Sauf changement de calendrier, Air France va reprendre du service et les capitales africaines sont les destinations les plus visées à partir du mois de juin prochain. D’après le programme présenté par cette grande compagnie d’aviation française, Kinshasa , capitale de la RDC devra accueillir son premier vol le 16 juin prochain. Et ce, indépendamment du fait que le pays connaît encore une recrudescence des nouveaux cas presque toutes les 24heures.
La question à se poser est de savoir comment serait-ce possible étant donné que les frontières nationales sont officiellement fermées? Et si la compagnie aérienne française ouvre la voie, pourrait-on refuser l’accès de la RDC à SN Brussels ou à d’autres compagnies?
Il faut noter qu’après avoir subi la loi du Coronavirus, l’Occident sort progressivement et prudemment du confinement dans lequel le virus parti de la Chine l’a condamné.
Chaque pays surveille la courbe des nouveaux cas et le nombre de décès, sans oublier le pourcentage des lits occupés par les patients atteints de cette pandémie.
Et sur la liste noire au niveau international, les États-unis d’Amérique mènent la barque suivis de très loin par la Grande Bretagne puis l’Italie, et la France complète le quator de ce palmarès peu élogieux.
Toutefois, la pandémie a entamé la courbe descendante dans tous ces pays fortement secoués par ce fléau quant au nombre des nouveaux cas, mais l’on redoute la deuxième vague après, le déconfinement. La crainte se justifie d’autant plus qu’en Allemagne et en Corée du sud par exemple, la courbe des nouveaux cas est repartie à la hausse, à peine quelques jours après la levée des mesures de confinement. Les autorités ont été obligées d’imposer le reconfinement de certaines villes.
Quoiqu’il en soit, malgré la levée des mesures de confinement en vigueur dans certains pays européens, les réserves dans quelques domaines de la vie restent d’actualité.
Ainsi, qu’il s’agisse du sport ou de la culture, toutes les activités de grandes affluences ou de contacts, sont encore interdites. Même dans les universités, les examens de fin de l’année auront lieu à distance. Les cafés comme les restaurants restent encore fermés.
C’est dans ce contexte d’incertitude que Air France a annoncé la reprise de ses vols internationaux, surtout vers l’Afrique.
C’est le lieu de s’interroger sur l’opportunité pour la RDC d’ouvrir ses frontières aériennes en provenance des pays qui enregistrent quotidiennement plusieurs dizaines de nouveaux cas,
alors que les vols domestiques ne le sont pas encore.
Certes, l’Afrique est relativement moins touchée que les autres continents, mais elle a été la dernière à être touchée par le Covid-19.
Contrairement aux rumeurs initialement répandues sur l’immunité de la race noire, l’amère vérité sur le nombre des décès dans la communauté noire tant aux États-unis qu’en France ou en Belgique, prouve que le facteur racial est aléatoire.
Taux moins élevé de contamination de Covid-19 en Afrique
Ça aura été une surprise certainement désagréable pour certaines langues qui ont cru imaginer un scénario plus alarmant pour les pays africains*. L’évolution de la situation – du moins jusqu’à ce jour – démontre plutôt une autre réalité.
En effet, si l’Afrique s’en sort mieux que d’autres parties du monde, en dépit des théories alarmistes sur l’hécatombe attendue dès l’arrivée de la pandémie sur le continent, l’explication est à trouver sur 3 facteurs, au moins:
1.l’âge:
La population africaine est essentiellement jeune. 3/4 de la population a moins de 45 ans. Or, d’après les scientifiques, les cibles privilégiées du Coronavirus sont les sexagénaires et au-delà.
2.l’immunité et la médecine traditionnelle.
La population congolaise est habituellement confrontée à la malaria et le réflexe de chacun consiste à se soigner – faute de médicaments modernes – de produits à base de la recette traditionnelle. Traditionnelle ou moderne, la thérapie contre la malaria permet à l’organisme de développer de la résistance sous forme d’anticorps contre le Coronavirus.
3.La chaleur
L’hypothèse de la chaleur est loin de faire l’unanimité entre chercheurs, mais nombreux sont ceux qui soutiennent que le Covid-19 ne résiste pas au-delà de 26°. Or, beaucoup de pays africains enregistrent 30° à 35° de température quotidienne, surtout ceux traversés par l’Équateur.
À côté de ces 3 hypothèses, on ne peut négliger le peu de fiabilité des statistiques dans les pays africains. À part dans les grandes villes, il est difficile d’avoir les chiffres fiables de l’arrière-pays. Ce qui peut fausser les statistiques des cas réellement affectés, des morts, etc.
N’empêche, la pandémie fait encore son chemin, comme en RDC où, tous les cas étaient concentrés sur Kinshasa et progressivement, elle gagne l’intérieur du pays, province après province. On compte actuellement sept provinces déjà affectées et le nombre de cas confirmés s’élève à près de 1200 cas aujourd’hui.
Dans ces conditions, il serait imprudent voire suicidaire d’ajouter un facteur multiplicateur que constituerait l’ouverture des frontières tant aériennes que terrestres ou maritimes.
Faut-il rappeler qu’en dépit de la maîtrise de la Pandémie en Chine, l’Occident rechigne encore de renouer les vols vers « l’Empire du Milieu »?
Les autorités congolaises ne doivent pas privilégier ou se soumettre à l’agenda des pays tiers au détriment de la santé des congolais. Le principe de précaution exige la stricte évaluation de la situation sanitaire provoquée par le Covid-19 avant la levée graduelle des mesures préventives y relatives.
Si malgré tout, la décision d’ouverture de nos frontières aériennes serait de mise, il faudra alors réduire le nombre de vols et surtout prévoir la mise en quarantaine des passagers qui débarquent en RDC. Autrement, le sacrifice consenti par les congolais aura été vain!
Tribune de Jean K. Minga