« Il faut que l’homme politique congolais quitte le rang de militantisme politique au service des intérêts partisans pour devenir un homme d’État au service de l’intérêt général et du bien-être commun pour marquer son époque à l’instar de Patrice Emery Lumuba et nos pères de l’indépendance », a écrit le philosophe et analyste politique François Ndjeka.
Dans une tribune parvenue à politiquerdc.net, ce mardi 30 juin 2020 , à l’occasion de la célébration du 60eme anniversaire de l’accession de la RDC à l’indépendance, ce fils de Otshumbe, François Ndjeka analyse à haute voix et n’épargne personne.
Ci-dessous l’intégralité de sa tribune.
L’HOMME POLITIQUE CONGOLAIS EST UN PARTISAN : C’EST LE PLUS GRAND MALHEUR DE LA RDC !
L’homme politique congolais n’est pas un homme d’Etat, c’est-à-dire un homme qui est au service de l’intérêt général !
Il est plutôt un partisan, c’est-à-dire quelqu’un qui est au service d’un intérêt particulier ou corporatiste.
Voilà qui lui enlève tout l’auréole qu’il aurait pu jouir s’il était resté sur la ligne tracée par les Lumumba, les Adoula et les autres dont le comportement fait d’abnegation et de dévouement pour la Cause nationale a marqué l’histoire de notre pays.
Regardez un ministre actuel, un député ou un sénateur ou encore un mandataire public : que voyez-vous en lui ? Que ou qui représente-il ? Son parti, son autorité morale, sa tribu, si pas son patelin (village).
Rarement un idéal, une vision !
Dans ces conditions, peut-on espérer développer ce pays qui était appelé à un destin de grandeur ?
L’histoire récente de ce pays est dominée par une succession des crises politiques qui sont le fait des acteurs politiques motivés essentiellement par le désir de s’aménager des espaces politiques qui leur garantiront des lendemains enchanteurs.
Par mimétisme, les jeunes générations ont voulu ou veulent encore faire mieux que leurs aînés. Ce que les vieux allaient chantant, les jeunes y vont fredonnant !
L’idéal majeur pour eux devient une course effrénée vers la mangeoire. Les valeurs, qu’elles soient morales ou éthiques ou simplement civiques ou terrestres sont littéralement piétinées.
Observez les postures de vos premiers ministres, vos ministres et autres dirigeants politiques. Ce sont des postures partisanes avec des peroraisons tonitruantes en faveur de leurs partis ou regroupements politiques. Aucun gêne, aucune élévation, aucune hauteur !
Ce sont des postures adoptées pour le besoin de la cause ou pour la cause du besoin !
Lorsqu’on n’est plus dégoûté par ce qui est dégoûtant, c’est qu’on n’est plus loin d’atteindre le degré zéro de toute humanité !
Mais il existe dans ce pays des intellectuels de haut vol jouissant d’une solide probité morale et qui se tiennent à l’écart.
Quand fera-t-on appel à eux pour leur confier le destin de ce grand et beau pays ?
J’ai tenu à réfléchir à haute voix en ce jour où nous célébrons le soixantième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. C’est l’expression d’un ras-le-bol intérieur devant tant de laideurs affichées dans ce pays qui s’est auto-nommé » démocratique » avant de l’être !
Kinshasa, le 30 Juin 2020
François Ndjeka
Philosophe.