En politique, les alliances se font et se défont au gré des intérêts.
En RDC plus qu’ailleurs, les convictions viennent après les privilèges dans la prise des décisions des acteurs politiques. Ainsi, les lignes bougent à tout vent. Cette versatilité est souvent couverte par la formule souvent utilisée par les situationnistes: « la politique est dynamique ». C’est à se demander si la constance idéologique qui fonde le rapprochement entre partis politiques pour les alliances stables existe encore pour l’intérêt de la république ?
Les médias en parlent et les QG politiques ont du mal à le cacher. La question du dialogue se trouve dans toutes lèvres, au nom de la paix et de l’inclusivité. Il y a nécessité de redonner au pays un bon départ démocratique. Les dialogues et accords issus des guerres de 1997 à 2001 ont été bafoués par la série des élections organisées sous le régime de Joseph Kabila.
En effet, et comme si cela ne suffisait pas, le régime afdelien tient mordicus à caporaliser la Commission Électorale Nationale Indépendante, en y plaçant Ronsard Malonda, l’un des artisans des hold-up électoraux depuis les élections de 2006.
Dès lors, une reconfiguration de la scène politique congolaise devient impérieuse, car l’engrenage de la coalition au pouvoir s’est grippé. Un réaménagement du pouvoir de Félix Antoine Tshisekedi voire un remue-ménage institutionnel profond s’impose en RDC. Il faut des réformes institutionnelles sérieuses et profondes pour espérer remettre le pays sur le rail d’une vraie démocratie.
Si pour une opinion majoritaire, le dialogue devrait aboutir à une dépolitisation de la Commission Électorale Nationale Indépendante , la réforme de la loi électorale au nom de l’inclusivité, une autre partie estime qu’il y a nécessité de la dissolution conjugale de la coalition FCC-CACH, car l’union est incestueuse. Il est vrai, le président Félix Tshisekedi a eu la bénédiction de l’ancien président pour son accession à la magistrature suprême, mais le Front Commun pour le Congo et ses caciques lui tendent une facture salée qui ruine sa gouvernance.
En conséquence, une nouvelle configuration de la scène politique – des nouvelles alliances, s’entend – s’imposer à lui pour qu’il espère atterrir en douceur en 2023 avant d’espérer briguer un second mandat.
Dans cette hypothèse de rupture, Lamuka – son ancien allié – bien que réticent semble disponible. L’ AFDC-A de Bahati Lukwembo lui est acquise, tout comme certains ténors du FCC, par patriotisme ou opportunisme, semblent aussi prêts à quitter le navire. c’est le président Félix qui a le sceau de la République après tout et c’est lui qui est lié par un deal avec le patron, Joseph Kabila : qui sait vraiment ce qu’ils se disent ?
Dans tout ça, où ira l’Union pour la Nation Congolaise ? Vital Kamerhe devra faire le bon choix d’une nouvelle alliance. Il revient alors au pseudo faiseur des Rois, le surnommé Kamerhéon (caméléon) de savoir sur quel terrain jouer!
Terré au fond de sa cellule à Makala, le pacificateur – comme on le surnomme – a reçu des visites de Néhemie Mwilanya, le bras séculier de Joseph Kabila, l’abbé Donatien Nshole de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), la puissante organisation qui regroupe les évêques catholiques de toute la République.
Pour qui Vital Kamerhe devra-t-il jouer? Et à quel prix ?
Le patron de l’UNC, VK – comme ses partisans l’appellent – a incontestablement un rôle à jouer et pas le moindre sur la carte de la reconfiguration de la scène politique qui s’impose désormais à Félix Antoine Tshisekedi. La question reste cependant de savoir pour quelle équipe jouera-t-il et celà à quel prix ?
Peu importe l’équipe de son choix, VK ne devrait en aucun cas jouer pour Félix Antoine Tshisekedi ou pour le FCC de Joseph Kabila au prix de sa liberté. Sauf le miracle politique de dernière minute, exiger de dialoguer en homme libre avec ses compères politiques serait déjà perdu d’avance. Le peuple congolais épris d’amour d’un réel état de droit, ne désire que de voir tous ceux qui pillent le pays croupir dans les prisons de la République si la colère n’exige pas leur pendaison. Et la prison Centrale de Makala semble plutôt être un lieu clément pour certains détenus à l’image de Vital Kamerhe, estiment certains kinois.
Seul Félix Antoine Tshisekedi détient le pouvoir constitutionnel de grâce présidentielle et la justice n’offre aucun espoir de sortie au Directeur de cabinet du chef de l’Etat, en tout cas pour maintenant même si l’affaire va être réexaminé au second degré, à la cour d’appel.
En attendant, VK devrait renoncer de poursuivre ses intérêts privés pour servir le camp de la patrie, le camp qui veut réellement un avènement démocratique en RDC où les principes établis sont les seuls arbitres
de la vie politique et du devenir de chaque politicien congolais sans parti pris : un état de droit. Même si son séjour à Makala n’augure pas l’avènement d’un état de droit.
Et d’aucuns pensent que pour le moment, l’alliance de l’Union pour la nation congolaise avec l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social – le parti cher à Félix Antoine Tshisekedi – héritage paternel, reste encore vital à Vital Kamerhe. Et cela sans exigence d’une liberté aussi provisoire pourrait-elle être. Contre certains bien acquis peut-être et la liberté de sa famille.
Pour une fois, le caméléon ne devra pas changer de couleur par rapport à la coloration prochaine de la scène politique congolaise. Kamerhéon n’est pas pour autant coincé, mais devra survivre au prix de sa fidélité à la plateforme CACH, il a tellement changé de couleurs que ses propres erreurs l’ont emporté sous la semelle d’un pseudo État de droit en cours d’instauration en République Démocratique du Congo.
Alain St. Bwembia