Fils de l’opposant historique, personne n’aurait jamais cru que Felix Tshisekedi pouvait s’écarter de la ligne politique de celui dont il est doublement héritier.
Son mariage politique avec Joseph Kabila – son prédécesseur – a été décrié par l’opinion majoritaire, au plan national qu’international, le jour même que l’alliance a été rendue publique, après son passage à Kingakati, dans la ferme privée du président honoraire.
Tout aurait été négocié secrètement et longtemps avant son désengagement de l’accord de Genève qui avait débouché à la désignation du candidat commun de l’opposition à la dernière présidentielle de décembre 2018. L’argument de la volonté de la base n’était qu’un vaste prétexte pour flouer les nigauds.
Immédiatement après, les analystes sérieux avaient prédit la suite tumultueuse de cette alliance contre nature, quelle que serait la durée.
Il convient de rappeler qu’à Genève, Félix avait – à l’instar de ses pairs qu’étaient Jean-Pierre Bemba Gombo, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito, Freddy Matungulu et son « frère de l’église » Martin Fayulu – signé un engagement personnel. Celui-ci contenait un paragraphe stipulant que tout leader qui s’ecarterait dudit engagement/accord signerait lui-même sa « mort » politique. N’empêche, il a ravalé son crachat en retirant sa signature, suivi telle une ombre de Vital Kamerrhe, son allié.
Félix-Antoine Tshisekedi :un pouvoir sous constipation ?
D’aucuns sont d’avis aujourd’hui que le 5e président de la République Démocratique du Congo est assis sur un fauteuil présidentiel dépouillé des vrais attributs du pouvoir. L’impression qui se dégage est « d’un homme au pouvoir », mais sans « l’effectivité dudit pouvoir »
Au-delà des signes apparents, « il suffit de considérer les différentes sorties médiatiques du président empreintes de promesses irréalisables », souligne un diplomate en poste à Kinshasa.
Effectivement, sur le plan institutionnel, le chef de l’État congolais dispose de peu de marges de manœuvre pour asseoir son pouvoir. Entre temps, il est en quête perpétuelle de légitimité populaire qui aurait dû l’accompagner et espére la construire à travers l’efficacité de ses actions, mais rien ne suit les paroles. Pour le moment, tout porte à croire que Joseph Kabila reste le maître du jeu, de par sa majorité parlementaire dans toutes les assemblées délibérantes et les gouvernorats à travers la quasi totalité des provinces du pays. C’est peu dire que de déclarer que le président Tshisekedi ne peut rien entreprendre sans l’avis favorable de Joseph Kabila.
Du coup, la situation devient donc de plus en plus inconfortable et les espoirs se dégringolent dans les rangs de ceux qui l’ont soutenu , en public ou en privé .
A Kinshasa tout comme à l’arrière-pays, mais également à l’étranger, l’optimisme perd du terrain. Les partisans et les différentes chancelleries étrangères sont de moins en moins convaincus de l’efficacité du président Félix à bouger les lignes, pour se démarquer de son encombrant allié, Joseph Kabila, un partenaire politique visiblement spécialisé dans l’anticipation des évènements.
En effet, le refus du président de la République de se délier de l’accord conclu avec son prédécesseur, ainsi qu’il ressort des résolutions prises à l’issue de la retraite politique organisée par son propre parti politique à Kinshasa et son volte-face sur la question de la dissolution de l’Assemblée nationale, vient de conforter la thèse selon laquelle le pouvoir du président Félix Antoine Tshisekedi est constipé; d’autant qu’il est écartelé entre la tentation de s’incliner à la volonté de ses partisans et partenaires extérieurs d’une part, et le respect de l’accord de Kingakati, d’autre part.
L’évêque Pascal Mukuna – pasteur kabiliste reconverti en Tshisekediste est à compter parmi les partisans déçus, après avoir réalisé l’impuissance du président »Béton » de rompre le mariage avec le camp Kabila.
Par ailleurs, l’annulation de la visite du secrétaire d’État américain, annoncé à Kinshasa pour ce mois de février par le président Félix – Antoine Tshisekedi ressemble – à ne point en douter – à un camouflet diplomatique. Comment peut-il en être autrement quand on sait que M. Pompéo se rendra du Sénégal vers l’Angola – pays voisin – en survolant l’espace aérien congolais, sans s’arrêter ?
En clair, le scepticisme gagne du terrain quant aux capacités du président de la République d’incarner le changement tant voulu par tous.
Toutefois, mieux vaut tard que jamais, dit-on; Félix devrait vite se ressaisir afin d’éviter l’orage même au sein de sa propre famille politique.
Rédaction