10 mai 1997-10mai 2020: 23 ans de collaboration entre l’udps et l’Afdl (Pprd).
23 ans, c’est la durée de l’Alliance entre l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) de feu Étienne Tshisekedi et l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (Afdl) de feu Laurent Désiré Kabila.
Le 10 mai est la date initiale qui marque le jonglage de la politique du parti de la 10e rue Limete qui a souvent roulé pour ses propres intérêts, loin de ceux de la Nation.
Comme le 10 mai 1997, l’histoire s’est répétée pendant la dernière présidentielle, celle du 30 décembre 2018 en RDC.
En effet, alors que les congolais – impatients de mettre fin au régime de Joseph Kabila – symbole de « l’hégémonie rwandaise », de l’insécurité et du génocide à l’Est de la République Démocratique du Congo – avaient choisi la rupture totale, Félix Antoine Tshilombo, à l’image de son feu père en 1997, offrira des béquilles à l’AFDL mutée en PPRD. C’est en fait le 10 mai1997 que Étienne Tshisekedi et son Udps pactiseront avec l’Afdl – le cheval de Troie rwandais – dirigée par le chef rebelle Laurent Désiré Kabila. Pour beaucoup, l’objectif était de faire tomber le Maréchal Mobutu et consacrer ainsi le règne du Rwanda au sein des institutions républicaines du pays. Cette date passe généralement inaperçue dans la mémoire collective de la jeunesse congolaise. Cependant, dans une analyse parvenue à politiquerdc.net, Trésor Matuka – économiste de formation, spécialiste en Entrepreunariat et Gestion, Responsable Administratif et financier de l’ONG humanitaire COE (Centro Orientamento Educativo) – évoque ce passé troublant et méconnu par la jeunesse actuelle.
Pour lui, les décisions prises par l’UDPS en ce matin du 10 mai ont consacré l’hégémonie rwandaise dans notre pays. « Pour son égoïsme du pouvoir, l’UDPS a pris la décision de pactiser avec l’AFDL. Si l’armée du Maréchal Mobutu a donné la victoire aux agresseurs rwandais, Etienne Tshisekedi et son UDPS sont ceux qui lui ont consacré la totale victoire sur le plan politique », pense -t-il.
Ci-dessous son récit des faits.
10 mai 1997: l’udps d’Étienne Tshisekedi pactisa avec la politique de « l’hégémonie rwandaise » au Zaïre (récit historique)
Nous sommes à l’aube du 10 mai 1997. À 200 km de Kinshasa vers Kenge, entre deux rivières la ligne de front est resté immobile malgré la bataille qui oppose les Forces Armées Zaïroises et les rwandais de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération de Laurent Désiré Kabila.
Depuis le 8 mai 1997, à Libreville au Gabon sous l’impulsion de la diplomatie française des négociations sont en cours pour une fin de la guerre à même de laisser une ouverture politique à toutes les forces politiques du pays. Si militairement le Maréchal Mobutu a déjà perdu la guerre, sur le plan politique toutes les forces en présence à ces négociations pouvaient se neutraliser pour participer à une transition qui allait conduire le pays vers des élections démocratiques.
Il fallait activer une issue pacifique au conflit zaïrois de l’époque. Le lit était déjà fait, après des discussions à Washington, Kigali, Pretoria et Paris; les chefs d’États africains réunis à Libreville devrait prendre en compte toute ces discussions pour offrir cet issu pacifique tant attendu par les zaïrois de l’époque et la communauté internationale.
De ces négociations, il était convenu : Le maréchal Mobutu se retirait pour raisons de santé de la présidence de la République du Zaïre, sécurité pour lui et sa famille ainsi que son patrimoine lui était garantie. Monseigneur Monsengwo Pasinya quand à lui conduirait le parlement de la transition, une suggestion du Quay d’Orsay qui a trouvé l’assentiment de toutes les parties prenantes au négociations et les chef d’États d’Afrique centrale présents. Et pour finir l’organisation d’un gouvernement d’union nationale ouvert à tous y compris l’AFDL de Laurent Désiré Kabila.
Adopté à Libreville et enteriné par le Joseph Désiré Mobutu, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social -UDPS d’Etienne Tshisekedi et l’AFDL de Laurent Désiré Kabila, deux protagonistes essentiels s’y opposa. L’UDPS choisi de faire le lit du pouvoir à l’AFDL.
10 mai 1997
À Lubumbashi, dès l’aube, Laurent-Désiré Kabila contestait sans ambage ces résolutions de Libreville. En début de matinée, à Kinshasa, c’était au tour d’Etienne Tshisekedi, personnalité d’opposition, indistincte et mal comprise, mais toujours très populaire dans les quartiers et les cités. Par la voix d’Adrien Phango alors Secrétaire Général de l’UDPS, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social officialisait une propositon de pacte sans équivoque avec le chef rebelle LD Kabila: «Mobutu n’a plus aucun pouvoir. Nous appelons les militaires zaïrois a déposer immédiatement les armes et à renoncer à des pillages suicidaires», avait déclaré Adrien Phango à la presse.
«Le Parlement a perdu sa légimité. L’Udps n’accepte aucun compromis, aucune décision à laquelle il n’a pas participé.Nous dénonçons les diffamations à l’encontre de monsieur Kabila relatives au problème des réfugiés de Kisangani. Un jour prochain, messieurs Tshisekedi et Kabila se retrouveront dans un stade où la foule pleurera de joie.» avait-il conclu.
À la dernière minute, la classe politique congolaise a loupé la chance d’activer une issue pacifique à ce conflit où l’on distinguait très clairement les ambitions du Rwanda qui se cachait derrière cette rébellion de libération. L’UDPS en était consciente mais nourrissait l’ego de diriger avec Laurent Désiré Kabila.
Si sur le plan militaire, c’était pratiquement une victoire pour l’AFDL, sur le plan politique un gouvernement d’union nationale aurait permis à l’époque de stopper nette les ambitions que nourrissait les rwandais. Mais hélas, l’UDPS a toujours voulu jouer son propre jeu sans tenir compte de l’intérêt du peuple qu’il chante tout le temps « le peuple d’abord »
Pas plus tard qu’hier, alors que nous le peuple tout entier s’attendait à une rupture totale avec le système mafieux de l’AFDL qui s’est muée du CPP au FCC en passant par le PPRD, l’AMP et le MP; Félix Antoine Tshilombo est l’homme qui permet encore aujourd’hui que le Rwanda ait encore un mot dans la politique congolaise à travers ses pions disséminés dans les institutions de la République.
Trésor Matuka/ Analyste politique