De la tentative de report à la convocation des électeurs aux urnes, le scrutin présidentiel sénégalais a failli ne pas se dérouler avant la fin de l’année 2024, n’eût été la « courageuse » décision du conseil constitutionnel ayant anéanti les effets du décret présidentiel.
Avec un léger décalage – soit à peu près un mois – la présidentielle s’est finalement tenue le dimanche 24 mars avant de livrer les indices tendantiels présageant la rupture plutôt que la continuité, ce lundi 25 mars. C’est l’opposant Bassirou Diomaye, 44 ans et candidat antisystème, récemment libéré de la prison de Dakar – une dizaine de jours précisément – qui occupera vraisemblablement le fauteuil présidentiel. Il a été plébiscité par toutes les tendances publiées par le média vainqueur dès le premier tour du scrutin, en témoigne la vague de messages de félicitations lui adressés, notamment par ses rivaux du régime sortant.
En effet , en attendant la proclamation officielle des résultats de cette joute électorale initialement incertaine, le candidat du pouvoir, Mamadou Ba, a reconnu sa défaite, en adressant les félicitations dès le premier tour dans un scrutin prévu à deux tours, à Bassirou Diomaye. En réalité, le potentiel vainqueur rafle près de 57% de suffrages, suivant les tendances après dépouillement de la majeure partie des urnes.
Ancien inspecteur d’impôts, Bassirou Diomaye Faye n’était que le second de son mentor, Ousmane Soko, invalidé.
Saluant d’ores-et-déjà la victoire de son successeur, le président sortant, Macky Sall a déclaré qu’il s’agissait d’une victoire de la démocratie.
« Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant. C’est la victoire de la démocratie sénégalaise », a -t-il réagi sur son compte X ( tweeter).
La victoire de l’opposition à la présidentielle sénégalaise ne semblait être balisée par le président sortant lui-même, au regard, notamment des tergiversations et controverses qui ont été créées depuis quelques mois. Avec un bilan encourageant au sommet de l’État depuis une dizaine d’années, Macky Sall avait pourtant des arguments et la possibilité de préparer la relève du pouvoir dans son camp. Malheureusement, estiment les observateurs, l’homme se serait tiré lui-même une balle dans ses pieds, par des manœuvres politiciennes tendant à embarquer l’opposition dans un dialogue pour espérer grignoter quelques mois de glissement de son mandat. Mais pour faire quoi encore ? Toutes ces manœuvres ont visiblement semé le doute au sein de l’opinion sénégalaise, mettant en cause la qualité de démocrate de Macky Sall. Et comme stipule un dicton : « tout se paie ici bas », Macky Sall aura payé de sa propre turpitude. Et bien qu’ayant félicité son prochain successeur, le président sortant aura-t-il la tâche facile après tous les traitements degradants infligés, parfois injustement à l’opposition sénégalaise, qui lui succédera officiellement bientôt à la tête du pays ?
En tout cas , le peuple africain en général et sénégalais en particulier attend avec beaucoup d’impatience d’expérimenter la gouvernance du nouveau régime, issu de l’opposition…
Jean K. Minga