont une copie est parvenue à politiquerdc.net ce jeudi 29 octobre 2020.
Ci-dessous l’intégralité de cette déclaration.
République Démocratique du Congo
DYNAMIQUE POUR UNE SORTIE DE CRISE
« DYSOC »
Kinshasa, le 28 octobre 2020
Déclaration Politique en Rapport avec les Tenants et les Aboutissants des
Consultations initiées par le Président Félix TSHISEKEDI.
En date du 25 octobre dernier, la Dynamique pour une Sortie de Crise,
DYSOC en sigle, a réagi au message à la Nation du Chef de l’Etat du 23 octobre 2020,
notamment en donnant sa position au schéma des consultations que la DYSOC considère
comme sans objet.
La DYSOC est d’autant plus confortée dans sa position après avoir suivi sur
les antennes de la RTNC les explications du Ministre d’Etat, Ministre près le Président de
la République, autour des motivations et objectifs de ces fameuses consultations.
L’objectif annoncé de ces consultations est d’arriver à une reconfiguration
de la majorité parlementaire en créant une nouvelle majorité dénommée « Union Sacrée
de la Nation ».
Pour y parvenir, le Président Félix TSHISEKEDI va demander au groupe
parlementaire CACH de quitter la majorité parlementaire actuelle et va procéder au
débauchage des députés de l’opposition parlementaire actuelle, des députés membres du
FCC et des députés non-inscrits.
Ce schéma de débauchage énerve les principes d’éthique toujours prônés
par les forces politiques et sociales acquises au changement, dans la mesure où les
débauchages se font toujours à coup de corruption, soit au travers des versements
d’espèces sonnantes et trébuchantes, soit sur base de promesses de nomination à des
postes alléchants dans les rouages des services de l’Etat.
Ce schéma de débauchage prêche et prône l’immoralité.
La DYSOC a toujours dénoncé, au même titre que l’ensemble du Peuple
congolais, l’organisation chaotique des élections de décembre 2018, qui ont abouti à la
nomination de bon nombre de députés qui n’ont pas reçu le mandat du Peuple, créant
ainsi la problématique de la crise de légitimité des institutions.
La DYSOC a dû mal à comprendre qu’une organisation qui se veut acquise
au changement, qui lutte pour l’avènement d’un Etat de Droit, qui combat les anti-valeurs dont la corruption, puisse se proposer de verser dans les travers du débauchage des
députés nommés. C’est le comble de l’immoralité.
Au demeurant, il sied de relever que le Règlement intérieur de l’Assemblée
Nationale, dont la conformité à la Constitution a été actée par un arrêt de la Cour
Constitutionnelle, a verrouillé la structuration de la Représentation Nationale.
L’Equipe des conseillers du Président Félix TSHISEKEDI qui a convaincu
ce dernier de la pertinence du schéma de débauchage pour mettre sur pied la fameuse
Union Sacrée de la Nation, a perdu de vue le fait que l’Etat de Droit suppose le strict
respect des lois de la République et singulièrement des dispositions pertinentes du
Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale.
En définitive, la fameuse Union Sacrée de la Nation telle qu’expliquée par le
Ministre d’Etat, Ministre près le Président de la République est une Union Sacrée autour
d’un individu et non autour du respect de la constitution et des lois de la République.
En effet, aux dires du Ministre d’Etat sus évoqué, le Président Félix
TSHISEKEDI est l’autorité morale de la fameuse Union Sacrée et ce dernier invite ses
collègues leaders politiques à aller Canossa c’est-à-dire à abandonner leurs formations
politiques respectives pour se mettre autour de lui.
C’est ici que se révèle visiblement l’aspect dictatorial de la démarche de
consultations du Président Félix TSHISEKEDI.
En tout état de cause, la DYSOC et le Peuple Congolais estiment que le
moment est venu pour que le Président Félix TSHISEKEDI révèle le contenu et les
dessous de cartes de l’Accord qui liait le CACH au FCC. La transparence est à ce prix.
Enfin, la DYSOC réaffirme sa position, celle d’organiser des échanges entre
les parties prenantes à la crise, à savoir d’un côté la coalition FCC-CACH et de l’autre la
coalition LAMUKA, sous les bons offices des confessions religieuses traditionnelles : les
Eglises Catholique, Protestante, Kimbanguiste et Musulmane, avec la facilitation des
organisations sous régionales et de la communauté internationale, pour l’adoption
consensuelle des réformes impératives à mettre en œuvre.
La proposition de sortie de crise portée par le Président Martin FAYULU
MADIDI peut être mise à contribution et soumise aux débats au cours de ces échanges
qui devraient aboutir à l’adoption consensuelle d’une voie de sortie de crise.
Le Coordonnateur
Jean-Pierre LISANGA BONGANGA avec politiquerdc.net.